Le nom d’Adama Koné renvoie à l’homme qui s’est illustré par trois casquettes : athlète, grand commis de l’Etat, homme politique. Il fait partie des sportifs que nous avons connus et côtoyés durant notre adolescence et jeunesse au début des années 1980. C’était à la faveur du cross-country organisé en son temps par la mairie de la Commune III, sous le parrainage de la section UDPM de la Commune. Durant trois ans, il a occupé la première place de la catégorie senior sur une distance de 15 km. Tel un président, il se signalait à l’arrivée par une escorte de supporters de son club, le Djoliba AC, qui l’encadraient et le galvanisaient. Adama Koné en sa qualité de ministre des Sports est, devant l’Histoire, l’initiateur de la candidature du Mali pour l’organisation de la Can-2002 dans notre pays. Rêve ou mégalomanie ? Parce que le Mali ne possédait rien en termes d’infrastructures. Il fallait tout créer. Mais il a tellement insisté sur sa communication verbale en conseil de ministres, que le président Alpha Oumar Konaré a fini par adhérer au projet. Seulement à six mois de la Can, Adama Koné est débarqué du gouvernement, quand tous les obstacles étaient presque levés. Quel était son secret dans l’athlétisme ? Comment il a atteint le haut niveau ? Pourquoi et comment la Can-2002 fut un projet de développement ? Cela fait des années que l’ancien ministre observe un silence de carpe, la rubrique “Que sont-ils devenus?” l’a rencontré pour parler de sa carrière aux trois niveaux précités.
dama Koné était un athlète imbattable aux 800, 1500 et 5000 mètres. Il se battait pour la gloire du pays, les bons résultats et non l’argent. Infatigable sur toute la ligne, il ne montrait jamais de signe de fatigue dans une compétition. Dans un rythme cadencé en fonction de la distance, il donnait un vrai faux espoir à ses adversaires pour ensuite les coiffer au poteau par une accélération qui reflétait sa forme du jour.
Adama Koné a-t-il un secret ? Non, répond-t-il. Fils de paysans, il sait ce qu’il a laissé derrière lui au village et pourquoi il est à Bamako. Une auto éducation qui l’éloigne des excitants pour une vie de sportif. Cependant, à l’avant veille de la Can-2002, le choix des villes pour abriter les matches fait couler beaucoup d’encre. Nous revenons sur cet épisode avec le ministre Koné, qui était au centre du pilotage du sport malien.
Adama Koné
“Jeune frère Roger vous réveillez un vieux démon. Cette histoire perturbait mon sommeil à l’époque. Toutes les régions ont envoyé une délégation. Celle de Kayes soutenait que le seul fait que le président Alpha Oumar Konaré soit originaire de la première région, suffit pour retenir la Cité des rails. Je suis né à Sikasso, des études m’ont conduit à Ségou. Les deux zones se disputaient ma paternité pour bénéficier de mon soutien. Au même moment Mopti et Sevaré s’entre-déchiraient sur le choix de terrains. Comment faire pour satisfaire tout le monde ? Alors que deux villes seulement devaient être retenues. J’ai présenté une communication verbale en conseil des ministres en mettant un accent particulier sur la frustration sociale. Aussi j’ai développé l’argumentation sur le projet de société que la compétition offre comme opportunité. La solidarité gouvernementale m’a permis de solutionner le problème. C’est ainsi que toutes les villes ont été choisies. Pour le cas de Mopti, il a été décidé de réaliser un terrain d’entraînement à Sevaré pour calmer les esprits”.
Initialement, Adama Koné pratiquait toutes les disciplines lors des semaines locales à San, dans la région de Ségou. Admis au DEF en 1973 et orienté au lycée Askia Mohamed, sa carrière prend une autre dimension. Mais il devra cette ascension fulgurante à Namakoro Niaré (champion d’Afrique en disque et poids aux Jeux africains de 1965 à Brazzaville), président de la Fédération malienne d’athlétisme à l’époque.
C’est par l’intermédiaire d’un de ses camarades du lycée que celui-ci le mit à l’épreuve au tournoi d’ouverture de la saison. Ce jour pieds nus, Adama Koné a défié le champion du district et s’est imposé sur les 5000 mètres. C’est à ce moment que Namakoro Niaré a compris que le jeunot n’est pas un novice dans l’athlétisme. Il lui conseillera d’intégrer un club, sa prestation annonçant un bel avenir. Adama Koné avait déjà le Djoliba dans son sang, il va donc rejoindre la grande famille Rouge. Il écrira l’une des plus belles pages de son histoire avec le record de champion du Mali pendant dix ans ( 1975-1985) sur les 800, 1500 et 5000 mètres.
