Le Mali Koura tant vanté par ses concepteurs semble être sur les traces du Mali Koro où la gouvernance loin d’être vertueuse est simplement chaotique, car décriée aujourd’hui, à cause de certaines pratiques. En effet, ces pratiques tant dénoncées sous l’ancien régime ont refait surface aux grands désarrois du vaillant peuple qui a pourtant cru un moment au changement promis par les autorités de la transition. Le 22 septembre étant la date anniversaire de l’accession du Mali à l’indépendance ne devrait pas être un prétexte pour décréter presqu’une semaine fériée au détriment d’une écrasante majorité des maliens qui vivent au jour le jour et particulièrement du secteur privé qui traverse aujourd’hui des moments très pénibles, à cause des facteurs endogènes et exogènes. Pourquoi tant de jours chômés dans un pays sous développé comme le Mali ? Le Gouvernement ne devrait-il pas tenir compte des intérêts de non-salariés avant de décréter le vendredi férié ? Et si les entreprises tenaient compte de ces nombreux jours décrétés fériés par l’Etat tant pour le paiement de leurs employés que pour le fisc ? Une large concertation s’impose désormais avant de prendre une quelconque décision qui impacterait négativement les conditions de vie des maliens.
La précarisation des entreprises, surtout privées pourrait expliquer en grande partie l’amoindrissement du taux d’investissement au Mali. En plus de l’environnement marqué par une insécurité grandissante, l’Etat ne fait pas assez pour garantir les intérêts des entrepreneurs. Nous ne cesserons jamais de rappeler que Gouverner c’est non seulement prévoir, mais aussi et surtout tenir compte de l’intérêt général. Le Gouvernement de la transition en décrétant le vendredi jour chômé et payé, a certes appliqué à la lettre une disposition légale en République du Mali, mais il aurait dû avoir le flair de se dire qu’en décrétant ce jour comme étant férié on aurait perdu 4 jours sur 7 de la semaine. Donc presqu’une semaine sans travailler dans un pays où plus de 80 % de la population courent derrière le quotidien. Le Mali subit de plein fouet l’impact de la crise donc la plus part des entreprises sont désormais menacées dans leur existence. Plus de la moitié de la population vit dans l’informel et plus de 80 % n’émargent pas sur le budget de l’Etat. Ils sont soit dans le secteur privé ou bien dans le secteur informel. Donc un jour chômé équivaudrait à un manque à gagner d’une semaine, à fortiori une semaine fériée.
Le Gouvernement de la transition, en suivant les pas de l’ancien régime, est non seulement en train de s’éloigner des objectifs de la révolution, qui sont entre autres une gouvernance vertueuse en rupture totale avec celle qui a conduit le Mali dans une crise profonde, ensuite la relance de l’économie et la création des richesses pour la création d’emplois. Mais aujourd’hui le constat est tout autre, le Mali est en train d’être tiré vers le bas et avec lui l’économie du pays, qui serait en pleine récession, à cause non seulement de la crise mondiale liée à la guerre Russo-Ukrainienne, mais aussi et surtout à la crise multidimensionnelle que vit le Mali depuis belle lurette. A cela il faut ajouter une méconnaissance et un manque de vision économique des autorités actuelles qui relèguent au second plan la relance économique qui devrait passer par une véritable promotion du secteur privé
En effet, le secteur privé étant le principal agitateur économique est aujourd’hui le premier à ressentir le poids de ces crises. A celles-ci il faudrait ajouter le manque de vision des autorités et surtout leur manque d’anticipation. L’Etat protecteur semble céder la place à l’Etat démolisseur au Mali, car le rôle régalien de tout Etat est la protection, la préservation et la sécurisation des intérêts des citoyens. Comment dans un monde globalisé et mondialisé on peut ne pas accorder de l’importance au secteur privé ? La libre entreprise étant l’un des fondements de la démocratie, elle doit également être le crédo de toute gouvernance qui se veut vertueuse. En effet le bien privé est sacré et l’Etat à un rôle protecteur donc il ne doit pas piétiner les valeurs qui le fondent. Tout acte d’un gouvernement doit tenir compte de l’impact sur les outils économiques du pays. Les jours chômés sont de manque à gagner principalement pour le trésor public, mais aussi pour les entreprises. Les sources de financement de l’Etat sont les taxes, impôts et douanes qui sont principalement payés par les entreprises.
