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Primature : Assimi va-t-il lâcher Choguel en plein vol ?
Publié le mercredi 19 octobre 2022  |  Nouveau Réveil
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© Présidence par DR
Premier Conseil des Ministres du gouvernement Choguel K Maiga
Bamako le 16 juin 2021. Le président de la Transition, Assimi Goïta, a présidé son premier Conseil des ministres au palais de Koulouba, ce mercredi.
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Kokalla Maïga, a été marqué, il y a 2 mois, par un décret présidentiel mettant sur orbite, le colonel Abdoulaye Maïga, comme intérimaire du chef du gouvernement. Depuis, c’est le Colonel Abdoulaye dont on se rappelle son fameux discours à la Tribune de l’ONU qui contrôle la Primature.

En général, les décrets définissant les attributions et les préséances des gouvernements, énoncent clairement les intérims des Premiers ministres. Il s’agit d’une simple préséance gouvernementale qui permet par exemple au ministre de la Défense ou de l’Administration territoriale ou encore celui de l’Économie et des Finances de remplacer, provisoirement, le chef du gouvernement, lorsque ce dernier est en missions. Mais, si le président malien de la Transition a dû user d’un décret pour ouvrir un intérim, il s’agit d’un acte visant à remplacer purement et simplement le Premier ministre, malade.

Connu pour son franc-parler, qualifié de « gilet pare-balles » du président, le Premier ministre Dr Choguel Maïga est l’un des hommes forts de la transition. Mais alors que les critiques montent de toute part et que sa convalescence se prolonge au point que des rumeurs sur sa démission, le mardi dernier, ont enflammé les réseaux sociaux, ses jours à la tête du gouvernement malien, semblent désormais comptés.

Les jours de Choguel Kokalla Maïga à la tête du gouvernement de transition sont-ils comptés?

Après l’hospitalisation de Choguel, les rumeurs les plus folles sur son départ de la primature malienne, agitent les cercles politiques. Et depuis la nomination du colonel Abdoulaye Maïga pour assurer l’intérim du PM Choguel, le président de la transition, le colonel Assimi Goïta, si l’on en croit des sources, aurait engagé des consultations en vue d’un remaniement de l’attelage gouvernemental.



Aussi populaire qu’il soit, le Premier ministre Choguel semble avoir du mal à tenir son premier cercle. Au conseil des ministres hebdomadaire, l’absentéisme est devenu si visible que le président Assimi Goïta a dû, en personne, taper du poing sur la table, et pousser le chef du gouvernement, Dr Choguel, à envoyer une lettre circulaire en forme de rappel à l’ordre : « Sauf empêchement dûment justifié, la présence de tous les membres du gouvernement est obligatoire. Pour ce faire, le Premier ministre ainsi que le secrétariat général du gouvernement doivent être régulièrement informés des motifs des absences de chaque ministre aux sessions du conseil des ministres, et cela avant la date de la tenue dudit conseil », indique la lettre en date du 9 mars 2022.

Choguel se tire une balle dans le pied

« Le problème, c’est Choguel Maiga », renchérissent des acteurs de la société civile. Pourtant, à son arrivée à la primature, il avait promis une « gouvernance de rupture par l’exemple », la publication d’une liste des bénéficiaires des logements sociaux, a soulevé une grogne presque généralisée, en début du mois de février dernier.

Normalement « destinés aux populations à revenus faibles et intermédiaires », ces logements avaient été attribués à de nombreux proches des autorités de la transition. Parmi ceux-ci, la fille du PM Choguel Kokalla Maïga. Le chef du gouvernement a nié, en bloc, être au courant, tout en dénonçant « une stratégie de diabolisation élaborée depuis Paris avec des relais locaux ». Mais ni ce discours, ni l’annulation de l’attribution des logements par le président de la transition, le colonel Assimi Goïta, n’ont suffi à faire retomber l’indignation. L’affaire a donné du grain à moudre à une partie de la classe politique réunie au sein du Cadre d’échanges des partis et regroupements politiques pour une transition réussie.

