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(Opinion) : Le Mali, de la suzeraineté à la vraie indépendance!
Publié le mercredi 12 octobre 2022  |  Le pelican
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Si l’on s’en tient à la définition du terme « suzeraineté » qui signifie une situation dans laquelle un Etat, une Nation est tributaire d’une entité ou Autorité plus puissante qui lui accorde une autonomie intérieure restreinte ou conditionnée, on peut en déduire que la République du Mali du 22 septembre 1968 au 22 septembre 2022, autrefois appelée Soudan français, n’avait pas connu une indépendance vraie au sens réel du mot. L’entité ou l’autorité plus puissante ici désignée est bien la France suzeraine ou coloniale et impérialiste. L’indépendance quant à elle, étant une condition dans laquelle les résidents d’un pays, d’une Nation, un pays, exercent l’auto gouvernance et habituellement, une souveraineté totale sur le territoire.

L’obtention d’une telle indépendance sur le continent africain fut tantôt pacifique, tantôt violente. Au Soudan Français, elle n’a pas été facile, pour le premier président du Mali Modibo Kéïta et ses camarades de lutte de l’époque. C’était par la sueur et par le sang de nos illustres héros dont Babemba Traoré, Koumi Diossé, Biton Coulibaly, Fihrun Ag Elinsar, etc., que cette indépendance fut obtenue. C’est pourquoi, l’évènement fêté depuis le 22 septembre 1960 de chaque année, constitue un moment particulièrement fort dans la vie de la Nation malienne.

Il est cependant important de souligner que Modibo Kéïta, qui a conduit le Soudan Français à l’indépendance sous le nom de la République du Mali, avait pu, en huit ans de gouvernance partagée, asseoir les bases solides d’une vraie indépendance. Une indépendance économique, minière et énergétique avec la création de plusieurs unités industrielles comme la SONATAM (Société Nationale des Tabacs et Allumettes du Mali), la GCM (Grande Confiserie du Mali), la SOCIMA (Société des Cimenteries du Mali), la SOCOMA (Société des Conserves du Mali), la Briqueterie de Magnambougou, etc., des unités de production et de distribution d’électricité, la SONAREM (Société Nationale d’Exploitation des Ressources Minières), une indépendance monétaire avec la création du franc malien et une indépendance sécuritaire par la mise en place le 20 janvier 1961, de la nouvelle Armée Nationale du Mali sous le commandement du Général Abdoulaye Soumaré qui, avec ses autres frères d’armes dont Kélétigui Drabo, se sont engagés à structurer cette Armée, premier symbole de la souveraineté de notre pays, le Mali.

Malheureusement, le 19 novembre 1968, un coup d’état militaire, dirigé par le lieutenant Moussa Traoré, met un coup d’arrêt à cette marche vers l’espérance des maliens, après une vraie indépendance acquise sous la direction de Modibo Kéïta et ses camarades de lutte. Depuis cette date, la politique du Mali a tourné le dos au modèle du socialisme avec tous ses acquis. Cela, en termes de progrès politico-économique, social et sécuritaire, une option pour laquelle la France coloniale n’avait jamais pardonné au président Modibo Kéïta. La suite est connue, ce sont près de trois décennies de dictature militaro-politique avec la bénédiction de l’ex-puissance coloniale, de retour en force.

L’avènement de mars 1991 et ses déboires

Une dictature qui s’installe assurément et va durer jusqu’en mars 1991, quand la révolution populaire triomphera dans un bain de sang au nom de la démocratie pluraliste. Par contre, après trente ans d’exercice démocratique, le peuple du Mali s’est rendu compte que les acteurs du mouvement démocratique de 1991, ont trahi la mémoire des martyrs en déviant la trajectoire ainsi dessinée par un peuple souverain qui vivra de 1992 à août 2020, sous la chape d’un fatras de lois de façade, de démocratie mal comprise et mal appliquée et de gouvernance frelatée, responsables du partage inéquitable des richesses, de la corruption à ciel ouvert, de la gabegie financière et du mépris des intérêts vitaux du peuple du Mali, au détriment de ceux de la France coloniale qui dicte désormais ses lois à nos autorités sans contrepartie.

Ainsi, en considérant que le Mali est notre seule patrie d’adoption qui nous a généreusement accueillis et permis de recouvrer notre honneur et notre dignité aux lendemains de notre indépendance, nous avons en tant que citoyens, le devoir de dénoncer les tares (déboires) de nos gouvernants notamment ces acteurs du mouvement démocratique qui ont niaisement ignoré et méprisé ce peuple pendant trente ans au milieu des ruines à l’origine de la déliquescence de l’Etat malien, jusqu’au coup d’Etat de mars 2012 contre le président Amadou Toumani Touré, marqué entre autres, par une période d’instabilité politique et institutionnelle, l’arrivée en masse des djihadistes sous la direction des ex-rebelles touaregs, avançant vers le Sud après avoir occupé tout le Nord du pays et l’intervention militaire de la force française Serval, etc.

Pour ne rien arranger, le président Ibrahim Boubacar Kéïta est élu en 2012, puis réélu en 2018. Il brille par sa gouvernance médiocre, gangrenée par la corruption, le népotisme et l’injustice, etc. Pendant sept ans d’exercice, le peuple avait perdu tout espoir dans un pouvoir qu’il ne se reconnaissait plus. Son honneur et sa dignité et sa souveraineté se sont volatilisés, d’autant plus que ce sont les français qui décident de tout, depuis la chute du président Modibo Kéïta en 1968. Nous n’étions que théoriquement indépendants. Alors que le pays est affaibli et occupé dans ses deux tiers par une horde de terroristes tuant en masse et incendiant villages, villes, récoltes et infrastructures, etc.

