Le Projet Jigisemejiri, est aujourd’hui, éclaboussé par le scandale des irrégularités financières dans la gestion du fonds Covid-19 au Mali, pendant l’exercice 2020. Selon le rapport du Bureau du Vérificateur Général (BVG), il y a plus de 30 milliards FCFA non transférés aux ménages vulnérables. Du coup, le Coordinateur du Projet Jigisemejiri, M. Mahmoud Ali Sacko, risque gros. Et même très gros. Accablant.
Qu’attendent les autorités maliennes pour agir, après la publication du rapport d’enquête financière du Bureau du Vérificateur Général sur la gestion de M. Sacko, à la tête du Projet Jigisemejiri? Pourquoi garde-t-il toujours son poste, alors que le rapport du Vérificateur lui charge d’avoir commis des irrégularités financières dans la gestion du fonds covid-19 au Mali durant l’exercise 2020 ? Autant de questions qui préoccupent, aujourd’hui, des travailleurs du Projet Jigisemejiri.
La Preuve des épreuves
La gestion du Coordinateur du Projet Jigisemejiri, a occasionné des irrégularités financières. Selon le rapport d’enquête du Bureau du vérificateur général, le Coordinateur du Projet Jigisemejiri qui devrait mettre en place un programme ciblé de transferts monétaires ou en nature pour les populations pauvres et vulnérables du Mali et établir le socle pour le développement d’un système national de filets sociaux au Mali, avec un montant de 33,75 milliards FCFA (33 750 000 000F) dans le cadre du Programme Présidentiel de Transfert Monétaire d’Urgence (TMU) à l’endroit de Trois cent cinquante mille ménages, les plus pauvres et les plus vulnérables du Mali pour répondre aux effets de la COVID-19, n’a pas reversé le reliquat du fonds non utilisé, 15 mois après la pandémie.
À en croire le rapport d’enquête du Végal (entendez le Vérificateur général ), le Coordinateur du Projet Jigisemejiri, M. Mahmoud Ali Sacko, a reçu du Trésor Public (comme mentionné dans le document d’enquête), un montant total de 39 milliards FCFA dans son compte bancaire destinés aux ménages, les plus pauvres et les plus vulnérables du Mali pour répondre aux effets de la COVID-19. Mais contre toute attente, le rapport indique, qu’il a dépensé seulement, un montant de 8,9 milliards FCFA (8 902 528 475F) sur le fonds COVID-19, à la date du 30 juin 2021, soit après 15 mois de pandémie ; et seulement aussi dans les régions de Mopti, Tombouctou, Gao, Kidal et le District de Bamako alors que les autres régions, qui sont après Bamako, les plus touchées par la Covid-19 et la pauvreté, ne sont toujours pas concernées par les transferts monétaires Orange.
Pendant ce temps, les indemnités de transport des responsables du Projet Jigisemejiri ; les diverses activités et les frais consentis dans les recensements pour l’actualisation de la base ont coûté, sur le Fonds COVID-19 remis par l’État malien, un montant de plus de 858 millions de nos francs (858 375 875 FCFA) qui n’est pas correctement justifié.
Le rapport du Bureau du Vérificateur Général révèle qu’il n’existe aucune information sur les partenaires chargés de la collecte et de l’enregistrement des données. Les chèques pour ces activités sont établis au nom des agents du projet depuis Bamako. Pourtant, le Projet a utilisé une base de données des bénéficiaires antérieurement répertoriés par Jigisemejiri, des indigents bénéficiaires du Régime d’Assistance Médicale (RAMED) de l’Agence Nationale d’Assistance Médicale (ANAM), des bénéficiaires de certaines ONG internationales notamment ceux du Cadre Commun et du Programme KEY de l’Union Européenne des populations déplacées.
La non justification de ce fonds, selon le rapport du BVG, met en doute l’efficacité du projet pour la mission qui lui a été confiée. Le montant total non utilisé et non reversé s’élève à 30 milliards FCFA (30 097 471 525F).
Des témoignages bouleversants
«Le rapport d’enquête sur la gestion du Projet de Filet Sociaux Jigisemejiri est suffisamment éloquent. À l’étape actuelle, les chiffres parlent d’eux-mêmes. Les actes sont établis et il y a des irrégularités financières à Jigisemejiri de par la gestion des fonds. On ne peut pas gérer les fonds de l’État et du contribuable malien de cette façon. Il faut écarter M. Mahmoud Ali Sacko de la gestion du Projet Jigisemejiri, car on ne peut pas continuer à mener une politique de deux poids, deux mesures », déplorent des travailleurs du Projet Jigisemejiri qui estiment que leur Coordinateur n’affiche actuellement, qu’une image de ruine et de désolation.
Ces travailleurs pour leur part, se demandent pourquoi des décisions conséquentes, jusque-là, n’ont pas suivi le rapport d’enquête sur la gestion du fonds Covid-19 au Projet Jigisemejiri. «Comment quelqu’un à qui on reproche d’avoir occasionné des irrégularités financières de 30 milliards FCFA, garde toujours sa place comme si de rien n’était ?», s’interrogent-ils. Avant de formuler qu’ils croient surtout qu’il serait normal que ceux qui occasionnent des irrégularités financières sur les ressources de l’État et violent les textes de la République, soient jugés. Et ces travailleurs d’ajouter : « Il faut que l’impunité des crimes économiques et politiques, cesse au Mali ».