Cette coalition a appelé à « la mise en place d’un gouvernement neutre, d’un Premier ministre qui ne soit pas partisan » et a annoncé la fin de la reconnaissance du régime en place, à partir du 25 mars dernier. Depuis, le président Assimi aurait pris la mesure de la situation et engager un dialogue constructif.

Cependant, il aura fallu l’unique occasion, le ‘’repos médical forcé’’ du PM Choguel pour que le Président Assimi ouvre la voie à une ‘’retraite anticipée’’ de Choguel. Et la nomination du colonel Abdoulaye Maïga comme Premier ministre par intérim est l’illustration de cette thèse. Ce dernier a saisi la balle au bond et profiter de la tribune de l’ONU pour produire du Choguel Maïga bonifié.

Solennel, froid, en grand bazin blanc, le PM par intérim du Mali, le colonel Abdoulaye Maïga, n’a épargné personne lorsqu’est venu le moment pour lui de prendre la parole à la tribune de l’ONU. Ni Antonio Guterres, le Secrétaire général des Nations unies, à qui il a aimablement rappelé qu’il n’était pas un « chef d’État ». Ni le président bissau-guinéen, Umaro Sissoco Embaló, qui préside la CEDEAO, auquel il a invité à ne pas confondre « le principe de subsidiarité » qui existe entre la CEDEAO et les Nations unies et le principe de mimétisme. Il est fait référence ici au fait que le président Embalo s’est aligné sur la lecture du patron de l’ONU, selon laquelle les 49 soldats ivoiriens détenus au Mali, ne sont pas des mercenaires

Au président nigérien, le PM intérimaire du Mali, le colonel Adoulaye Maïga, a adressé des mots qui font froid dans le dos. Parlant en effet de lui, il a utilisé le vocable « d’étranger qui se réclame du Niger ».

Mais ses attaques les plus létales ce jour, ont visé la France, avec une formule répétée trois fois sous les applaudissements de sa délégation : «Les autorités françaises, profondément anti-françaises pour avoir renié les valeurs morales universelles, ont trahi le lourd héritage humaniste des philosophes des Lumières et se sont transformées en une junte au service de l’obscurantisme. »

Depuis cette sortie en fanfare, la popularité du PM Abdoulaye Maïga ne fait que grimper ; au point que beaucoup de maliens voient en lui un PM rassembleur et exigent à ce qu’il ne soit plus l’intérimaire du Dr Choguel Maïga ; mais plutôt, son remplaçant à la Primature.

Pour la majorité de la classe politique malienne, avec Choguel la primature est animée par des militants d’une seule tendance : « Ils traitent tous ceux qui ne sont pas d’accord avec eux “d’apatride” et les accusent de tous les pêchés ».

Choguel vomis ?

Au regard de l’évolution de toutes ces situations qui prévalent dans le pays, gouverner pourrait pourtant devenir compliqué pour le Premier ministre Choguel. Car il n’y a pas que l’opposition qui grince des dents. dans son propre camp, le Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP). Les membres du comité stratégique de la coalition se sont réunis pendant cinq heures à Badalabougou et se sont opposés sur des questions stratégiques. Des ténors comme Konimba Sidibé, Mme Sy Kadiatou Sow, Modibo Sidibé, Mohamed Aly Bathily ont par ailleurs reproché à Choguel Maïga son refus de céder la présidence de ce comité.

Face à l’adversité, le PM Choguel pourra-t-il garder sa place ? Plusieurs sources l’affirment : Choguel Kokalla Maïga a désormais trop d’adversaires et c’est probable qu’il soit lâché en plein vol par Assimi. Ses jours sont bel et bien comptés, assure une source bien introduite. « La junte va le faire partir. Les militaires cherchent juste un prétexte », assure-t-elle.

Jean Pierre James
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