Le groupe panafricain Jeune Afrique a diffusé
vendredi une vidéo de l`agression, le 21 mai, du président malien par intérim
Dioncounda Traoré, qui a été frappé jusque dans son bureau par une foule en
colère appelant à le tuer, face à des gardes impuissants à le protéger.
"Dioncounda est là! Il est là!", "Aw y`a faga!" ("Tuez-le!", en langue
bambara), peut-on entendre parmi ses agresseurs, comprenant beaucoup de
jeunes, dans cette vidéo de 5 minutes 44 secondes au total que s`est procurée
Jeune Afrique.
Tout est parti le 21 mai d`une manifestation contre le maintien au pouvoir
de Dioncounda Traoré: au terme d`un intérim constitutionnel de 40 jours à la
suite d`un coup d`Etat militaire le 22 mars, cet homme de 70 ans devait
conduire la transition au Mali pour une période d`un an à compter du 22 mai.
Des protestataires se rendent à Koulouba, près de Bamako, où est situé le
complexe présidentiel abritant ses bureaux.
On les voit casser les grilles d`entrée en se servant notamment d`une
échelle comme bélier, certains escaladent les hauts murs blancs alors que dans
un des bureaux à l`étage, un militaire évalue la situation, sans faire usage
de son arme.
Des dizaines de manifestants se dirigent vers un bureau. L`un d`eux
aperçoit Dioncounda Traoré, qu`on voit brièvement sur la vidéo, en chemise
blanche. La foule le prend à partie, débordant des membres de la Garde
nationale dont certains tentent, en vain, de faire barrage de leurs corps
entre ses agresseurs et lui.
Il est frappé de coups de poings, de livre, de pied aussi quand on le
devine tombé dans la bousculade. Un militaire lui met son casque sur la tête,
qui lui est enlevé et utilisé pour le frapper, un autre fait usage de sa
matraque, inefficace contre des adversaires plus nombreux et déterminés. Puis
c`est une cohue indescriptible.
Selon un journaliste de l`AFP à Bamako, qui a pu visionner dans un cadre
privé une autre vidéo de cette attaque, M. Traoré a été dénudé par ses
agresseurs qui l`ont laissé pour mort. Dans son édition de cette semaine,
Jeune Afrique fait le même récit, précisant que le lynchage du président a
duré une dizaine de minutes et qu`en partant des lieux, des manifestants
exultaient en lançant: "Il est mort, c`est sûr!".
Depuis le 23 mai, Dioncounda Traoré séjourne en France où il a subi une
opération chirurgicale, d`après son entourage.
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