Alors qu’on pensait qu’un compromis allait être trouvé entre le Mali et la Côte d’ivoire au sujet des 46 autres militaires, après la libération de trois soldates ivoiriennes, pour des raisons humanitaires, c’est loin de connaitre la détermination des autorités maliennes à ne rien lâcher contre ce pays frère qu’elles accusent d’abriter des opposants aux desseins déstabilisateurs de la transition. Incontestablement cette affaire est sortie du cadre juridique pour devenir une affaire purement politique avec un relent de règlement de compte. Sinon comment comprendre que ces deux pays liés par l’histoire, la culture, la géographie, l’économie ne puissent pas transcender ces petites difficultés mineures pour se tourner résolument vers les grandes préoccupations du moment. Le Mali traverse aujourd’hui une crise multidimensionnelle qui dépasse sa seule compétence, donc il a besoin du soutien des autres et particulièrement de la Côte d’Ivoire pour se tirer d’affaire. Car faut- il le rappeler la Côte d’ivoire est la première puissance économique de l’UEMOA, un pays influent au sein de la CEDEAO, mais aussi et surtout un pays dont le port sert de transit aux marchandises des commerçants maliens.
Quand est ce que les autorités maliennes comprendront qu’une brouille avec les pays de la CEDEAO compliquerait la crise, qu’elle soit sécuritaire ou économique ? Nous ne cesserons jamais de rappeler à Assimi Goïta que le Mali ne pourra pas faire face à plusieurs fronts en même temps et qu’il a intérêt à se réconcilier avec tous les pays s’il veut arriver à bout du terrorisme. Cette attitude belliqueuse, jusqu’auboutiste et guerrière, n’arrangerait pas la situation et éloignerait la transition de l’atteinte de ses objectifs, qui sont entre autres la lutte contre l’insécurité, les réformes politiques et institutionnelles, la bonne organisation des élections pouvant non seulement permettre de doter le pays d’autorités légitimes, mais aussi et surtout de revenir dans le concert des nations. Il est grand temps pour les autorités maliennes de sortir de cette posture belliciste et de faire face aux préoccupations majeures du peuple. Elles ne doivent pas céder aux sons de sirène des laudateurs, des zélateurs et autres opportunistes qui ont mangé à tous les râteliers et qui sont prêts à retourner la veste à la première occasion. Ces situationnistes sans foi, ni loi ont accompagné tous les régimes au Mali.
Assimi Goïta comprendra-t-il qu’aucun pays seul ne peut relever les défis qui sont ceux du Mali d’aujourd’hui ? Autant les Etats Unis ont échoué dans la lutte contre les Talibans en Afghanistan, autant la France a échoué dans son combat contre les terroristes au sahel en dépit de ses énormes moyens, autant le Mali échouera, malgré le soutien des instructeurs Russes, s’il ne crée pas une synergie d’action avec ses voisins d’abord et avec tous les pays, afin de venir à bout de ce fléau qu’est le terrorisme. Les chansons tendant à comparer le colonel Assimi Goïta à Soundiata Keita, à Dah Monzon Diarra ne sont que des balivernes. En général les soutiens du Président de la Transition malienne sont soit des opposants aux régimes de leurs pays ou des activistes sous le couvert d’un panafricanisme étriqué. C’est le cas de Franklin Nyamsi, l’ivoiro-camerounais, un proche de Guillaume Soro, de Kemi Séba le Franco-béninois, un soit disant panafricaniste ou encore de Nathalie Yamb, la Suisso-camerounaise qui dit avoir fait de la libération du continent africain son cheval de bataille. Assimi Goïta est pour ceux-ci, comme pour l’artiste ivoirienne Aicha Koné, un cheval de Troie qu’ils veulent s’en servir pour assouvir leurs ambitions.
En somme, le Président de la Transition gagnerait davantage en atteignant certains fronts et en accordant de l’importance aux préoccupations majeures de son peuple, qui aujourd’hui est au bord de l’abime, tant sur le plan sécuritaire que sociopolitique.