Le 19 novembre 1968 et le 22 mars 2012. Deux dates tristement célèbres dans les annales de l’histoire du Mali pour avoir marqué sa marche en arrière. L’an 1968 et le 19 novembre : mené par un certain Lieutenant Moussa Traoré, un groupe de 14 militaires sous le vocable Comité militaire de libération nationale (Cmln) fait irruption sur la scène nationale en renversant le régime socialiste du Président Modibo Kéïta.
44 ans après, le 22 mars 2012, un certain capitaine Amadou Haya Sanogo apparaît à la télévision entouré d’un groupe de jeunes militaires se revendiquant du de Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l’Etat (Cnrdre) pour annoncer le renversement du régime « incompétent et désavoué du général Amadou Toumani Touré ». Ces militaires justifient leur coup de force par l’incapacité notoire du régime d’ATT à mettre les forces armées et de sécurité dans les conditions pour accomplir leur mission de défense de l’intégrité du territoire.
Si Moussa Traoré a réussi à s‘éterniser pendant 23 ans, Amadou Haya Sanogo s’est manifesté par des déclarations tonitruantes avant de faire profil bas sous la pression de la communauté internationale et une grande partie de l’opinion nationale. Même si ses compagnons d’armes et lui continuent à se mêler de tout et de rien.
Comme Moussa Traoré qui a eu à torturer, humilier, éliminer des officiers valeureux, le capitaine Sanogo a mis dans sa ligne de mire les éléments du 33ème Régiment des commandos parachutistes (RCP). Nombreux parmi ces ‘’bérets rouges’’ sont portés disparus, dont certains ont été montrés vivants à la Télévision à la suite des événements du 30 avril. Où sont-ils ? Que sont-ils devenus ?
Si les autres détenus ont été transférés au Camp I de la gendarmerie grâce aux bons offices du ministre de la Justice, Malick Coulibaly, ce dossier est cependant loin d’avoir révélé tous ses non-dits. Déjà, les organisations de défense des droits de l’homme comme Amnesty International se sont saisies du dossier au regard des traitements cruels, inhumains et dégradants infligés à des détenus, comme le laissent croire certaines vidéos circulant actuellement sur la toile mondiale.
Ce qui est surtout regrettable, c’est que l’explosion du volcan né de la volonté du capitaine Sanogo et ses ouailles d’en découdre avec les autres militaires opposés à leur coup de force pourra avoir de lourdes et graves répercussions sur la cohésion des forces armées et de sécurité du Mali. Alors que celles-ci devraient aller plutôt se battre pour récupérer les 2/3 du territoire national de l’emprise des bandes de terroristes.
Dire que, au moment où le Cnrdre envoie ses éléments lourdement armés arrêter leurs frères d’armes, les femmes et jeunes de Gao affrontent à mains nues les combattants armés du M.n.l.a en chantant l’hymne national du Mali et en hissant le drapeau national pour exiger leur départ ! Comment ne pas saluer ce courage des dignes descendants de Sonni Ali Ber et Askia Mohamed dans un contexte où les militaires qui étaient censés garantir leur sécurité préfèrent se massacrer dans les rues de Bamako ou se cacher derrière des chars de combats et autres blindés ?