Cher grand-père ! Nous sommes enfin arrivés. La grande révolution du boulevard de l’Indépendance sous l’égide du M-5, des avocats, Me Mountaga Tall, Me Aly Bathily, de la démocrate Sy Kadiatou Sow et autres, nous a amenés, ici. Le colonel Assimi Goïta, le « plénipotentiaire Président du Mali », Président de la transition et chef de l’Etat. Vive la Révolution ! Victoria siempre !
Vive le colonel Assimi Goïta ! Et merci aux grands démocrates et hommes de droit qui nous ont permis ce jour de grande victoire. Nous sommes libres et souverains. Si souverains avec un plénipotentiaire Président du Mali, qu’aucun mot ne saurait décrire. Oui grand-père ! Nous avons un Président plénipotentiaire !
Montesquieu était fou. Séparer les pouvoirs ? Pourquoi faire ? Rousseau était myope, quel contrat entre qui et qui et pourquoi limiter ? Lincoln n’avait rien compris. Du boulevard de l’Indépendance, nous, nous pouvons tout résoudre. Des leaders religieux laïques, des avocats à tous sens, des démocrates putschistes et une armée libératrice contre la Démocratie. Et nous offrir ce cadeau tant attendu de l’univers. Un président plénipotentiaire !
Oui cher grand-père ! Un Président qui du haut de son étage du Président du conseil supérieur de la magistrature, acte en justice. Un Président qui, du haut de son décret proche-divin, fait et défait le législatif. Sans oublier le gouvernement qu’il nommait jadis. Des décrets qui touchent tout et peuvent tout. Des décrets qui nomment de dénomment et manu-militari !
Tu n’as rien compris ? Je t’exemple. Tu connais l’étape où un homme ne sait plus s’arrêter. Où il dit tout ce qu’il veut, fait tout ce qu’il pense. Cette étape où l’homme n’a aucun autre contrôle devant ses désirs ou sa colère. Au moment où, aucun autre rappel à l’ordre ne lui vienne ni de lui-même ni au dehors. Aucun ordre, ni social, ni moral, ni religieux, ni spirituel. C’est ça l’étape de la vie d’une nation au président plénipotentiaire.
Oui cher grand-père ! C’est ce moment où le mental est le seul qui contrôle tout. Avec l’armée, pardon la force du corps et des mains avec lui. Le moment où la raison (pouvoir judiciaire), ne dit plus Stop ! Le moment où, le cœur conscient (pouvoir législatif), ne dicte plus rien. Mais que c’est le mental qui décide et fait tout sans raison ni conscience. Le Président plénipotentiaire !
Je te laisse ici grand-père avec ma 37ème lettre. Tout en priant que nous retournions à la raison et à la conscience. Que le Président plénipotentiaire accepte de diminuer son pouvoir en retournant à la Charte. Que le législatif, soit le législateur, qu’au juge revienne son pouvoir qu’au Président et son gouvernement, la politique et toute la politique de la nation afin de quitter ce transit. Un transit qui n’est point la destination. A mardi prochain. Inch’Allah !