Venus en libérateurs du pays du joug irrédentiste du nord et du spectre narocojihadiste, les militaires au pouvoir à Bamako n’ont jusqu’ici pas donné un schéma rassurant quant au sort à réserver à la mythique ville de Kidal où rebelles et alliés de la brousse font la loi.
Quand est-ce que Kidal reviendra-t-elle dans le giron malien ? La question reste posée.
En effet, cette région échappe réellement au contrôle des autorités maliennes depuis mai 2014, à la suite de la tragédie contre une délégation gouvernementale conduite par le Premier ministre d’alors, Moussa Mara. Ce jour-là, l’armée malienne a été prise à partie et perdu un effectif important. Plusieurs policiers et administrateurs civils ont été tués lors des affrontements.
Depuis cette tragédie, Bamako a perdu toute autorité sur la région désormais aux mains de la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA). Il a fallu l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger pour que le mouvement armé accepte le retour de l’administration centrale à Kidal. À cela s’ajoute la présence de quelques dizaines de militaires de l’armée de terre dans ce qu’ils appellent les forces armées reconstituées. Histoire de faciliter la prise en charge par l’État de tous les combattants.
Mais la matérialisation de ce retour pose problème : mis à part ce camouflage incluant quelques militaires maliens cantonnés dont on n’a d’ailleurs plus le signal exact, l’État du Mali est quasiment absent.
Depuis sa nomination, le Colonel Fodé Malick SISSOKO a certes pu rester à Kidal des semaines durant. Reste que sa présence sporadique n’a favorisé ni la coopération effective entre l’armée et les forces indépendantistes pour lutter contre le terrorisme, ni aidé à occasionner le retour des FAMa dans la zone. L’absence de la belligérance entre l’armée et l’ex rébellion reste un acquis du pouvoir déchu d’Ibrahim Boubacar Kéita qui s’en glorifiait d’ailleurs.
Pas plus tard que ce 1er novembre 2022, c’est-à-dire sept ans après la signature de l’accord pour la paix et la réconciliation, des indépendantistes ont fêté la date anniversaire de la création du MNLA, créé à la même date en 2011. Ce qui a apparu sous les yeux de certains observateurs maliens qui pensent que la provocation est de trop. Cela, allant du postulat que les ex rebelles ne peuvent pas prétendre être parties prenantes de l’accord d’Alger de 2015 qui garantit l’unité nationale, la forme laïque et républicaine du Mali et continuer à commémorer le séparatisme. Alors question : quel avenir pour Kidal ?