Macky Sall, président du Sénégal et par ailleurs président en exercice de l’Union africaine, a, en marge de la 77ème session du sommet des Nations-unies, accordé un entretien à VOA Afrique. Dans lequel, il a été question de la position de la Cédéao sur la crise entre le Mali et le Côte d’Ivoire, la position de l’Afrique sur la crise russo-ukrainienne et de son discours à la tribune des Nations-unies.
Selon le président Macky Sall, le monde tel que ça fonctionne aujourd’hui n’est un monde juste et cela se voit à travers les différentes organisations internationales dont la première est les Nations-unions, qui est une organisation créée après la seconde guerre, pour donner la part belle aux pays qui avaient gagné la guerre. Il a rappelé qu’avant la mise en place cette organisation, l’essentiel des pays africains et latinos n’étaient là qu’en tant que colonies et non en tant que membres.
Ainsi, selon lui, la façon dont cette organisation a été créée, avec le mandat qu’elle a, avec 5 membres permanents qui ont le droit de veto, qui peuvent bloquer l’organisation lorsqu’ils ne veulent pas adhérer à une décision, tout ceci doit évoluer.
Pour le président en exercice de l’UA, c’est injuste que le continent africain, avec plus de 54 pays et une population estimée à 1,4 milliard d’habitants, n’ait pas un seul siège de membre permanent. Alors que l’essentiel des sujets du Conseil de l’ONU concerne l’Afrique avec les conflits, la lutte contre le terrorisme etc.
S’agissant des institutions de Bretton Woods, notamment le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale, le président Sall a affirmé que les droits sont allés aux grands pays qui ont gagné la seconde guerre mondiale.
« Ça, on l’a vu dans l’émission des droits de tirage spéciaux, toute l’Afrique n’a eu que 33 milliards sur les 650 » a-t-il rappelé. Il faut alors, selon le président Sall, un monde plus juste, car « nous ne pouvons pas continuer dans cette situation où très peu de pays veulent gouverner le monde et cela à travers un élargissement des droits dans les organisations ».
Concernant la crise russo-ukrainienne, le président Macky Sall a expliqué que l’Afrique condamne naturellement toute agression, mais qu’on ne peut pas obliger les pays africains vivant dans des conditions économiques très précaires, à suivre ses partenaires occidentaux dans leur logique de condamnation tout en fustigeant leurs proches et en oubliant leurs problèmes prioritaires. Alors que ces pays africains ont aussi des opinions publiques qui sont tout à fait hostiles à ce type de décision.
S’agissant de la position de la Cédéao sur la crise entre Bamako et Abidjan, Macky Sall espère que la délégation des trois chefs d’Etat, qui devrait se rendre à Bamako, ce mardi, le 27 septembre 2022, pour discuter avec les Autorités de la Transition, obtiendra la libération des 46 autres soldats restant qui est une demande pressante et cela dans l’intérêt de la cohabitation entre les pays voisins.
S’agissant de la question d’un possible bras de fer entre la Cédéao et le Mali, en cas d’échec de cette délégation, le président Sall répond qu’il ne faut pas présager un bras de fer, qu’ils (les chefs d’Etat de la Cédéao) souhaitent une solution et que, lui, il préfère être dans la recherche de la solution plutôt qu’être dans d’autres perspectives.