Et si des réfugiés maliens en Mauritanie étaient aussi des rebelles au Mali ? De cela, semble convaincu un ressortissant de Niafunké dans un entretien qu’il nous a accordé le 19 juin dernier sous le couvert de l’anonymat. Il y aborde également le calvaire des habitants de Niafunké sous occupation, des négociations en cours à Ouaga et de l’utilisation des dons par les rebelles
A l’en croire, la Mauritanie abrite les rebelles sous le couvert de réfugiés :
‘’Ceux qui se disent réfugiés en Mauritanie sont pour la plupart des rebelles au Mali. On a les preuves. Quand ils viennent sur le territoire malien, ils prennent les armes et deviennent des rebelles. S’ils sont traqués par l’armée malienne, ils s’enfuient en Mauritanie en cachant sous le sol sablonneux leurs tenues et leurs armes pour se mettre en civil. Ainsi ils se disent des réfugiés en Mauritanie. On a vu beaucoup de rebelles au nord qui se disaient réfugiés en Mauritanie. Donc quand ça chauffe, ils sont des réfugiés en Mauritanie et une fois au Mali, ils prennent les armes et deviennent des rebelles. Ces gens-là, on les connaît, ils ont toutes leurs familles en Mauritanie et au Burkina Faso. C’est pourquoi, nous qui sommes au nord, on n’est pas du tout d’accord avec la Mauritanie. Car ces rebelles emportent toujours en Mauritanie tout ce qu’ils volent’’ précise-t-il.
Comment font-ils la loi à Niafunké ?Témoignant sur les conditions de vie des populations de Niafunké, ce ressortissant sous le couvert de l’anonymat, dénonce les actes odieux et les violations des droits humains par les groupes rebelles et Salafistes qui ont annexé les trois régions du nord. ‘’N’ayant pas trouvé les autorités administratives et l’armée en place, les rebelles ont pillé tous les services publics, à commencer par la préfecture, les services des impôts, la gendarmerie etc. Les populations de la ville souffrent énormément. A l’arrivée des rebelles début avril, ils ont tout emporté. Ils ont pillé les magasins, ils ont emmené les redevances des paysans et même les motopompes. Ces rebelles se promènent dans la ville de Niafunké aujourd’hui comme ils veulent et font la loi ». Toutefois, notre interlocuteur affirme que les populations ne subissent pas de tortures.
Selon lui, ces rebelles sont divisés en deux groupes. Les chefs se sont réfugiés dans la brousse et ne reviennent dans la ville que chaque semaine pour s’enquérir des nouvelles. Le jour de leur visite en ville, dit-il, ils coupent l’électricité aux populations.
Nous ne voulons pas de négociation !L’option de la négociation qui a démarré à Ouagadougou entre le Médiateur de la CEDEAO, Blaise Compaoré, et les différents groupes armés, n’est pas la solution, selon notre interlocuteur « La négociation ne nous arrange pas. Nous ne voulons même pas entendre parler de ça. Les militaires maliens ont peur tout simplement, sinon les rebelles ne sont pas aussi armés que ça. Je vous le jure, aujourd’hui, il y a des enfants parmi les rebelles qui ne savent même pas utiliser une arme. Car, ces rebelles sont en train de recruter des jeunes par force. Ce qui est très mauvais. Je vous dis qu’à Niafunké, les rebelles ont tellement peur qu’ils ne dorment même plus dans la ville. Dans la nuit, ils quittent la ville pour revenir le lendemain à partir de 9 heures. Une simple rumeur sur l’arrivée de l’armée malienne les traumatise et souvent les fait fuir de la ville » révèle t-il.
Les dons humanitaires sont des armes de guerre pour les rebelles !En ce qui concerne les dons en faveur des populations du nord que mobilisent les autorités maliennes et d’autres structures intervenant dans le domaine humanitaire, notre interlocuteur regrette leur utilisation à d’autres fins par les bandits. « Les habitants du nord ne bénéficient pas de la totalité des dons qui leur sont destinés. Les 2/3 de ces dons sont confisqués par les rebelles. C’est très clair, il faut que les autorités gardent toutes les aides humanitaires au niveau de Bamako pour chercher à libérer le nord d’abord. C’est ce qui est urgent. Sinon les aides qui viennent sont réquisitionnées et stockées dans la brousse par les rebelles. Ces dons sont aussi des armes de guerre pour ces rebelles. Car tant qu’ils mangent, ils ont de la force. Donc continuer d’envoyer des aides humanitaires au nord, c’est appuyer davantage ces rebelles. Si on garde tous les dons à Bamako, une fois la totalité du territoire reconquise, les autorités locales qui seront mises en place pourront se charger de faire parvenir ces aides à qui de droit » a-t-il conseillé.