L’on le savait bel orateur et très à l’aise dans ses prises de parole ; ce qui a motivé sa désignation comme porte-parole du gouvernement de Transition. Par son discours du samedi 24 septembre dernier à la tribune de l’ONU, le Premier ministre par intérim, le Colonel Abdoulaye Maïga a encore sonné la révolte et a été largement apprécié par des millions de compatriotes maliens, mais aussi Africains et d’ailleurs.
Le Premier ministre par intérim, le Colonel Abdoulaye Maïga a, dans son discours, remis le secrétaire général de l’ONU a sa place, sans omettre le président en exercice de la CEDEAO, avant de tacler le président nigérien ? Président en exercice de la CEDEAO, M. Umaro Sissoco Embalo, qui se plaisait à imiter le diplomate onusien, le Colonel Abdoulaye Maïga fustige « le principe de mimétisme ». Tout en lui conseillant de ne pas banaliser la CEDEAO par des positions pour faire plaisir à certaines puissances étrangères.
Mohamed Bazoum remis à sa place pour le respect dû au Mali
« A l’endroit de M. Bazoum, il remarquera que le Gouvernement de la Transition n’a pour le moment jamais réagi à ses propos injurieux pour deux raisons cumulatives. La première raison tient au respect de l’héritage laissé par nos ancêtres, qui consiste à ne pas répondre aux injures par des injures. La seconde raison relève de l’identité de M. Bazoum, l’étranger qui se réclame du Niger. Nous savons que le peuple nigérien frère du Mali, se distingue par des valeurs sociétales, culturelles et religieuses très riches. M. Bazoum n’est pas un Nigérien, son comportement nous réconforte totalement dans notre constat…. »
Pour le Représentant du Mali à cette tribune de l’ONU, il est inacceptable aussi bien à Bamako qu’ailleurs de voir débarquer dans un aéroport « des militaires ayant dissimulé leurs identités, en mettant sur leurs passeports qu’ils sont peintres, maçons etc… avec des armes. « S’ils ne l’acceptent pas, en tant qu’Etat, si cela n’est pas possible à Lisbonne ou ailleurs, le Mali non plus ne l’acceptera pas en tant qu’Etat et ce ne sera pas non plus possible à Bamako ou dans une autre localité malienne », a-t-il martelé.
Par ailleurs, faut-il rappeler que le thème évocateur de cette 77ème assemblée générale des Nations Unies est « Une nouvelle ère : des solutions porteuses de changement pour relever des défis interdépendants » ? Ce thème, dira le Colonel Maïga, suscite l’espoir de meilleurs jours pour le Mali, à la condition que le bilan sans complaisance de l’ancienne ère soit établi, que les enseignements soient tirés et que des recommandations objectives soient formulées. Ce qui a permis à l’orateur de présenter la situation du pays en termes d’évolution de la Transition en cours. Il s’agit essentiellement des préparatifs organisationnels au retour à l’ordre constitutionnel au plus tard en mars 2024. Cela passera par les efforts pour améliorer la sécurité, mener des réformes majeures, etc.
Dans ce sens, le Premier ministre Maïga a souligné que le Mali est le seul pays au monde accablé au même moment par « le terrorisme, les conflits communautaires manipulés par les terroristes et leurs sponsors étatiques étrangers, la criminalité transnationale organisée et les actions violentes d’individus isolés ».
Reconnaissance, mais besoin de revoir les mécanismes
« Dans sa difficile quête pour la paix, la stabilité et le développement durable, le peuple malien reste reconnaissant des efforts et des sacrifices consentis par la MINUSMA, de sa création en juillet 2013 à nos jours, visant à aider le Mali à restaurer son autorité sur l’ensemble de son territoire.
C’est pourquoi, je tiens à rendre hommage, au nom du peuple et du Gouvernement maliens, à la mémoire de toutes les victimes, maliennes comme étrangères, civiles comme militaires, tombées sur le champ d’honneur au Mali.
Cela dit, il nous faut reconnaître que près de 10 ans après son établissement, les objectifs pour lesquels la MINUSMA a été déployée au Mali ne sont pas atteints. Et ce, en dépit des nombreuses résolutions du Conseil de sécurité.
C’est pourquoi, le Gouvernement du Mali réitère sa demande, maintes fois exprimée, d’un changement de paradigme, d’une adaptation de la MINUSMA à l’environnement dans lequel elle est déployée et d’une meilleure articulation de cette mission avec les autorités maliennes », a souligné le Colonel Abdoulaye Maïga. Et de dénoncer « les influences extérieures négatives et les tentatives d’instrumentalisation de certaines entités légalement présentes au Mali, pour servir des agendas cachés, y compris à travers l’exploitation de la question des droits de l’homme aux fins de déstabilisation ».
