Depuis le désamour entre Paris et Bamako parti du discours historique du 25 septembre 2021 du Premier Ministre malien Dr Choguel Kokalla Maïga et la volonté des Autorités de la Transition de diversifier leur partenariat avec la Russie, tous les moyens sont mis en œuvre par la France, chassée et humiliée, pour déstabiliser le Mali. A cet effet, elle trouvera malheureusement aides et appuis nécessaires auprès de certains dirigeants africains conspirateurs et laudateurs dont certains de l’espace Cedeao Uémoa, qui avaient répondu favorablement à l’Elysée, par des sanctions politiques, économiques et financières, infligées pendant sept mois au Mali afin de l’asphyxier, faire souffrir et faire révolter sa population contre les Autorités de la Transition dont l’objectif était de faire tomber celles-ci dans l’abjection.
Mais c’était sans compter sur le patriotisme des maliens dont le nationalisme ne fait l’ombre d’aucun doute. C’est dans cette situation de vives tensions diplomatiques entre Bamako et Paris, que les militaires français quittent la base de Gossi le 19 avril 2022, puis celle de Ménaka le 13 juin 2022. Le 1er juillet, Paris annonce la fin de l’opération Takuba. Depuis, le Président Bazoum du Niger et son Ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération, Hassoumi Massoudou, les contempteurs, ne ratent aucune occasion pour tacler les 5 Colonels de la Transition qu’ils qualifient d’officiers de bureaux climatisés, ignorant que le Colonel Assimi Goïta et ses camarades, sont les rares militaires ayant combattu des années durant, les terroristes au Nord du Mali où ils avaient été faits prisonniers par ces terroristes.
Fervent défenseur des intérêts de la France, Bazoum voulant d’avantage enfoncer le clou, dira lors de la réunion des cadres de son pays le 25 février 2022 que, le Nord du Mali dans sa totalité, tomberait sous la domination terroriste, une fois que la force Barkhane et ses alliés, auront quitté cette partie du Mali où un vide serait créé au profit de ces organisations terroristes.C’est en réponse à cette situation, qu’il dit d’ailleurs, être favorable à l’accueil et à l’installation d’unités des forces Barkhanes en territoire nigérien et ce, malgré la protestation des partis politiques de l’opposition et de la société civile au Niger.
Pourquoi le Président Bazoum s’inquiète-il plus que les maliens eux-mêmes, dans la sécurisation des régions du Nord et du Centre de leur pays ? N’est-il pas en mission au profit d’un plan funeste d’embrigadement et de déstabilisation du Mali, porté par la France ? Ou, paie-t-il à la France, la contrepartie des dividendes de son élection lors du scrutin du 21 février 2021 ? Par ses manœuvres, Bazoum ne risque-t-il pas de galvauder ce bel exemple de coopération qui existe entre le Niger et le Mali depuis les premières heures de l’indépendance de nos deux pays ?
Contre les confessions de Bazoum, le départ définitif du Mali, des forces françaises Barkhanes et alliées, s’est enfin confirmé le 15 août 2022, avec le retrait de leur tout dernier contingent, mettant fin, aux opérations militaires anti-djihadistes de ces forces étrangères au Mali. Nous sommes aujourd’hui, à plus de vingt jours de ce retrait, la profession de foi du Président Bazoum sur le vide au Nord du Mali, peine à se réaliser. Ainsi, comme le présageait le Premier Ministre Dr Choguel Kokalla Maïga, interviewé le 23 février 2022 par le journaliste Alain Foka, toutes les bases militaires (Gossi, Kidal, Ménaka, Gao, etc.), rétrocédées par Barkhane, ont été immédiatement occupées par les forces armées et de sécurité du Mali qui montent en puissance sur tous les fronts de combats, avec des succès évidents contre les terroristes dont les attaques ont baissé à plus de 80%. Les contre-offensives des FAMA s’y sont beaucoup intensifiées depuis les attaques complexes et meurtrières des terroristes contre la ville martyre de Tessit le 07 août.
Ces éclatants succès de nos FAMAs qui ne donnent aucune chance de répit aux terroristes qui subissent régulièrement de lourdes pertes, traduisent sans doute, la fin annoncée de l’hégémonie néocoloniale française et font véritablement des jaloux au sein de la Communauté internationale, y compris l’union européenne. C’est dans cette foulée que la Ministre allemande des Affaires Etrangères Annalena Baerbock, lors d’un point de presse au sujet de la présence russe au Mali,dira, « …nous ne pouvons pas laisser le Mali à la Russie…Nous faisons tout, ensemble, pour minimiser les effets de cette présence… ». Comme si le Mali est sa « chose privée ».
