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Dégradation de la situation sécuritaire dans les régions de Ménaka et Gao : Le Mali paie-t-il les conséquences de son retrait du G5 Sahel ?
Publié le jeudi 22 septembre 2022  |  Le Wagadu
Mali:
© AP par DR
Mali: Le groupe islamiste Ansar Dine libère l`otage suisse Béatrice Stockly
24 avril 2012.Tombouctou.Mali. A un point de rendez-vous dans le désert de Tombouctou,les combattants de Ansar Dine montent la garde au moment de la libération de Béatrice Stockly enlevée le 15 avril dernier dans le nord du Mali
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Depuis quelques jours, la situation qui préoccupe plus d’un observateur est celle qui prévaut actuellement à Ménaka et une partie de Gao où l’Etat islamique multiplie les attaques pour accroitre son influence. Ce qui avait conduit le Général Elhadj Ag Gamou à demander aux populations des zones reculées de tout abandonner pour se réfugier vers les grandes villes. Une situation qui était pourtant prévisible au regard des choix opérationnels pris par les autorités depuis un certain temps.

La situation sécuritaire à Ménaka et une partie de Gao notamment le cercle d’Ansongo connait une détérioration sans précédent depuis le mois de mars dernier. Date à laquelle ont été lancés les premiers assauts de l’Etat islamique dans la zone après sa restructuration depuis la mort de son chef historique Adnan Abou Al-Walid Sahraoui, en août 2021 suite à un raid de Barkhane vers Indeliman, dans le cercle d’Ansongo. Déjà, on compte près d’un millier de civils tués dans la zone. A cette situation s’ajoute plus de 50 000 personnes déplacées internes obligées de fuir ce déferlement des violences armées.

Signalons que dans la zone, l’Etat islamique ne combat pas que les forces armées maliennes, leurs partenaires ainsi que les populations qui leur sont favorables. Ce groupe est aussi en guerre contre les combattants de certains mouvements impliqués dans le processus de paix en l’occurrence la Coalition MSA/GATIA et surtout son rival qui n’est autre que le Groupe de Soutien à l’Islam et aux Musulmans (GSIM) affilié à Al-Qaïda. Depuis lors ce n’est que la terreur que l’Etat islamique répand dans cette zone. Ce groupe a aussi reçu des renforts d’autres des terroristes venant d’autres pays.

Toutes les initiatives visant à le contrecarrer ont échoué. Tout en contrôlant plusieurs localités de la région de Ménaka et une partie de Gao, l’Etat islamique y fait aussi appliquer aveuglément la loi islamique. Cela a notamment été le cas le dimanche 18 septembre dernier lorsque des terroristes de ce groupe ont flagellé à mort un couple accusé d’adultère pour avoir eu un enfant en dehors des liens de mariage. C’est donc une véritable politique de la terre brûlée que semble mené ce groupe déterminé à aller jusqu’au bout de sa logique.

Paradoxalement, du côté du Niger voisin, la situation semble même s’améliorée. Notons que dans la journée du lundi 19 septembre dernier, les forces armées nigériennes et des soldats français de l’Opération Barkhane ont mené une offensive grandeur nature contre des terroristes de l’Etat islamique vers la frontière nigéro-malienne. Des sources avancent même qu’ils ont chassé les terroristes jusque dans le territoire malien plus précisément dans la localité de Anderramboukane, dans la région de Ménaka. L’annonce a été faite par le secrétaire général du GATIA, Fahad Ag Almahamoud non moins président de la plateforme des mouvements du 14 juin 2014 d’Alger signataire de l’Accord de 2015.

Le G5 fonctionne malgré le retrait du Mali

De son côté, malgré ces assauts répétés sur le territoire malien, l’Etat islamique ne semble avoir en face de lui qu’une faible résistance. On se souvient que lorsque les terroristes de ce groupe ont occupé la ville de Talataye en début du mois dernier y chassant les combattants des mouvements impliqués dans le processus de paix et leurs rivaux du GSIM, l’armée malienne n’a opéré que quelques frappes contre les positions de l’Etat islamique sans poser le pied dans la ville. Ces frappes aériennes loin de consolider les positions ne visent à permettre aux terroristes que de se replier pour revenir en force.

Il faut dire que selon beaucoup d’analystes, la détérioration de la situation sécuritaire et humanitaire qui prévaut actuellement dans la région de Ménaka et une partie de Gao était prévisible. D’aucuns ont indiqué que la guerre contre le terrorisme ne peut être gagnée qu’à travers une bonne coopération entre les pays notamment au Sahel où les frontières sont poreuses. Nombreux attribuent cette situation aux choix opérationnels pris par les autorités de la Transition actuellement.

L’on sait que celles-ci ont poussé l’opération Barkhane vers la sortie du territoire malien en se tournant vers la Russie dont les militaires ne sont pas officiellement déployés pour lutter contre le terrorisme. Un choix qui a irrité le partenaire français qui a préféré mettre fin à ses deux opérations au Mali à savoir Barkhane et Takuba. De plus, depuis le 15 mai dernier, le Mali s’est retiré de tous les organes du G5 Sahel et même de la force conjointe au motif que son droit de présider aux destinées de cette organisation n’a pas été respecté.

Les autorités maliennes avaient même indiqué que cette situation était due au fait que cette organisation était manipulée par une puissance étrangère en l’occurrence la France sans le nommer. Pourtant, malgré le retrait du Mali, l’organisation fonctionne avec les autres pays membres à savoir le Tchad, le Burkina Faso, le Niger et la Mauritanie. Le Tchad et le Burkina Faso qui sont aussi en rupture de l’ordre constitutionnel comme le Mali continuent à tenir et défendre leurs places au sein de cette organisation.

L’Algérie souhaite relancer le Cemoc

D’ailleurs, il n’est pas exclu un passage du flambeau entre le Tchad qui préside actuellement le G5 Sahel et le Burkina Faso. Comme en témoignent les récentes visites effectuées par le chef de l’Etat burkinabé, Paul Henry Sandaogo Damiba, dans plusieurs pays membres de l’organisation. Le retrait du Mali signifie aussi la fin des opérations militaires transfrontalières qui au-delà de ses insuffisances étaient surtout dissuasives.

A noter qu’aujourd’hui c’est surtout l’Algérie qui n’a jamais apprécié la création du G5 Sahel en 2014, qui entend profiter de cette situation pour relancer le comité d’état-major opérationnel conjoint (Cemoc) rassemble le Mali, l’Algérie, la Mauritanie et le Niger. Créé en 2010 pour lutter contre l’insécurité, cette organisation dont le siège opérationnel est à Tamanrasset, au sud de l’Algérie, n’a jamais vraiment fonctionné. C’est dire qu’il est temps de revenir aux fondamentaux et savoir que seuls les pays qui ont en partage les mêmes réalités peuvent cheminer ensemble pour des résultats probants dans les domaines de la restauration de la paix, de la stabilité et du développement.

Cheick B CISSE

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