L’insurrection du M5-RFP, le Putsch du CNSP et la rectification

C’est dans ce contexte que le peuple du Mali, meurtri et désabusé, recherche désespérément un sauveur. Ainsi, arrivent les cinq colonels de l’Armée du Mali avec à leur tête le colonel Assimi Goïta qui, tirant l’échec d’une présidence faillie et impopulaire, décident de déposer le 18 août 2020, sans effusion de sang, le président IBK, par un coup d’Etat favorisé par le ras-le-bol d’une grande partie de ce peuple, permettant ainsi, l’installation d’un régime de Transition d’abord dirigé de septembre 2020 à mai 2021 par Ba N’Daw et son Premier ministre, Moctar Ouane. Lesquels sont qualifiés d’hommes de main de la France. Puis survient une nouvelle Transition, dite de Rectification, à partir du 24 mai 2021.

Sous la présidence du colonel Assimi Goïta, appuyé par le PM Choguel Kokalla Maïga du M5RFP, le Mali s’oppose fermement aux intérêts néocolonialistes de la France prédatrice. Laquelle va qualifier nos dirigeants d’ « irresponsables et illégitimes » issus d’un « coup d’Etat dans un coup d’Etat ». Depuis, cette France ne manque aucune occasion pour vilipender et discréditer les Autorités de la Transition, par des propos condescendants, injurieux et parfois belliqueux. Pourtant au Burkina Faso où le même scénario s’est produit, c’est-à-dire, cet autre « coup d’Etat dans un coup d’Etat », la France au risque de s’y voir chassée comme une malpropre, a choisi un silence de cimetière. Où est donc la logique ? N’est-ce pas, du deux poids, deux mesures comme s’il existe de bons coups d’Etat et de mauvais coups d’Etat ?

La résilience du Peuple Malien

De toute façon l’opposition de la Transition actuelle aux diktats de la France impérialiste, lui a valu la foudre de la Communauté internationale et sous-régionale (la CEDEAO et l’UEMOA). Ces machins ont infligé au Mali, de janvier à juillet 2022, des sanctions politiques, économiques et financières illégales, injustes et inhumaines sous le diktat d’une France revancharde, multipliant ses coups bas, sous-estimant et méprisant un peuple entièrement acquis aux Autorités de la Transition de Rectification.

Depuis, le Mali a ouvert une nouvelle page de son histoire sous l’égide des hommes et des femmes, civils et militaires, acquis à la cause légitime du peuple, c’est-à-dire, à son choix pour la restitution de son honneur, de sa dignité et de sa vraie indépendance.

Chassée du Mali dans une humiliation dégoûtante de « Crystal Lei », la France subit ainsi, la deuxième grande défaite de son histoire après celle de Dien-Bien-Phu au Vietnam le 07 mai 1954, sous l’assaut des troupes du général Giap. Comme si tout cela ne suffisait pas, le président Macron le pyromane et l’imposteur, entreprend avec l’aide de certains dirigeants de pays voisins du Mali, gagnés par la haine et l’anosognosie, une série d’actions déstabilisatrices contre notre pays et son peuple, déterminés à défendre par tous les moyens, l’indépendance vraie, acquise sous la Transition de Rectification.

L’affaire des « 49 soldats ivoiriens »

C’est dans cette situation de crises politico-sécuritaires sécrétée par la France de Macron, que quarante-neuf « militaires ivoiriens », en possession d’un arsenal important d’armes de guerre, sont arrêtés le 10 juillet 2022 et qualifiés par nos Autorités de mercenaires. À la suite d’enquêtes minutieusement menées, ils sont qualifiés par nos Autorités de mercenaires. Puis, ils sont inculpés, pour tentative à la sûreté de l’Etat.

L’affaire est devenue si grave, qu’elle a mis en branle toute la communauté internationale dont : l’Union Européenne, l’Union Africaine, la CEDEAO et l’ONU. Toutes sont favorables à la Côte d’Ivoire d’Alassane Dramane Ouattara, Alias « gnamakoudji ». Lequel va œuvrer à faire passer le Mali du statut de victime à celui de bourreau. Cela, malgré la bonne foi des autorités maliennes pour la résolution à l’amiable de ce contentieux très complexe entre deux pays frères.

Comme le dit un vieil adage, le mensonge n’a pas une durée de vie longue. La suite de cette sulfureuse affaire tourne par la suite à l’avantage du Mali, après la mission de haut niveau des dirigeants de la CEDEAO dépêchée auprès de ses Autorités. Que s’est-il passé à la fin de cette mission ? Dans tous les cas, elle demeure silencieuse. Alors que, c’est un secret de Polichinelle, ces prisonniers qu’on dit être tous des militaires ivoiriens, sont en réalité de différentes nationalités (ivoirienne, sud-africaine, sierra-léonaise, togolaise, libérienne) avec une mission bien précise, celle de la déstabilisation de la Transition et ses institutions.

Le pays de Modibo Kéïta a fêté, il y a deux semaines, avec sobriété, mais dans un élan patriotique les soixante-deux ans de son indépendance vraie, retrouvée, comme pendant les huit premières années (1960-1968). Désormais le Mali est honoré !

Dr. Allaye GARANGO, enseignant chercheur – Ensup /Bamako (Mali)

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