Après les émotions aveugles et les passions démesurées, place au réalisme. Alors, comment est-ce que ça va ? La tension a certainement beaucoup baissé. Tout paraît bien calme, surtout avec la rareté des attaques verbales qui étaient soutenues par des injures et des humiliations. Le climat sociopolitique donne les signes de l’accalmie. Pourrait-on penser que tout est rentré dans l’ordre et que ça va bien ?
A première vue, le constat est là. Il y a bien sûr, l’image de signe de satisfaction. Mais avec recul, l’on se pose la question de savoir pourquoi ce calme plat ? En effet, depuis le jour du renversement du régime d’Ibrahim Boubacar KEITA, tout le monde avait été pris et dominé par la joie. Oui parce que c’était l’aboutissement de plusieurs semaines, voire des mois, d’un bras de fer. Le M5-RFP qui était le mouvement responsable de toutes les grandes mobilisations et ses alliés, dont la CMAS de Issa Kaou Djim, étaient tous emballés par les manifestions de la victoire sur le régime IBK. Et la joie était telle que personne ne s’était interrogée, pourquoi et comment le pouvoir était tombé entre les mains des militaires. D’ailleurs, ces derniers n’ont-ils pas été célébrés en sauveteurs, libérateurs ?
C’est dans un tel contexte que tous les vainqueurs et autres se sont retrouvés pour élaborer et adopter la Charte de la Transition avec une durée de 18 mois. Cette charte qui a valeur de la constitution, a été présentée au monde entier et communiquée aux partenaires internationaux du Mali. Il faut noter que certains formaient déjà les vœux de voir la transition durer, tout en blâmant la classe politique qui serait responsable de tous les maux du pays.
Sûrement, les vœux avaient été entendus, quand, un autre coup d’Etat de la rectification a eu lieu, en renversant BAH N’DAW. Désormais, les militaires assurent pleinement le pouvoir. Le M5-RFP s’était finalement rendu compte que le pouvoir lui avait filé entre les doigts, et qu’il était pratiquement impossible de le récupérer. C’est ainsi, qu’il monta au créneau pour s’ériger en opposition immédiate. La seule stratégie était alors de pousser les militaires à la porte, en les accusant d’avoir très vite confisqué le pouvoir, avec la nomination des cinq Colonels et aux autres officiers à des postes clés du gouvernement.
Le M5-RFP qualifia, sans détour, la Transition de « militaire ». Et décida de poser une plainte contre elle. Chose véritablement mise en exécution. Mais ironie du sort, tout le monde s’était trompé sur l’intelligence des officiers de la Transition. Ils ont joué au calme et ont demandé au mouvement M5-RFP de lui proposer un Premier ministre, Chef du Gouvernement. Effectivement, la lucidité des militaires a payé net !
Choguel Maiga, président du Comité Stratégique et Porte-parole du M5-RFP, qui animait les conférences pour accabler les militaires, a été choisi par les siens. En vérité, pouvaient-ils se faire confiance au sens strict du terme ? La bonne intelligence commande de répondre par non ! Le jeu devrait donc se faire sur l’angle de la politique politicienne. Car, il s’agit de deux visions différentes. D’une part, les militaires, les hommes du respect des principes et de l’obéissance des commandements. Et d’autre part, un homme politique très affuté et bien rodé. Chaque camp jouait donc pour tirer la couverture sur lui, en termes de bénéfices politiques de la Transition.
Le Premier ministre aura très vite marqué les points, en s’attaquant à la CEDEAO et à la Communauté internationale, en plaçant au centre des débats, les notions très sensibles, dont la souveraineté, la dignité et le respect. Personne ne pourrait alors imaginer imposer quoi que ce soit, au Mali ! Du coup, tout le monde se retrouva dans ses discours qui même, écartèrent les partis politiques issus de la mouvance démocratique de 1991, ayant renversé le régime dictatorial de Moussa Traoré. Et ainsi, la population ne veut plus entendre parler des partis politiques qui auraient tous échoué et mis le Mali dans cette situation chaotique.
Dans la foulée, la CEDEAO commettra une grosse erreur fatale, dans sa logique de condamnation par principe du coup d’Etat de la rectification. Surtout avec l’imposition de l’embargo ! Suite à la décision de cet embargo, imposé au pays par la CEDEAO, la majorité de la population et une bonne partie des citoyens africains, au nom du panafricanisme, ont décidé de spontanément soutenir la Transition malienne.
Ensuite, l’intervention du Premier ministre Choguel Maiga, à la tribune des Nations Unies, avec sa fameuse phrase : « ABANDON EN PLEIN VOL », il sera l’homme de tous les médias. C’est dans cet esprit que la majorité de la population milita pour une Transition de 6 mois à 10 ans. Ainsi est né l’esprit de résilience. Tout le monde était alors prêt, pour supporter toutes les conséquences de l’embargo et du bras de fer avec le reste du monde. Des mois après, survint le « REPOS FORCE ». Et il est nommé un intérimaire, qui, lui aussi, a fait vibrer la même tribune des Nations Unies. Un accueil digne de ce nom lui a été accordé, à son retour.
Mais le jeu continue. Et désormais, le contrôle revient aux militaires, qui ont compris, qu’il ne fallait pas être en conflit avec toute la classe politique. A cet effet, les consultations avec celle-ci ont eu lieu. Toutefois, le CNT avait déjà carrément fragilisé le Premier ministre Choguel Maiga, lors du projet de loi électorale. Logiquement, suite aux désaveux exprimés par le CNT, le Premier ministre devrait démissionner. Mais il a fini par avoir un Repos Forcé, qui pourrait sûrement mettre fin à ses fonctions du Premier ministre.
Mais que dit actuellement la population ? Elle commence par douter. La vie devient chère, pour ne pas dire, qu’elle l’est déjà. Les mots de dénonciations se font entendre, mais le silence est encore dans l’Âme.