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À propos de la militarisation de la police et de la protection civile : Que recherche Mamadou Z. Sidibé, inspecteur général de police à la retraite ?
Publié le mercredi 19 octobre 2022  |  Le National
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Faire capoter le projet ou chantage à l’équivalence des grades ? Créer une atmosphère de suspicions victimaires pour pousser les policiers à des mouvements de protestation ? L’ancien directeur général de la police était l’invité de Robert Dissa dans l’émission… d’Africable Télévision, le vendredi soir, 07 octobre. Il a bien joué son rôle « d’avocat corporatiste », non sans paraître souvent comme l’avocat du diable. C’est ce que pense le Capitaine MLK de l’armée nationale.

« Monsieur le Directeur de la publication du journal Le National,

J’ai lu dans votre édition n° 488 du mercredi, 12 octobre 2022, l’excellent article de Monsieur Sy Eric sur la problématique de la militarisation de la police nationale et de la Protection civile, sous le titre bien inspiré de « Les policiers entre chantage et indiscipline ». Je note que deux jours seulement après la publication du communiqué du conseil des ministres, l’ancien directeur général adjoint de la police nationale, l’inspecteur Mamadou Z. Sidibé était l’invité d’une émission de grande écoute sur le plateau d’Africable Télévision. Dans le cadre du débat contraire, je vous prie de publier ma réaction à l’attention de vos nombreux lecteurs et sans doute pour des milliers de Maliens qui ont accès aux articles de votre bon journal grâce aux réseaux sociaux… ».

Depuis la publication du projet de loi portant sur la militarisation de la police et de la protection civile, les policiers et leurs nombreux syndicats, 14 au total-un record pour une corporation au Mali- sont dans un lobbying qui n’échappe à personne. Ils font le rappel de leur ban et arrière-ban, si bien que ce des anciens policiers qui montent au créneau pour ce qui ressemble à un baroud d’honneur. Les policiers ne semblent en tout cas pas accepter la recommandation formulée par les Assises Nationales de la Refondation quant à leur militarisation, encore moins la décision prise par le conseil des ministres du mercredi, 05 octobre 2022, allant dans ce sens. Que dit le communiqué dudit conseil des ministres ? « Sur le rapport du ministre de la Sécurité et de la Protection civile, le Conseil des ministres a adopté un projet de loi portant militarisation de la Police nationale et de la Protection civile. Au regard de la situation sécuritaire et des défis multiples auxquels les forces de défense font face, il a été souverainement recommandé lors des Assises nationales de la Refondation de militariser la Police nationale. Le projet de loi adopté consacre la militarisation de la Police nationale et de la Protection civile. Cette militarisation permettra de déployer la Police nationale dans les zones reconquises par l’Armée afin d’y assurer la sécurité des populations et de leurs biens et empêcher le retour des forces du mal. Elle est étendue à la Protection civile qui constitue le deuxième segment du Ministère de la Sécurité et de la Protection Civile avec la Police Nationale pour permettre de couvrir l’arrière des forces engagées au combat en vue de préserver les acquis et sécuriser l’Administration et les populations. Sur cette base, les fonctionnaires de la Police nationale et de la Protection Civile engagés en opération, bénéficieront des mêmes avantages que les autres militaires. La militarisation de la Police nationale et de la Protection civile concourt à la réalisation des objectifs de la refondation de l’Etat. » Est-il dit dans cette formulation que les policiers et les agents de la Protection civile deviendront des militaires à part entière ? Non, pas du tout. Il s’agit donc, ni plus ni moins, de la volonté exprimée par le peuple que le gouvernement entend appliquer. Plutôt que de s’y soumettre, les policiers s’ingénient depuis deuxsemaines à en faire une affaire d’équivalence de grades pour se mettre au même niveau que les militaires, quand bien même les vocations, en considérant les missions qui leur seront dévolues dans le cadre de leur militarisation, ne sont pas à proprement parler des missions tout à fait militaires, mais des missions de sécurisation des citoyens dans des zones où, conformément à sa mission régalienne, l’armée aura libérées pour s’engager sur d’autres théâtres d’opération. Des nuances, les policiers s’en moquent certainement et ils risquent de créer un problème qui ne doit pas exister.