Obscurantisme de la junte française…
Pour le locataire provisoire de la primature du Mali, le monde se souviendra qu’après avoir été abandonné en plein vol, le 10 juin 2021, par la France qui a décidé unilatéralement de retirer la force Barkhane du Mali, le pays a été ensuite poignardé dans le dos par les autorités françaises. « La précision est d’autant plus utile que nous refusons tout amalgame avec le peuple français que nous respectons », a-t-il indiqué. Avant d’enfoncer le clou contre la politique française fortement néocolonialiste.
Et le colonel Abdoulaye Maïga d’ajouter : « Obscurantisme de la junte française nostalgique de pratique néocoloniale, condescendante, paternaliste et revancharde, qui a commandité et prémédité des sanctions inédites, illégales, illégitimes et inhumaines de la CEDEAO et de l’UEMOA contre le Mali. Après plus de 10 ans d’insécurité ayant fait des milliers de morts, autant de réfugiés et de déplacés internes, n’est-ce pas un sacrilège de mettre une population malienne victime de l’insécurité dans un pays enclavé sous embargo pendant 7 mois, en procédant à la fermeture des frontières et la saisie des comptes financiers du Mali ?
Grâce à sa résilience et à la solidarité de pays amis et des peuples africains, le Peuple malien a tenu et a déjoué les pronostics de ses adversaires.
Obscurantisme de la junte française qui s’est rendue coupable d’instrumentalisation des différends ethniques, en oubliant si vite sa responsabilité dans le génocide contre les Tutsis au Rwanda, coupable également de tenter désespérément de diviser les maliens enfants d’une même famille.
Enfin, obscurantisme de la junte française, qui a violé l’espace aérien malien en y faisant voler des vecteurs aériens tels que des drones, des hélicoptères militaires et des avions de chasse, plus d’une cinquantaine de fois, en apportant des renseignements, des armes et munitions aux groupes terroristes.
Afin de se donner une bonne conscience, la junte française accuse le Mali de n’avoir pas été reconnaissant, en se gargarisant de la mort regrettable de 59 soldats français au Mali, lors de diverses opérations de lutte contre le terrorisme. A cette triste accusation, nous rappelons que dans la majorité des interventions d’officiels maliens et des cérémonies, nous rendons systématiquement un hommage à l’ensemble des victimes de l’insécurité au Mali sans distinction de nationalité, donc, y compris les 59 français décédés. Aussi, nous les invitons à ne pas s’arrêter en si bon chemin et de remonter le temps, en passant par leur intervention en Libye décriée par toute l’Afrique, sans oublier la participation forcée des milliers d’Africains à la 1ère et la seconde guerre mondiale, sans oublier la traite négrière qui explique l’essor économique de beaucoup de pays. Combien d’Africains sont-ils morts pour la France et le monde libre dans lequel nous sommes ? »
La France prise la main dans le sac…
Et l’orateur de mettre l’accent sur « la gravité des faits commis par la junte française, le Mali dans sa lettre en date du 15 août 2022, a demandé la tenue d’une réunion d’urgence du Conseil de Sécurité des Nations Unies. Cette réunion a pour objet de permettre au Mali de présenter les éléments de preuve en sa possession, démontrant que l’armée française a agressé en de maintes reprises, mon pays, en violant, de manière répétitive et fréquente l’espace aérien malien, sans autorisation des autorités maliennes et parfois en falsifiant des documents de vol….
Par la saisine du Conseil de sécurité, le Gouvernement du Mali entend mettre cet important organe, chargé à titre principal du maintien de la paix et de la sécurité internationale, face à ses responsabilités et dénoncer les agissements de la junte française contre mon pays. Ces actes hostiles sont incompatibles avec la Charte des Nations Unies et son statut de membre permanent….. ».
Pour le Premier ministre par intérim, le Mali sera désormais intraitable sur 3 principes : le respect de sa souveraineté; le respect des choix stratégiques et de partenaires opérés par le Mali, la prise en compte des intérêts vitaux du peuple malien dans les décisions prises….
En définitive, en regardant droit dans les yeux, les dirigeants des pays du monde pour asséner ces véritables qui tiennent beaucoup à cœur les Maliens, le colonel Abdoulaye Maïga, à peine monté à la primature, a apporté au cœur de ses compatriotes. C’est pourquoi ils ont été très nombreux ces Maliens, ces Africains et des millions d’habitants du monde à avoir longuement applaudi cette intervention historique de ce digne héritier des Firhoun Maïga, Sonni Ali Ber et autres Modibo Kéita. Un discours qui a permis d’adopter définitivement le Colonel Abdoulaye Maïga, cette nouvelle figure du renouveau de la nation malienne que plus jamais, personne n’osera mépriser. Une sortie fortement appréciable qui permettra au chef de l’Etat, le Colonel Assimi Goïta, confient certains observateurs, de signer le décret de confirmation du Colonel Abdoulaye Maïga comme Premier ministre, en remplacement de Dr Choguel Kokalla Maïga, en repos médical forcé depuis plus d’un mois.