«C’est un mythe, un slogan, un mensonge. Il n’y a pas de Mali-kura. Il faut que les gens acceptent que notre grand défaut, c’est parfois de nous mentir à nous-mêmes. Nous sommes souvent ce qui me fait penser un peu au jeu d’Hollywood. On fait du film. On fait du cinéma. On se prend au sérieux pour penser que la vie, c’est du cinéma. Mais, il n’y a pas de Mali-kura. Le Mali-kura dans un pays où il y a encore la corruption aggravée. On parle du Mali-kura dans un pays où il n’y a même pas de route….Dans un Mali-kura où Il n’y a aucun plan d’urgence pour sauver le paysan. Aujourd’hui, c’est la catastrophe. Il y avait de la corruption au niveau des logements sociaux, de la CANAM, de la Police. Maintenant, c’est la corruption au niveau de l’alimentation des Maliens…… Le Mali-kura où on ne se pose pas la question sur l’école malienne….. On parle du Mali-kura quand il n’y a aucune véritable réforme posée encore ce jour-là depuis la chute d’IBK….. Ce n’est pas seulement qu’Assimi soit là aujourd’hui. Je défie quiconque de me parler d’une réforme majeure qui peut changer le visage du Mali sur les 20 ou 30 années à venir. Il n’y en a pas. On parle du Mali-kura quand le Malien n’a pas une véritable orientation idéologique. On parle du Mali-kura dans les discours, oui, mais dans les faits, c’est le Malikôrô. Le Mali « Kôsayina » (le Mali récent), c’est le Mali tout récemment qui continue.
Moi, je préfère l’ancien Mali. Pourquoi ? C’est le Mali des valeurs, de la dignité. Le Mali n’était pas riche mais le Mali se retrouvait. Aujourd’hui, le Mali-kura, c’est le Mali de la division, c’est le Mali du mensonge, c’est le Mali de la corruption, c’est le Mali de la contention, c’est le Mali d’une nouvelle bourgeoisie comprador qui s’éveille. C’est le Mali où le malien croit à un rêve qui est très loin de se réaliser. Le Mali où on ne peut pas s’exprimer aujourd’hui au risque d’être taxé de mauvais malien, d’être apatride, de se faire lyncher sur la scène publique, de se faire lyncher aussi sur les réseaux sociaux. Ce Mali-kura, il ne faut pas l’aimer parce que c’est le Mali-kura de la pensée unique qui est contraire à tout esprit démocratique. Et c’est le Mali-kura de la clochardisation de la gestion du pays. »
Pr Clément Dembélé a tenu ces propos, le 02 octobre 2022, sur le plateau de l’émission «Le rendez-vous des idées » sur le thème « Le Mali face à la communauté internationale » de notre excellent confrère Mohamed Attaher Halidou de “Joliba Tv new” . Un vrai réquisitoire du Président de la Plateforme contre la corruption et le chômage au Mali (PCC). Une grosse pierre dans le jardin des adeptes du Mali-Kura.
On peut ne pas aimer Pr Clément Dembélé pour certaines de ses déclarations qui créent souvent la controverse. Comme aussi on peut détester Pr Clément Dembélé pour ses prises de position. Mais, il est incontestable que le Président du PCC a été l’un des précurseurs de la lutte qui a abouti au changement intervenu le 18 août 2020 avec la chute du Président IBK. Le 9 mai 2020, il a été enlevé en pleine rue puis conduit dans les locaux de la Direction générale de la Sécurité d’Etat (DGSE) où on a rasé son crâne. Détenu pendant treize (13) jours dans une cellule sans fenêtre, il a subi des tortures psychologiques avant son transfert au Camp I de la Gendarmerie nationale. Il a été interrogé par le Procureur de la République près le Tribunal de grande instance de la Commune I qui l’a poursuivi non détenu.