Pour ces travailleurs de Jigisemejiri, on n’a pas besoin d’attendre pour interpeller le coordinateur du Projet et sa bande. Ils croient savoir qu’on n’a donc pas besoin d’un cabinet d’audit international pour confondre le coordinateur Mahmoud Ali Sacko, après un audit financier.
Pour eux, le cas du Projet Jigisemejiri est aussi un scandale de plus, qui vient s’ajouter à d’autres déjà existants. Ils estiment que c’est un scandale fondé sur des irrégularités financières et qu’à l’heure où les populations maliennes sont confrontées au récurent problème de la maladie à coronavirus, on ne saurait laisser les auteurs de ces irrégularités financières impunies.
Pourtant, comme l’atteste le rapport d’audit du BVG, la responsabilité de M. Mahmoud Ali Sacko est patente dans ces irrégularités financières qui s’élèvent à plus de 30 milliards FCFA (30 097 471 525 F).
À en croire nos sources, les conclusions du rapport d’enquête du BVG appellent à une prise de conscience générale dans le sens où il n’est pas rare d’entendre la population active se plaindre de la gestion des dirigeants maliens. Cependant, même si les autorités maliennes tardent à révoquer le Coordinateur du Projet Jigisemejiri, Mahmoud Ali Sacko, il est à noter que le rapport du Vérificateur lui reproche beaucoup de choses dans sa gestion du fonds covid-19.
En bloc, les faits parlent d’eux-mêmes sur la gestion du Coordinateur de Jigisemejiri. Et le rapport d’audit du BVG dont il est question, présente de nombreux dysfonctionnements et des irrégularités financières qui se sont traduites par des manquements dans la gestion des opérations financières effectuées.
Décidemment, la gestion du Projet Jigisemejiri est comparable à celle d’une épicerie et son Coordinateur, M. Mahmoud Ali Sacko, selon le rapport du Vérificateur général, a irrégulièrement dépensé un montant de plus de 25 millions FCFA (25 200 000F) au titre des frais de transport des membres du Comité de Pilotage (CP) et du Comité Technique de Coordination (CTC). En effet, explique le rapport d’enquête du Végal, cette dépense sort du cadre de transfert monétaire aux pauvres, car ce projet existait depuis 2013, avec son budget de fonctionnement propre. Le paiement des indemnités de transport sur le Fonds COVID-19 n’est donc pas dû.
Ainsi, le rapport du Végal poursuit que l’indemnité de transport du CP pendant les mois de Juillet/Août/Septembre 2020 se chiffre à 3 750 000F. Et pendant cette même période, l’indemnité de transport du CTC s’élève à 6 975 000F. S’y ajoutent, les indemnités de transport du CP en Avril/Mai/Juin 2020 qui fait 3 750 000F et 6 975 000F à la même date pour le CTC. Enfin, l’indemnité de transport du Comité de Pilotage en Octobre/Novembre/Décembre 2020 s’élève à 3 750 000 F. Soit au total, une enveloppe de 25,2 millions (25 200 000 FCFA).
Autant de pratiques à l’origine des irrégularités financières dans la gestion des fonds Covid-19 par le Projet Jigisemejiri. D’où le lieu pour le Vérificateur général de transmettre et de dénoncer des faits au Président de la Section des Comptes de la Cour Suprême et au Procureur du Pôle Économique et Financier portant sur des irrégularités financières de plus de 30 milliards FCFA non transférés aux ménages vulnérables par le Coordinateur du Projet Jigisemejiri.
La tête du Coordinateur mise à prix
À ces irrégularités financières au Projet Jigisemejiri, s’ajoute un autre mal et pas des moindres : la démobilisation des travailleurs. Témoins oculaires des pratiques orchestrées, à longueur de journée par des responsables, des travailleurs ont fini par être dégoûter. Parce que « l’homme-cabot a été mis à la place pivot et vice-versa ». D’où le mécontentement général à Jigisemejiri.
À travers leur sollicitation de révocation du Coordinateur Mahmoud Ali Sacko, des agents du Projet Jigisemejiri veulent amener les autorités maliennes à prendre leurs responsabilités –et toutes leurs responsabilités –dans le cadre du choix des hommes au niveau de certains postes stratégiques. Autrement dit, faire en sorte que « les saigneurs de la république ne soient plus à la place pivot ». Comme, c’est le cas, actuellement, au Projet Jigisemejiri. Une structure qui, depuis un certains temps, n’est plus que l’ombre d’elle-même. Mais le Ministre de l’Économie et des Finances, qui feint d’ignorer les irrégularités financières au Projet Jigisemejiri, va-t-il enfin décider de prendre le taureau par les cornes ?
Auquel cas, le Projet Jigisemejiri risque de tomber dans les mêmes travers que d’autres services où, l’atteinte des objectifs a fini en eau de boudin, suite à la mauvaise gestion. Les autorités maliennes sont-elles prêtes à courir ce risque ?