Or le Mali, faut-il le rappeler, appartient aux seuls maliens qui en feront ce qu’ils en voudront. Aucun pays, si puissant soit-il, ne viendra décider à la place des maliens très attachés à leur Patrie. Que la communauté internationale comprenne aussi que le Mali n’est plus une vache laitière dont elle s’est servie des décennies durant. Le Mali en chassant et en humiliant la France, ouvre ainsi au reste de l’Afrique, la voie qui mène à la libération et à la vraie indépendance tant attendues.
Malheureusement, ces derniers jours, cette situation de ni paix, ni guerre au Nord du Mali, est mise à profit par la France et ses conspirateurs chefs d’Etat africains au service de l’Elysée, qui s’attèlent à galvaniser les ardeurs des irrédentistes touaregs à se faire entendre pour une fois encore, afin de réclamer la partition du Mali en vue de la création de leur Etat fantôme, l’Azawad. C’est cette promesse du marché de dupe faite par la France et à laquelle tiennent fort, les ex-rebelles du Nord, qui a toujours motivé l’organisation par ces derniers, des séries de congrès dont celui du lundi 29 août 2022, marqué comme d’habitude, par des discours de va-t-en guerre, au ton belliqueux.
Saisissant cette occasion, les congressistes de la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA), décident de fusionner les différentes forces politico-militaires de l’Azawad, en une seule entité. Quelles sont les motivations réelles d’une telle fusion ? Pourquoi maintenant ? La France n’est-elle pas en train de tirer sur la ficelle afin de créer un nouveau foyer de tensions au Nord du Mali, pour se venger par la suite ? N’est-ce pas une énième provocation de la CMA ? Voilà un paquet d’interrogations que se posent aujourd’hui, les patriotes maliens.
C’est face à tous ces agissements de la France, auxquels s’ajoute sa responsabilité dans les attaques meurtrières de Tessit, que le Ministre malien des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale, son Excellence Abdoulaye Diop, l’homme qui n’a pas une langue de bois, a déposé au nom du Mali, le 17 août 2022, une plainte bien détaillée, contre la France au Conseil de Sécurité de l’ONU. Par cette action, les Autorités de la Transition veulent montrer à la face du monde, que c’est la France qui arme, renseigne et accompagne les terroristes sur le terrain. Ce qui justifie bien, que le terrorisme au Sahel est une invention de la France.
Cette dernière, sûre de son influence et de sa force au sein du cadre très restreint du Conseil de Sécurité de l’ONU, fait trainer la procédure de la plainte du Mali, pour faire gagner du temps ou pour donner de la chance à la médiation. C’est ainsi qu’un Chef d’Etat africain, Macky Sall du Sénégal, non moins Président en exercice de l’Union Africaine (UA), propose sa médiation dans cette affaire si complexe et si embarrassante pour la France. La démarche voulue par Sall, est malheureusement vue de mauvais œil par bon nombre de maliens qui veulent savoir la vérité. Ils critiquent très sévèrement par réseaux sociaux interposés, cette posture du Président Sall qu’ils qualifient de démagogue, d’hypocrite et d’opportuniste, à la solde de la France.
Sinon, pourquoi Sall, Président de l’UA et son Secrétaire Général Moussa Faki Mahamat, n’ont-ils pas pris l’initiative de convoquer une réunion d’urgence au sein de cette institution panafricaine, pour apporter le soutien de l’Afrique entière au Mali au nom de la solidarité africaine ? Alors qu’au même moment et pour la même cause, c’est toute l’Union Européenne qui est derrière la France dont l’image au Mali se trouve désormais écornée, ses intérêts menacés, son honneur et sa dignité ébranlés par la fin de son hégémonie du fait de sa posture néo-colonialiste et paternaliste.
Pire, au Mali, c’est le mutisme total et l’indifférence des formations politiques et des organisations de la société civile, qui n’ont à ce jour, ni condamné les attaques de Tessit qui ont entrainé la mort de nos 42 vaillants soldats, encore moinsapporté leurs soutiens aux Autorités de la Transition et à nos Forces armées et de sécurité, pour leurs ultimes sacrifices lors de la bataille historique de Tessit. Sauf que, à quelques exceptions près, le Collectif de Défense des Militaires (CDM), le Mouvement « Yéréwolo » Débout sur les Remparts, le M5RFP, la FORSAT-Civile, ont eu à dénoncer avec véhémence, la forfaiture de la France et saluer la mémoire des combattants morts pour la Patrie. Ce qui fait dire qu’au Mali, en politique il n’y a ni éthique, ni conviction, ni vision.
Cependant, il faut se garder à l’esprit que, la seule chose qui s’impose comme une dette à tous les maliens, c’est « l’union sacrée » autour de nos Autorités et de nos FAMAs afin que le terrorisme soit complètement bouté hors de nos frontières. La lutte que nous menons depuis le 18 août 2020, répond à cet objectif, contre les funestes plans de tentatives de déstabilisation de la Communauté Internationale contre le Mali.
Dr. Allaye GARANGO, enseignant chercheur-Ensup/ Bamako (Mali)