Sport de haut niveau et études
Un parcours émaillé de compétitions internationales : le Tournoi d’athlétisme à Dakar en 1975 avec une médaille d’argent, celui de Lagos en 1980, les Jeux africains d’Alger (1978), le tournoi Spartakyade à Moscou (1980), trois fois premiers au cross-country de la mairie de la Commune III dans la catégorie senior (1981, 1982, 1983). Adama Koné a su concilier sports et études.
Nanti du baccalauréat en série sciences biologiques, il entre à l’Ecole nationale d’administration. Son cursus supérieur est sanctionné par une maîtrise en économie. Quelques mois après sa sortie il décroche un emploi à British Petroleum (BP), comme inspecteur commercial. Et ce jusqu’en avril 1994. Un de ses amis d’enfance crée les Stations Ben & Co et lui confie la direction commerciale. Une responsabilité qu’il assume pendant trois ans (1994- 1997).
Il entre au gouvernement en 1997 comme ministre des Sports sous les couleurs du Parti pour la démocratie et le progrès (PDP). Comment il a migré dans la politique pour occuper de hautes fonctions ? Le mérite revient là aussi à son ami, Mamadou Kouma, qui lui demande d’être son compagnon de lutte dans le PDP.
Il commence par militer en Commune III, puis dans la section IV du district de Bamako. A la suite d’une crise au PDP, Adama Koné est désigné pour diriger la commission d’organisation du congrès extraordinaire. Il signe son entrée dans le bureau politique national comme premier secrétaire aux relations extérieures. Et quand il s’est agi de former un gouvernement d’union nationale autour de l’Adéma, le président Alpha Oumar Konaré retient son dossier et le nomme comme ministre des Sports.
En toute sincérité, l’homme s’est distingué par sa volonté de donner un second souffle au sport malien en général, et le football en particulier. Aujourd’hui, très modeste, il se réserve de revendiquer la paternité de tous les actes posés et qui ont fait l’objet de réussite. Pour lui, c’est le résultat d’un travail collégial avec l’ensemble des membres du gouvernement, ses collaborateurs. Sans le soutien et l’accompagnement de ceux-ci je ne saurai réussir, soutient-il.
A son arrivée à la tête du département des Sports, l’environnement n’était pas sain. Adama Koné convainc le Premier ministre IBK et le président Alpha à soutenir son projet. La même année les Aigles remportent la Coupe Cabral à Banjul, un an plus tard les juniors créent la sensation à la Can et à la Coupe du monde.
Mais, contre toute attente l’ancien athlète quitte le gouvernement en juin 2001. Entre-temps une autre crise au sein du PDP précipite la création de son parti avec d’autres partis : Parti pour la démocratie et le renouveau parce que les élections municipales pointaient à l’horizon. Laquelle formation politique n’a pu résister aux différentes péripéties du jeu démocratique. Elle finit par fusionner avec l’URD. Par la suite, Adama Koné fait un passage à l’Adéma, puis à la Codem. Mais pour des convenances personnelles, il soutient avoir pris du recul.
Humilité
Reconnu pour sa rigueur, il est sollicité pour diriger le Comité de normalisation des sports équestres en 2014. Nommé pour une mission de 12 mois, il la termine en six mois avec la mise en place d’un bureau légitime. Pour lui, l’enfant sale après son bain, doit être remis à ses parents. Sinon des propriétaires de chevaux avaient suggéré sa démission pour pouvoir se présenter. Mais Adama Koné dit avoir respecté l’honneur placé en sa modeste personne.
D’autre part avec la situation politico sécuritaire, il a décidé d’être plus actif à l’Alliance pour une Transition intelligente et réussie.
L’homme est marié et père de trois enfants. Comme bons souvenirs, il retient les félicitations pour services rendus à la nation, du président Alpha Oumar Konaré en conseil de ministres au lendemain du sacre des Aigles à la Coupe Cabral à Banjul, son élection comme conseiller municipal en Commune IV (1992), et les différentes médailles reçues durant sa carrière.
Son échec au stage de la Confejes en France où il a raté le record du Mali à cause du non-respect des consignes de l’entraineur, la défaite des Aigles contre les Eléphants de la Côte d’Ivoire à Bamako le 4 octobre 1998 sont ses mauvais souvenirs.
Faut-il rappeler qu’immédiatement après cette rencontre, le président a demandé au PM IBK d’organiser une rencontre avec les joueurs à l’hôtel Faso en présence du ministre des Sports. Parce qu’il lui a été rapporté que celui-ci était inconsolable et ne retenait pas ses larmes. Donc le PM a rassuré les jeunes et leur encadrement du soutien du gouvernement malgré la défaite inattendue. Au moins les Ivoiriens avaient tremblé avant ce but anodin.
Dans la vie Adama Koné aime le sport, la franchise, la vie communautaire. Il déteste le mensonge et la traitrise.