L’ilot 108 dont il s’agit fait partie du lotissement de l’ACI 2000, en Commune V du District de Bamako, dans le quartier huppé de Baco-Djicoroni, une cité résidentielle où habitent des « hommes aisés ». Cet espace, très convoité par les argentiers de la capitale est classé comme un espace vert. Il a fait l’objet, il y’a quelques années d’un aménagement par la cellule de suivi de la politique nationale de la ville, afin de le protéger contre l’agression des spéculateurs fonciers. Une partie sert de terrain de football pour la jeunesse active, l’autre partie aménagée avec des arbres est régulièrement utilisée par les habitants pour des mariages et autres activités de réjouissance.
Beaucoup de spéculateurs fonciers ont multiplié les convoitises sur cet endroit. En vain !
Voici le maire de la Commune V, Amadou Ouattara qui utilise des astuces pour vouloir brader cet espace à un opérateur privé en invoquant le partenariat public-public, dans le cadre d’une convention. Il s’agit de donner cette grande superficie (2ha) en bail emphytéotique à un privé pendant 50 ans pour en faire un « complexe multifonctionnel ». Celui-ci aura un objectif social, économique et culturel.
Le partenaire privé, Salifou Telly, serait disponible pour y investir plus de 700 millions de nos francs, dans un délai de 15 mois. En contrepartie, il versera la modique de 300 000 FCFA par mois à la mairie.
Grossomodo, voilà le projet du maire Ouattara pour brader cet espace important à un privé. Il a même convoqué une session du Conseil communal, du 5 au 9 septembre dernier, afin de statuer sur cette affaire et bien d’autres.
Malheureusement pour lui, en plein conseil, le Premier ministre (PM) par intérim, qui avait eu des échos de ce scandale en vue, puisque une somme importante, nous a-t-on dit, se cache derrière les 300 000 FCFA mensuels qui doivent tomber dans les caisses de la mairie, a ordonné à ses services, notamment le gouverneur de faire retirer cette délibération de l’ordre du jour de la session. Ce dernier s’est immédiatement exécuté. Finalement, le maire Ouattara s’est soumis aux instructions données en faisant contre mauvaise fortune bon cœur.
Donc, le projet a été retiré à la grande satisfaction de la jeunesse, des citoyens et de certains hauts cadres du quartier. Ces derniers ont su manœuvrer et taper aux bonnes portes y compris celle du PM. Aussi, celui-ci, en bon officier- dirigeant, a-t-il pris ses responsabilités pour empêcher au maire, via le conseil de délibérer sur une « magouille foncière » qui ne dit pas son nom.
L’épanouissement des jeunes, à travers le terrain de football, et les autres manifestations de réjouissances des citadins, dépassent de loin le maigre montant de 300 000 FCFA par mois.
Seulement voilà : il y’a des non-dits ! Deux hectares, dans ce lieu très convoité, valent des milliards en termes de vente. Tout le monde sait comment se terminent au Mali les baux dits emphytéotiques
En tout cas, la décision responsable du PM intérimaire a évité au quartier des remous sociaux, parce que les jeunes n’attendaient que la décision de la mairie pour réagir vigoureusement. Ceux, qui voient plus loin qu’eux, ont heureusement pris les devants pour parer au plus pressé. Le résultat est bien là : même le maire y trouve son compte. Il s’est, en effet, empressé de faire un communiqué pour démentir la signature de la convention, vu que les jeunes avaient eu vent du projet qui se tramait. Ils étaient en train de se préparer contre l’édile et ses conseillers.
Aujourd’hui, le calme prédomine dans le quartier, et les jeunes poursuivent avec sérénité leurs différentes activités sur le site.