Le double coup d’Etat du 18 août 2020 et du 21 mai 2021 a conduit le Mali dans une impasse dangereuse. La preuve supplémentaire et irréfragable vient d’être fournie par l’échec humiliant que notre pays a subi dans sa tentative maladroite et irréfléchie de confondre et faire condamner la France par la communauté mondiale pour collusion avec le terrorisme djihadiste dans le but de saper sa souveraineté et sa sécurité nationale. La plainte qu’il a déposée dans ce sens, depuis le 15 août dernier (voilà donc plus de deux mois !) auprès du Conseil de sécurité de l’ONU pour réclamer « une réunion urgente » au regard de la gravité des faits allégués ( » violations répétées de son espace aérien aux fins d’espionnage, transmissions de renseignements et largage d’armes de guerre aux groupes terroristes ») est restée lettre morte. Et pour cause : aucun des quinze membres de l’incontournable organe exécutif onusien ne l’a jugée digne d’intérêt pour la porter comme l’exige la procédure en la matière. Pas même la Russie, alliée traditionnelle redevenue stratégique à la faveur de la dégradation du partenariat avec Paris, ni la Chine, dont l’amitié et la solidarité n’ont jamais été prises à défaut. Ajoutons-y le Gabon, le Ghana et le Kenya, qui représentent l’Afrique au Conseil de sécurité, en relevant que les deux derniers pays cités ne peuvent être raisonnablement présentés comme des suppôts du « néo-colonialisme français ».
On peut s’étonner de ce que notre pays, faute d’avoir obtenu la « réunion urgente » qu’il avait cru à portée de main et qui s’est avérée un mirage, n’ait pas saisi la formidable opportunité qu’offrait la 77ème Assemblée générale des Nations unies, tenue à New-York dans la deuxième moitié de septembre passé, pour étaler, aux yeux de la planète entière, les preuves accablantes en sa possession sur « les agressions françaises » constituant, de son point de vue, une menace pour la paix dans le monde et auxquelles il se réserve le droit de riposter. Au lieu de cela son premier ministre intérimaire (pour combien de temps encore le titulaire du poste étant revenu de son long « repos forcé »?) s’est livré à une rhétorique de facture douteuse.
La réunion trimestrielle sur la situation au Mali, qui s’est déroulée le 18 octobre au palais de verre de Manhattan, était une autre occasion idoine pour la diplomatie malienne de mettre l’ancienne puissance coloniale, devenue une décennie un partenaire clé dans la lutte contre le terrorisme, au ban de la communauté internationale pour avoir pactisé avec…ce même terrorisme. Il n’en fut rien, hélas, Abdoulaye Diop demeurant et persistant sur le registre des invectives tout en continuant à demander « une réunion spécifique » du Conseil de sécurité qui, on l’a vu, ne trouve aucun preneur jusqu’ici au sein de cet auguste organe.
Le bellicisme dans lequel les autorités de la transition malienne ont choisi de s’enfermer pour se donner une légitimité de façade (la seule et vraie légitimité est celle procurée par les urnes) ne contribue pas seulement à accroître l’isolement du Mali sur les scènes africaine et internationale. Il est aussi porteur d’un risque de confrontation militaire avec la France si la menace réitérée d’une riposte aux « agressions françaises » est mise à exécution. Laquelle confrontation pourrait transformer le territoire malien en un nouveau théâtre d’affrontement entre la Russie et l’OTAN après la Syrie, la Libye et l’Ukraine. Une perspective peu ragoûtante susceptible d’en engendrer une autre du même acabit : une mise sous administration provisoire de l’ONU comme cela s’est vu en maints pays depuis la création de cette Organisation en 1945.