Les Etats-Unis ont mis en garde vendredi la Communauté économique des Etats d`Afrique de l`Ouest (Cédéao, 15 pays) contre une éventuelle intervention dans le Nord du Mali, tombé aux mains d`islamistes armés.
Lors d`une audition au Congrès, le secrétaire d`Etat adjoint chargé des questions africaines, Johnnie Carson, a apporté son appui à la Cédéao, actuellement réunie en sommet en Côte d`Ivoire, dans son projet d`envoyer une force de 3.300 hommes au Mali.
Mais M. Carson a estimé que ce contingent devrait s`efforcer de stabiliser le Sud du pays et ne pas s`aventurer dans le Nord.
"Il faut se rendre compte que le gouvernement au Sud n`a plus de force
armée digne de ce nom", a déclaré M. Carson devant la commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants. "Il a perdu la moitié de son équipement quand il a quitté le Nord".
"Une éventuelle reconquête du Nord serait une entreprise très lourde pour la Cédéao", a averti M. Carson, soulignant qu`une éventuelle mission dans cette partie du pays devrait être "préparée très soigneusement et disposer de ressources en conséquence".
La Cédéao, dont les dirigeants se sont retrouvés en sommet vendredi à
Yamoussoukro, prépare l`envoi éventuel d`une force de quelque 3.300 hommes au Mali. Mais elle a besoin, avec l`Union africaine (UA), d`un soutien international à une telle opération, et d`un appui notamment logistique des Etats-Unis et de la France. Un premier projet a été jugé beaucoup trop imprécis au Conseil de sécurité de l`ONU, et la Cédéao revoit sa copie.
Les islamistes viennent de renforcer spectaculairement leur emprise sur le Nord du Mali, qu`ils ont conquis avec la rébellion touareg du Mouvement national de libération de l`Azawad (MNLA) depuis fin mars, chassant mercredi et jeudi le MNLA de Gao (nord-est) et Tombouctou (nord-ouest).
Un putsch le 22 mars à Bamako a précipité la chute du Nord malien aux mains des groupes armés.
Devant les parlementaires, M. Carson a plaidé pour une solution politique au Mali, estimant qu`il n`y aurait pas "de solution durable aux problèmes du Nord du Mali sans un interlocuteur légitime à Bamako".
Il lui a paru crucial de répondre aux "demandes légitimes" de la rébellion touareg et de soutenir des négociations avec des mouvements prêts à dialoguer avec Bamako.
Le responsable de la diplomatie américaine a qualifié Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) et le mouvement islamiste Ansar Dine de "dangereux et mortels", tout en soulignant qu`ils étaient "relativement petits" et ne faisaient pas peser de menace sur les Etats-Unis.
"Ils ne sont pas représentatifs de l`immense majorité des Maliens du Nord", a-t-il observé, notant que ces mouvements étaient nourris par l`apport d`étrangers venus de pays de la région comme l`Algérie, la Libye et la Mauritanie.
"Comme l`Algérie a réglé efficacement les problèmes de l`extrémisme
islamiste et du terrorisme, beaucoup de gens ont traversé la frontière pour passer au Mali, un territoire immense et très peu peuplé", a observé M. Carson.