Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Annonces    Femmes    Nécrologie    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Politique
Article
Politique

Menace sur la campagne agricole au Mali : Le Ministre du Développement rural attribue un marché de gré à gré de 17 milliards FCFA à ses proches : de l’engrais subventionnés introuvables et un risque de famine en zone Office du Niger
Publié le mercredi 14 septembre 2022  |  Nouveau Réveil
Cérémonie
© aBamako.com par Dr
Cérémonie de lancement du projet pour la promotion d`une agriculture axée sur le marché à travers l`extension de l`approche SHEP
Bamako, le 30 août 2022. Le ministre du Développement rural a procédé au lancement du projet pour la promotion d`une agriculture axée sur le marché à travers l`extension de l`approche Smallholder Horticulture Empowerment and Promotion (SHEP). C`était dans la salle de réunion de son département
Comment


La campagne agricole humide 2022-2023 bat sont plein. Mais elle est sérieusement menacée faute d’engrais minéraux subventionnés.

À l’origine de cette situation, le goût effréné du lucre du ministre du Modibo Keita, en charge du département du Développement rural, qui compte tenu de l’urgence, a profité d’une dérogation spéciale à la procédure de passation du marché, pour signer des conventions, par entente directe ou de gré à gré, entre son département et des nouveaux fournisseurs proches à lui, qui n’ont ni la capacité financière ni matérielle pour exécuter de tel marché. Le montant de la subvention s’élève à 17 milliards FCFA, destiné à l’achat des engrais chimiques, organiques et des semences de maïs hybride.

Décidément, le ministre Modibo Keita a délibérément ignoré les vrais acteurs du domaine au Mali, tels que les géants en engrais dont Togouna Agro Industrie, Gnoumani Sa de l’honorable Diadié Bah du CNT et DPA de Barema Doucouré de Ségou. Face à ce scandale, le collectif des organisations paysannes de l’Office du Niger, a saisi le Président de la transition, le Colonel Assimi Goïta pour dénoncer les agissements du ministre Modibo Keita, qui est à la base du sabotage de la campagne agricole.

En zone Office du Niger, ceux qui ont l’engrais, n’ont pas la subvention de l’État ! Et ceux qui ont la subvention, n’ont pas d’intrants agricoles ! Et les pauvres paysans n’ont d’autre choix que de se balader avec leur reçu de caution ou d’acheter l’engrais aux prix du marché qui oscillent entre 40 000F et 45 000F CFA par sac de 50 kg.

Face à cette situation, on peut se poser des questions : à quoi sert la subvention de l’État accordée aux pauvres exploitants agricoles du Mali ? Quelle sanction faut-il s’attendre de la part de l’État, face à un tel acte de sabotage, d’une si belle initiative pour soutenir les braves paysans ?

En tout cas, les fournisseurs supposés proches du ministre Keita, retenus pour la fourniture des engrais minéraux subventionnés au titre de la campagne en cours, sont toujours à Bamako, en espérant trouvés des sous traitants pour leurs conventions, alors que la campagne agricole tend vers sa fin.

Rappel des faits

Le gouvernement du Mali, au titre de la campagne agricole 2022 a décidé de subventionner les intrants agricoles. Cette initiative vise à soutenir les exploitants agricoles familiaux à contribuer à l’atteinte de la sécurité alimentaire et nutritionnelle et à l’augmentation des revenus des paysans. Du coup, un budget de 17 milliards FCFA a été alloué au ministère du Développement rural pour l’achat des engrais et une partie pour l’achat de semences de maïs hybride.

C’est ainsi qu’un avis de manifestions d’intérêt a été lancé. Suite à cet avis, 46 fournisseurs ont manifesté un intérêt pour le marché. Sur ce lot, 16 ont été retenus au départ par le ministre de l’Économie et des Finances pour fixation de prix.

