Au cours d’un point de presse tenu ce mardi du 20 septembre 2022, le Mouvement du 5 juin, Rassemblement des forces patriotiques (M5 RFP), dans une déclaration, a demandé que la plainte du Mali contre la France soit inscrite, sans délai, à l’ordre du jour de la plus prochaine séance du Conseil de sécurité de l’ONU. Ci-dessous, sa déclaration.
Mesdames et messieurs,Vous le savez, nos compatriotes, entre autres préoccupations majeures, s’intéressent très fortement à quelques sujets d’actualité parmi lesquels la saisine du Conseil de Sécurité de l’Organisation des Nations Unies (ONU) par le Mali d’une plainte contre la France, le dossier des mercenaires ivoiriens en détention ici au Mali et la perspective d’un sommet de la CEDEAO à New York, aux Etats Unis d’Amérique.
Mesdames et messieurs,
Le Mali, en effet, a saisi depuis le 15 août dernier, le Conseil de Sécurité de l’Organisation des Nations Unies (ONU) d’une plainte contre la France portant sur « des actes graves qui sont de nature à porter atteinte à la paix et la sécurité internationales ».
Parmi ces actes « des violations répétitives et fréquentes de l’espace aérien par les forces françaises qui y font voler des drones, des hélicoptères militaires et des avions de chasse sans autorisation des autorités maliennes…
S’y ajoutent des cas de falsifications de documents de vol, des cas d’atterrissage d’hélicoptères dans des localités hors aérodrome, d’extinction de transpondeurs… ».
Ces graves accusations ont toutes été documentées et « un tableau listant les incidents aériens depuis l’annonce du retrait de Barkhane » a été remis au Conseil de sécurité.
Plus grave, « le gouvernement du Mali dispose de plusieurs éléments de preuve que ces violations flagrantes de l’espace aérien malien ont servi à la France pour collecter des renseignements au profit des groupes terroristes opérant dans le Sahel et pour leur larguer des armes et des munitions ».
Depuis la saisine officielle du Conseil de sécurité, la plainte du Mali n’a connu aucune évolution significative.Face à de telles accusations qui constituent, au sens du Droit international, une agression contre le Mali, le Conseil de sécurité ne peut, ne doit accepter que des entraves soient posées à l’examen de faits aussi graves que circonstanciés.
Il est important, que l’organe des Nations Unies en charge de la préservation de la paix connaisse des accusations formulées et ouvre un débat à leur sujet.
Par conséquent, le M5-RFP demande que la plainte du Mali contre la France soit inscrite, sans délai, à l’ordre du jour de la plus prochaine séance du Conseil de sécurité.
Le traitement impartial ou non de ce dossier engage la crédibilité de l’Organisation des Nations Unies qui ne doit pas faire de traitement différencié entre les grandes puissances et les autres Etats membres ou protéger un Etat agresseur.
C’est aussi l’honneur aussi de la France que d’accepter un débat qui devrait l’amener, soit à se disculper, soit à demander pardon.
Le Mali, certes, peut d’ores et déjà savourer une victoire morale (les peuples africains en soutien au peuple malien se sont déjà appropriés la question) et politique avec les dénonciations des entraves et malices de toute nature pour éviter tout débat public sur les preuves fournies.
De toutes les façons, ce débat est déjà en cours partout au monde sauf au sein du Conseil de sécurité des Nations Unies. Or, le M5-RFP et le peuple malien ne demandent qu’une chose simple : la Vérité, rien que la Vérité mais toute la Vérité ! Cette Vérité qui aujourd’hui fait peur.N’est-il pas indicatif à cet égard, que l’interview accordée par le Secrétaire général des Nations Unies – Antonio Guterres lui-même - à des médias publics français ait fait l’impasse sur cette saisine pourtant actuelle et importante.
Mais qui pourrait bâillonner le Mali lors de sa prise de parole à l’Assemblée générale des Nations Unies qui s’ouvre aujourd’hui ? Le Mali parlera, le Mali prouvera, le monde saura !La CEDEAO, officiellement saisie par le Mali qui devrait porter et soutenir ce dossier observe malheureusement un silence assourdissant alors qu’à l’inverse elle envisage de tenir un sommet à New-York sur le dossier des 46 mercenaires ivoiriens détenus au Mali.
La perspective d’un tel sommet en dehors de la zone communautaire, sur une terre étrangère est à la fois injustifiable, incompréhensible et humiliant pour les peuples de la CEDEAO.
Personne n’aurait rien à objecter à des consultations informelles ou formelles en marge de l’Assemblée générale de l’ONU à New- York. Mais y tenir un sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEDEAO détruirait le reste d’estime que les peuples portent encore à notre organisation communautaire.
Le M5-RFP, pour l’honneur de l’Afrique, invite la CEDEAO à ne pas insulter ses ressortissants, à se ressaisir.Le sommet envisagé, devrait porter principalement sur le dossier des mercenaires ivoiriens en détention au Mali… en l’absence du Mali.
Or pour le Mali cette affaire, désormais claire, repose sur quatre (4) principaux points :les ivoiriens arrêtés au Malis en tenue militaire suivis par un avion rempli d’armes sont des mercenaires et en aucun cas des éléments de la Minusma qui d’ailleurs ne leur reconnait pas cette qualité ; le dossier, par conséquent, et dans le respect des lois et règlements, des libertés et des droits de la défense a été transmis aux autorités judiciaires qui en connaissent depuis et qui ont décidé de libérer les trois femmes impliquées ;
la Côte d’Ivoire a déjà reconnu sa faute voire ses torts à Lomé en acceptant des « manquements et des incompréhensions » tout en s’engageant « à respecter les procédures des Nations-Unies ainsi que les nouvelles et dispositions maliennes édictées relatives au déploiement des forces militaires au Mali… ».
Enfin, l’unique cadre de règlement politique du dossier reste la médiation de la République Togolaise acceptée aussi bien par le Mali que par la Côte d’Ivoire.
Dans ce contexte, il ne sert à rien, de « tenter de noyer le poisson » en tirant une phrase légitime et juste du président de la Transition du Mali de son contexte pour en faire un épouvantail voire un repoussoir. En effet, le « premier magistrat d’un pays », garant de l’indépendance de la Justice de son pays, n’est-il pas dans son rôle lorsqu’il demande l’exécution de mandats d’arrêt lancés contre des justiciables ? Où est le « chantage ».
Et surtout depuis quand des « otages » sont appréhendés armés chez leur cible potentiel, qui devient ainsi, par une inversion de rôles, le prétendu « preneur d’otages ».
Il est enfin inimaginable que la CEDEAO, maintienne le Mali suspendu de ses instances et organise un « procès » en son absence et en violation flagrante de toutes les règles d’équité et de justice.
Cette instrumentalisation de la CEDEAO autorise légitimement le Mali à n’être « nullement concerné par (la) procédure devant l’instance communautaire ». Le dossier des mercenaires ivoiriens arrêtés au Mali ne peut-être que bilatéral et la CEDEAO n’a rien à y voir ou à y faire.
A l’inverse, le temps est venu pour un règlement définitif de ce dossier dans l’intérêt de tous, de sortir des dénis, des ultimatums, des déclarations va-t’en guerre et des postures guerrières.
Il ne reste plus aux autorités ivoiriennes qu’à faire amende honorable dans le cadre de la médiation togolaise. En se souvenant que les peuples malien et ivoirien sont des frères unis par des liens variés et multiséculaires.