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Interpellation de Moustapha Ben Barka à Paris : La France s’est-elle moquée du Mali en le relâchant 24 heures après ?
Publié le mercredi 14 septembre 2022  |  Nouveau Réveil
Cérémonie
© aBamako.com par mouhamar
Cérémonie de remise des équipements informatiques aux structures impliquées dans la gestion et la délivrance du permis de construire
Bamako, le 07 juillet 2014 au gouvernorat du district. Le ministre de l`Industrie et Promotion des investissements : M. Moustapha Ben Barka a présidé ce lundi la cérémonie de remise des équipements informatiques aux structures impliquées dans la gestion et la délivrance du permis de construire.
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En partance pour une mission à Séoul (Corée du sud), notre compatriote Moustapha Ben Barka, vice-président de la Banque Ouest-Africaine de Développement et non moins ancien ministre et ancien secrétaire général de la présidence, a été brièvement interpelé le lundi, 12 septembre, à son escale à l’aéroport Charles De Gaulle à Paris. Il a été relâché le lendemain mardi et a pu reprendre son chemin. Ce qui a vite pris l’allure de la grosse nouvelle du Mali pour les Maliens n’aura été finalement qu’une tempête dans un verre d’eau. Mais la chronique reprend des détails importants.

Les choses se sont passées dans les règles de l’art, du moins au début. Des membres de la Police aux Frontières (PAF) ont cueilli Moustapha Ben Barka à sa sortie d’avion à l’aéroport Paris-Charles de Gaulle après avoir vérifié son identité. Une fois dans leurs locaux, ils lui ont signifié qu’Interpol a émis une notice rouge à son encontre à la demande de la justice malienne dans le cadre de l’affaire de l’acquisition de l’avion présidentiel sous le régime d’IBK (2013-2020) durant lequel Ben Barka a exercé les fonctions de ministre de la promotion des investissements, des petites et moyennes entreprises et de secrétaire général de la présidence. Après 24 heures de garde à vue dans les locaux de la PAF, la justice française a signifié à l’intéressé qu’elle estimait que le dossier le concernant était « politique » et qu’elle n’y donnerait pas suite. En clair, la justice française n’entend pas exécuter le mandat d’arrêt international émis par le Mali contre un de ses ressortissants malgré la notice rouge d’Interpol concernant ce dernier. C’est, ni plus ni moins, un pied de nez de l’Hexagone au Mali, Paris se moquant de Bamako.

Pourquoi l’hexagone veut-il se moquer du Mali ?

Plusieurs raisons expliquent ce déni de justice de la France. Elle entretient des relations orageuses avec le Mali, qui se sont tendues au fil du temps durant les deux dernières années et dont rien n’indique à présent que celles-ci se décrisperont sitôt. Qu’à cela ne tienne, Moustapha Ben Barka n’est pas que Malien, il dispose d’au moins quatre nationalités : malienne, française, canadienne et marocaine. Il est donc un citoyen français que la France ne voudra pas extrader vers le Mali. Il est néanmoins un citoyen du monde, d’où le mandat d’arrêt bien international émis à son encontre par la justice malienne, lequel doit être exécuté par Interpol. La Cour Suprême veut l’auditionner pour plusieurs motifs, notamment parce qu’il apparaît comme le cerveau de l’achat de l’avion présidentiel avec le bras droit de l’homme d’affaires corse Michel Tomi, ce dernier ayant la sulfureuse réputation d’être le grand ami en affaires de feu le président Ibrahim Boubacar Keïta, qui a aussi la nationalité française. Il s’y ajoute, vrai ou faux, que Ben Barka est soupçonné aussi d’être mêlé à des opérations de blanchiment d’argent. Ce qui est évident, c’est que si le personnage a fait des transactions sur des sommes importantes qui soient arrivées en France ou même passées par la France, il va en répondre devant la justice française pour des infractions présumées de blanchiment d’argent et de grand banditisme. Tout cela peut être perçu comme une affaire franco-française.

Mais il y a un dossier ancien au parquet financier de Nanterre (France) sur les dirigeants maliens de l’époque du Président Keïta pour des transactions financières suspectes. La justice française dit que le dossier pour lequel Ben Barka a été brièvement interpelé le lundi dernier est politique alors queSoumeylou Boubèye Maïga, également ancien ministre et ancien Premier ministre du Mali, avait eu à passer 48 heures en garde à vue à Nanterre pour ce dossier dans lequel Ben Barka est bien cité. Comme pour SBM, l’interpellation du lundi porte sur une information judiciaire. Le but n’était donc pas l’incarcération, du moment que l’intéressé ne présente aucun danger pour la société. Mais, s’il avait été établi qu’il n’a pas fait introduire des flux financiers illicites en France, le dossier aurait été classé sans suite comme ce fut pour SBM. Mais s’il y avait eu des faits avérés de flux financiers illicites, il y aurait un procès, il n’aurait pas été non plus incarcéré avant le jugement où il aurait comparu libre. Mais la justice française semble bien s’être débinée en évoquant le dossier politique.

Rôle crucial dans de nombreuses affaires scabreuses au sommet de l’Etat

Malgré tout, Moustapha Ben Barka ne sort pas totalement indemne. Il est projeté devant l’actualité et son cas sera désormais à longueur de temps disséqué. Neveu du président Ibrahim Boubacar Keïta, il a été mêlé à beaucoup de choses. Ministre chargé de la promotion des investissements, son rôle dans de nombreuses affaires scabreuses au sommet de l’Etat sera scruté à la loupe. Or, le règne d’IBK apparaît comme celui de gangsters d’un clan familial avec leurs ramifications qui ont pris le Mali sous leurs seules aisselles. La famille présidentielle avait en effet fait main basse sur les ressources du pays. Les gosses(Karim, Moustapha Ben Barka…) avaient préparé la succession d’IBK. En piochant sans retenue dans les fonds sacrés destinés à sauver le Mali, ils croyaient s’installer à perpétuelle demeure à la tête du pays. Deux gros scandales suffisent à illustrer le cartel criminel qu’ils avaient constitué : la LOPM (Loi d’orientation et de programmation militaire (2015-2019), soit 1230 milliards FCFA) et la LOSC (Loi d’orientation et de programmation pour la sécurité intérieure (2017-2021), soit 446 milliards FCFA). Au sommet de l’Etat, c’était, plus du vol organisé, du siphonage budgétaire. S’il n’y avait pas eu l’intervention de l’armée le 18 août 2020 pour mettre fin à tant de crimes économiques et financiers, c’est le Mali qui aurait été définitivement sacrifié sur l’autel des ambitions démesurées de ceux qui le tenaient sous leurs rênes courtes et capricieuses. Dieu merci, qui qui nous a sauvés en nous débarrassant de ces médiocres méchants et immoraux énergumènes qui voulaient asservir le peuple malienpar le vol des deniers publics.

Il y autre chose qui taraude les esprits. Pourquoi Moustapha Ben Barka, recherché par la justice malienne occupe-t-il toujours un poste officiel attribué au Mali ? Il faut rappeler que Ben Barka a remplacé Bassary Touré, ancien ministre des Finances du Mali, au poste de vice-président de la Banque Ouest-Africaine de Développement. Selon plusieurs sources concordantes, c’est Alassane Dramane Ouattara, l’ennemi irréductible du Mali, qui bloque par des manœuvres sulfureuses répétées la nomination d’un autre Malien à la place du bandit fugitif, délinquant à col blanc.

Malick Tandjigora

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