Face à des contraintes de temps liées à l’installation rapide de la saison des pluies, le Ministre Modibo Keita a demandé au ministre de l’Économie et des Finances, Alfousseny Sanou, une dérogation à la procédure de passation du marché, conformément au code du marché public. Toute chose que le ministre Sanou a accordé, en bonne et due forme. Profitant de ce caractère d’urgence, au lieu de reconduire des fournisseurs habituels dont Togouna, Gnoumani-Sa ou DPA pour ravitailler, en temps réel, les paysans en intrants agricoles subventionnés, le ministre signe la convention avec six nouveaux fournisseurs dont la plupart n’ont pas d’adresse fixe et aucun moyen financier ou matériel pour exécuter ce genre de marché.

C’est dans cette dynamique, que les sociétés : Ely KO2 a eu une quantité de 1.300 tonnes d’engrais ; Helium Investment Ltd de Ousmane Keita a reçu 2.500 tonnes d’engrais à importer ; Toya Agro Business a eu la part du lion avec 2.900 tonnes ; ARP-Mali a eu 566 tonnes ; Agri Food a obtenu 706 tonnes et 1.500 tonnes sont revienus à la société Niane. Et le hic qui titille, c’est qu’aucune de ses sociétés n’est connue en zone Office du Niger par les paysans comme étant des fournisseurs d’engrais à part KO2 de Ely Diarra qui malheureusement, est une société qui n’a pas une bonne réputation auprès des producteurs de la zone. Car soupçonnée de s’enrichir sur le dos des exploitants sinistrés, en payant des autorisations d’achat d’engrais subventionnés à 1.500 F CFA sans fournir d’engrais, selon le syndicat des organisations paysannes. Le syndicat des paysans va plus loin, en dénonçant au ministre Modibo cette magouille de la société KO2. C’était le 13 janvier 2021 à travers une correspondance. Malgré cette mise en garde des paysans, cette société figure sur la liste des fournisseurs retenus.

Les paysans de Niono écrivent au Président Assimi….

Face à cette situation de rupture d’approvisionnement des cultivateurs en engrais subventionnés et le risque qui pèse sur la campagne en cours, le collectif des organisations paysannes de l’Office du Niger s’est réuni le 13 août dernier, à Niono pour lancer une alerte.

À l’issue de cette rencontre, les faîtières paysannes, ont décidé d’adresser une correspondance au Président de la Transition, le Colonel Assimi Goita, non moins président du Conseil Supérieur de l’Agriculture pour dénoncer le sabotage de leur ministre de tutelle et sa responsabilité dans l’échec de la campagne agricole 2022-2023 en zone Office du Niger.

En outre, le collectif des syndicats déplore le manque de cadre dialogue avec le ministre et son mépris à leurs égards.

Il ressort de cette lettre de dénonciation, adressée au président de la transition les constats suivants :

Parmi les six fournisseurs retenus, un seul a pu être opérationnel en occurrence la société KO2, mais ne dispose pas de stock suffisant pour satisfaire les besoins des producteurs. Et les cinq autres fournisseurs sont sans adresse fixe et ne sont pas connus comme des fournisseurs d’engrais en zone Office du Niger.

Mieux, au nombre des six sociétés retenues par le ministre Modibo Keita, la société Toya Agro Business fait des affaires de caution au vu et au su de tout le monde. Elle perçoit l’argent des pauvres paysans sans livrer la moindre quantité d’engrais, précise la lettre.

Au même moment, les fournisseurs non retenus comme Gnoumani SA, Togouna agro industrie et autres sont en train d’approvisionner le marché et les paysans sont obligés de payer aux prix du marché avec son corollaire d’augmentions du coût de production de riz.

Avec la subvention, le paysan achète le sac d’engrais de 50 kg d’urée à 12.500 F CFA et l’État paye le reste soit 21.250 F CFA comme subvention. Par la faute des fournisseurs retenus et l’amateurisme du ministre, les paysans sont obligés de débourser plus de 40.000 pour avoir un seul sac d’engrais. Cette méthode du ministre Modibo Keita est devenue de nos jours un véritable casse-tête chinois pour les producteurs, qui ne savent plus à quel saint se vouer.

Pour sauver cette campagne agricole du naufrage, c’est au président Assimi d’intervenir sans délai. Sans quoi, le prix du riz va prendre encore de l’ascenseur. Si en plus de l’insécurité, la famine s’y ajoute, cette année sera pénible en zone Office du Niger.

Youssouf Konaré

Commentaires