Le gouvernement a annoncé, dans un récent communiqué, l’instauration du port obligatoire du casque pour les conducteurs d’engins à 2 et 3 roues motorisés ainsi que pour leurs passagers. La mesure, selon le même communiqué, sera effective à partir du 1er janvier 2023 et vise à protéger les usagers des traumatismes crâniens en cas d’accident de la circulation routière. Toutefois, dès le 1er décembre prochain des contrôles routiers réguliers interviendront sur le port du casque, en prélude à l’application effective de la réglementation sur l’ensemble du territoire national. Sur le sujet, les avis recueillis auprès des usagers de Bamako divergent en attendant l’entrée en vigueur de la mesure. Yaya Diaby, commerçant, la perçoit comme une bonne initiative d’autant que «dans tous les pays sérieux le port du casque est obligatoire ». Et de rappeler qu’il l’était jadis avant que l’avènement de la démocratie ne vienne «tout remettre ça à terre».
Moussa Diarra, un enseignant, est du même avis mais avec des nuances sur le timing. La décision est une bonne chose pour réduire le taux de mortalité liée à l’accident de circulation, explique-t-il, en relevant toutefois que l’exiger ici et maintenant peut provoquer la colère des usagers. Idem pour le pasteur l’église de Badianbougou, Antoine Kamaté, qui insiste également sur les vertus protectrices du casque en cas d’accident.
Nombreux sont en revanche ceux qui réprouver la mesure. C’est le cas de Bakary Traoré, un mécanicien de la place. Selon lui, exiger le casque n’est tout simplement pas une priorité. «Vous parlez de casques et vous ne songez même pas à l’état des routes», relève-t-il, en rappelant par ailleurs des priorités comme la cherté éprouvante des produits alimentaires
Même son de cloche de la part d’Issa Touré. «Qu’ils cherchent à alléger le coût de la vie ainsi que notre protection contre les terroristes plus prioritaire que le port de casque», martèle-t-il, tandis que l’étudiant Ismaël Traoré rappelle qu’exiger le casque des motocycles revient à exiger des rétroviseurs et tout le dispositif permettant au conducteur de contrôler son environnement sans les gestes inconsidérés. Et Adama Coulibaly de faire remarquer que les autorités commencent toujours des choses qu’ils ne sont pas capables de terminer, tout en espérant que la mesure serait applicable à tous sans distinction, y compris les porteurs d’uniforme. Abdou Cissé dit quant à lui n’y consentir que si l’Etat offre gratuitement des casques à la population, allusion faite notamment aux augmentations incessantes des prix. Et d’attribuer implicitement la mesure au manque de solutions aux préoccupations du peuple avant d’inviter au retour des militaires dans les casernes et le pouvoir aux politiques.
Moussa Ballo, un fonctionnaire, se dit surtout dérangé par le caractère obligatoire de la mesure : «Franchement, je demande à nos autorités transitoires de bien réfléchir sur cette décision de port de casque obligatoire. Certes le casque protège en cas d’accident contre le traumatisme crânien, mais je pense que nos autorités doivent penser au caractère obligatoire»