Un policier ne conduit pas une opération militaire ni terrestre, ni aérienne

L’ancien directeur général adjoint de la police nationale et ancien gouverneur de la région de Kayes, l’inspecteur général de la police Mamadou Z. Sidibé cherche quoi ou recherche quoi ? Sans être dans sa tête, je me permets d’affirmer qu’il veut fairecapoter la militarisation de la police, objectif clair de ses sorties médiatiques ces derniers jours. En tout cas, ce qui est nettement compréhensible dans sa démarche à travers les propos qu’il distille avec ruse, c’est qu’il est en train de jouer pour le moins à l’avocat corporatiste, ce qui ne surprend pas chez l’ancien syndicaliste qu’il demeure. Mais ignorer que c’est le peuple qui a décidé souverainement que la Police nationale et la Protection civile soient militarisées, il y a une mauvaise foi que de vouloir ramener la nécessité de la militarisation à une insidieuse équivalence des grades. C’est très curieux. La Police nationale est certes une institution sécuritaire de la République, mais un policier n’est pas un militaire au sens premier. Un policier ne conduit pas une opération militaire ni terrestre, ni aérienne, ni navale. Autrement dit, ce n’est pas à un policier de s’embarquer sur un char de combat ou de piloter un aéronef : il n’en a pas la formation. Le communiqué du conseil des ministres du mercredi, 05 octobre, n’a d’ailleurs pas été formulé avec ambiguïté sur le sujet. Mais l’ancien commissaire de policesyndicaliste s’est échiné au cours de l’émission à vouloir faire croire aux esprits faibles qu’un officier de police est l’équivalent d’un officier de l’armée. Alors, quelle sera alors l’équivalent des commissaires de police au sein de l’armée ? Il sait tout simplement qu’en changeant de dénomination d’inspecteur à officier, comme lui et ceux de sa corporation l’ont réussi dans un passé récent, les autorités de l’époque ont créé un monstre quidevait finir par mettre en mal l’unité au sein des forces armées et de sécurité. Il est donc bien dans la continuité d’une œuvre qu’il a rondement menée avec ruse, mais il oublie que les temps ont radicalement changé et que l’attention des dirigeants de la transition se soucie d’éviter les amalgames à tous les niveaux. Il aurait dû faire remarquer que le problème de transposition desgrades ne se pose pas dans le corps de la Protection civiles car celle-ci a les mêmes dénominations que celles de l’armée. Ensuite, notre Inspecteur général à la retraite a oublié ou a feint d’oublier que la gendarmerie est partie intégrante de l’armée et que, par conséquent, elle n’a aucune autre spécifié que les missions de police militaire.

Casus belli

Si réellement les policiers étaient de bonne foi, ils doivent plutôt revenir à ce qui se trouve dans le RSA (Règlement de Service dans l’Armée) où l’inspecteur de police est supérieur à l’adjudant- chef-major, mais est au-dessous du sous-lieutenant. On ajoutera que si les inspecteurs de police, en changeant d’appellation, veulent malicieusement changer de catégorie B2 à la catégorie A au grand dam de l’armée, ils se trompent lourdement. Que justifie ce changement de catégorie pour que de simples inspecteurs deviennent les homologues des officiers de l’armée ? Quel acte extraordinaire ou héroïque ont-ils alors fait pour se hisser au-dessus des militaires qui ont payé et qui continuent de payer le lourd tribut de cette guerre contre le terrorisme ? Les agissements de l’Inspecteur général de la police Mamadou Z. Sidibé en faveur de la police sont pour le moinsmalsains parce que, en tant qu’ancien syndicaliste, il ne dit pas la vérité à ceux de sa corporation. Il justifie ses propos par le mode de recrutement au sein de l’armée et de la police, ce qui est encore une ruse. On voit la manipulation de M. Sidibé quand il dit que les sous-officiers de police sont recrutés avec le Baccalauréat à l’instar des sous-officiers de la gendarmerie, et que les officiers de l’armée sont recrutés avec les mêmes diplômes que les inspecteurs ou officiers de police, mais parlant ainsi, il fait exprès d’omettre que les officiers de l’armée font trois ans de formation pour devenir sous-lieutenants et deux ansencore pour être lieutenants pleins alors que les inspecteurs ou officiers de police ne font pas dix mois de formation pour être inspecteurs ou lieutenants. Vouloir donc mettre les officiers de l’armée au même niveau que les inspecteurs ou les officiers de police est une insulte pour l’armée qui va constituer, à ne pas mépriser, un casus belli pour l’ensemble des officiers de l’armée. Les soldats de l’armée, pour être des sous-officiers, font cinq ans de service pour pouvoir être autorisés à faire six mois de Peloton pour devenir caporaux, ensuite trois ans après pour faire le P2 afin d’être sergents. Qui va croire que ces soldats ayant fait leur preuve dans la défense du pays vont se soumettre à l’autorité d’un sergent mal formé et indiscipliné de la police ? Des officiers dignes de l’armée ayant fait l’EMIA vont-ils se soumettre à l’autorité d’un inspecteur ou d’un officier de police ? Les commissaires seront-ils au-dessus des officiers de l’armée ? On accède à l’EMIA avec la licence pour faire ensuite trois ans de formation afin de sortir avec le grade de sous-lieutenant qui sera confirmé lieutenant après. Quant aux commissaires, ils accèdent à l’Ecole de police avec la maîtrise et font dix mois de formation pour sortir avec le grade de commissaire. Il faut ajouter que dans la formation des commissaires et des officiers de police, ceux-ci ne font pas de formation militaire contrairement aux militaires qui accèdent à l’EMIA, comme précisé plus haut. Peut-on raisonnablement poser le problème des grades ? Il est temps que Monsieur Z et son groupe de lobby disent la vérité à leurs enfants que le changement de dénomination ne veut pas dire changement de catégorie. Sans esprit de délation, la balle est maintenant dans le camp des commissaires de police pour éviter leur disparition parce que les inspecteurs ou officiers veulent prendre leur place. A bon entendeur, salut !

Capitaine MLK

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