Avec la levée des sanctions économiques imposées sur le Mali par la Cedeao et l’Uemoa, le pays a fait son retour sur la scène financière internationale. Mais, les activités économiques croulent sous le poids de la dette intérieure qui n’est pas apurée depuis 2021.
Du retour des sanctions économiques en juillet dernier, des efforts financiers louables ont été faits en faveur des fournisseurs extérieurs dont la dette a été totalement apurée depuis le mois d’août dernier. Aucun clin d’œil cependant n’a été fait en direction des acteurs nationaux de notre économie. Si une infime partie de la dette intérieure de 2021 a été payée, aucun kopeck n’a été donné depuis 2022, qui est à deux mois de son terme.
Les acteurs de la commande publique, qui croulent sous le poids de dettes et d’énormes frais financiers (des pénalités dues aux engagements bancaires et au fisc, la perte de confiance des partenaires étrangers) sont pratiquement asphyxiés. Conséquences : plusieurs entreprises privées ont mis la clé sous la porte, d’autres sont au bord de la banqueroute ou sont en train de délocaliser leur entreprise ou de trouver un plan de sauvetage.
A cause de ces mêmes déboires financiers, certains opérateurs économiques qui gagnent des commandes publiques, demandent le paiement du reliquat de leurs dettes au risque de ne pas pouvoir honorer leurs engagements. D’autres enfoncés jusqu’au cou et qui n’ont plus la surface financière suffisante, ont tout simplement arrêté de participer à ces commandes de l’Etat.
Une économie de commerce
Pourtant, nul n’ignore que notre économie repose en grande partie sur le commerce. Si aujourd’hui la douane et les impôts peinent à mobiliser des recettes pour atteindre leurs quotas de recettes trimestrielles, cela est dû essentiellement au marasme des opérateurs économiques. Le trésor public qui est la banque de l’Etat connaît la même crise avec le manque de liquidité qui n’est plus qu’un secret de polichinelle.
S’il y a peu d’importation ou d’exportation, il va de soi que les services des douanes et des impôts ressentent immanquablement le coût. Et par ricochet, tous les autres segments de la vie publique risquent d’en être frappés. Car ce sont ces mêmes impôts et taxes douanières qui permettent à l’Etat privé d’aide financière de la coopération bilatérale, de faire face à ses charges régaliennes. Comme le paiement des salaires, la construction des centres de santé et hôpitaux, des routes, etc. Une situation très difficile de surcroît pour un pays en guerre et qui ne peut malheureusement compter que sur ses propres ressources intérieures.
Les six mois d’embargo et de sanctions économiques infligés au Mali par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et l’Union économique monétaire ouest africaine (Uemoa) ont eu des conséquences fâcheuses sur l’économie nationale. Dans une interview accordée au quotidien national l’Essor, dans sa parution du mardi 29 mars 2022, le ministre de l’Economie et des Finances, Alousseini Sanou, avait mesuré l’impact de ces sanctions. Selon lui, « les recettes fiscales et douanières ont enregistré un manque à gagner de plusieurs centaines de milliards de F CFA au 1er trimestre 2022. La dette intérieure se chiffrait à 300 milliards de F CFA au 1er trimestre de la même année et les échéances des dettes non honorées sont quant à elles estimées à 200 milliards de F CFA ».
En mars dernier, le ministre Sanou avait fini par déclarer que « le Mali ne pouvait pas honorer ses engagements financiers ». Il avançait comme raison, les sanctions économiques de l’Uemoa.
Mais la levée de ces sanctions le 3 juillet 2022 a permis à l’Etat malien de faire son retour sur la scène financière internationale. Pour le refinancement de son économie et en vue d’honorer ses engagements vis-à-vis de ses partenaires internationaux, le Mali a levé plusieurs bons obligataires du trésor se chiffrant à des centaines de milliards de nos francs.
Le dégel des avoirs à la Bceao et les différents bons obligataires du trésor ont permis d’apurer la dette extérieure. Au même mois d’août, le ministre de l’Economie et des Finances annonçait dans un communiqué l’apurement de la dette extérieure. Celle-ci est estimée à 85,5 milliards de F CFA. La dette de marché émise par syndication pour 66 milliards de F CFA, et une partie de la dette émise par adjudication à hauteur 65 milliards de F CFA.