Il est grand temps de prendre en compte les désidératas des entreprises et surtout écouter les investisseurs, à défaut les entreprises doivent prendre leurs responsabilités en formant un front unifié et en se mobilisant pour être un rempart afin de sauver le secteur privé. L’Etat devrait être guidé par cette philosophie plus on travaille plus le trésor public s’enrichit et avec lui les entreprises. C’est à ce seul prix que l’Etat aura la possibilité d’investir dans les équipements communautaires, écoles, hôpitaux, équipements urbains et même militaires. Il demeure impensable que c’est au moment où on affirme Urbi et Orbi notre souveraineté qui ne rien d’autre que la tendance à s’affranchir de la tutelle de l’autre, que l’Etat avilit les entreprises censées données un contenu réel à ce concept souvent galvaudé par certains. La souveraineté ne s’acquiert qu’au bout du travail et pour en imposer aux autres il faut travailler au lieu de discourir.
Si comparaison n’est pas raison, il est tout à fait normal de se référer à certaines Nations qui ont prospéré. Ces Nations dites développées ne sont pas passées par mille chemins c’est par le travail qu’elles ont atteint le sommet, les Etats Unis, la Chine, le Japon, la France. Donc le gouvernement malien doit réunir les conditions d’une véritable relance de l’économie, car Personne ne viendra faire notre pays à notre place. Le respect d’une nation ne se mesure-t-il pas à l’aune des progrès qu’elle a pu réaliser dans divers domaines ? Incontestablement oui, donc seul le travail paie.
Le Gouvernement ne devrait-il pas tenir compte des intérêts de non-salariés de l’Etat avant de décréter le vendredi férié ?
Indéniablement en décrétant le vendredi férié parce que c’est un jour tempo entre deux fériés on aura travaillé que le lundi et le Mardi, car depuis mercredi les travailleurs débraillent ou tout au moins dégarnissent leurs lieux de travail ce qui est un énorme manque à gagner et pour les entreprises et pour les citoyens évoluant dans l’informel, c’est pourquoi il sied désormais pour le gouvernement de tenir compte de toutes les couches socioprofessionnelles avant de décréter un jour férié fut-il conforme à la législation. Car comme dirait l’autre, il y a la loi, mais il y a l’esprit de la loi. Il est temps de sortir de la diversion et éviter les multiples jours chômés pour se référer à des pays émergeants comme la chine, qui a travaillé pour être ce qu’elle est aujourd’hui. Les pays du soleil levant comme la chine et le Japon ont bâti leurs sociétés, leurs pays en travaillant. Les dirigeants africains en général et ceux du Mali en particulier doivent s’inspirer de l’exemple de ces deux pays, en ayant la culture du travail.
N’y a-t-il pas nécessité pour les entreprises maliennes de se regrouper pour défendre leurs intérêts ?
Le Gouvernement en se comportant ainsi, annihile non seulement tous les efforts que les entreprises fournissent pour créer des richesses, d’emplois et contribuer au développement du pays, mais aussi foule aux pieds la protection sociale des employés, car aucune entreprise ne peut faire face aux charges sociales et professionnelles, dans ces conditions d’instabilité et d’incongruité. Que dire du fisc qui est la part de l’Etat ? Les entreprises seront dans l’impossibilité de s’acquitter de leurs devoirs, car elles ne font pas de profits. Donc il y a nécessité pour les entrepreneurs de constituer un front pour non seulement défendre leurs intérêts, mais aussi et surtout pour obliger souvent l’Etat à tenir compte de leurs préoccupations.
En somme, les nombreux jours fériés ont des répercussions négatives sur les entreprises. C’est pour cette raison et d’autres qu’elles souffrent énormément. Si d’aucunes sont chancelantes, d’autres mettent tout simplement la clé sous le paillasson. Quid des investisseurs ou autres partenaires qui souhaitent faire des affaires au Mali. Ils auront tout simplement peur, car le climat des affaires est loin d’être assaini et les conditions d’un véritable développement du secteur privé ne sont pas réunies.
Mamadou Sinsy Coulibaly, Président du Groupe Kledu