Des milliers de personnes ont participé vendredi à Bamako à une manifestation de protestation après la diffusion d'une vidéo contenant des "propos et actes blasphématoires" contre le Coran et l'islam, a constaté un journaliste de l'AFP.
La manifestation, à l'initiative du Haut conseil islamique du Mali (HCM), la principale organisation islamique du pays, s'est déroulée sur le Boulevard de l'indépendance, dans le centre de la capitale Bamako. "Ce qui s'est passé est impardonnable. Il faut que l'auteur des propos blasphématoires soit arrêté et jugé", a déclaré à l'AFP un imam, Abdoulaye Fadiga, parmi la foule de manifestants estimée à des milliers par la police. Les organisateurs ont indiqué à l'AFP que "plus d'un million de personnes" étaient présentes. "Nous voulons le dialogue interreligieux. Que chacun respecte la religion de l'autre", a dit une enseignante d'école coranique Haby Diallo, âgée d'une quarantaine d'années. Sur des pancartes portées par des manifestants, on pouvait lire: "Non aux propos blasphématoires" ou encore "plus d'attaque contre l'islam et le prophète Mahomet". Six personnes, dont un écrivain, ont été placées jeudi en détention provisoire pour "délit à caractère religieux pouvant causer des troubles à l'ordre public", a indiqué le même jour à l'AFP le parquet de Bamako. Ces arrestations font suite à la diffusion sur les réseaux sociaux d'une vidéo "présentant un homme tenant des propos désobligeants à l'égard de la communauté des fidèles musulmans et se livrant à des agissements injurieux contre le coran, le prophète Mohamed et l'islam", a expliqué le procureur général dans un communiqué. Une enquête a été ouverte lundi et l'homme qui a tenu les propos incriminés est toujours en fuite. Les six placés sous mandat de dépôt jeudi sont accusés de complicité, notamment pour avoir refusé de dire aux autorités où se cachait l'individu, a indiqué à l'AFP une source du parquet. L'affaire a fait grand bruit au Mali, pays musulman à près de 95%, où le droit de blasphémer n'existe pas. Le HCM a appelé à ce que l'auteur de cet acte soit "tué", selon les textes de l'islam. Selon le procureur du tribunal de la commune 4 de Bamako, Idrissa Touré, les six personnes arrêtées appartiennent au mouvement des kamites, considéré comme une secte qui ne reconnaît pas Allah et les prophètes. A leur tête se trouverait selon lui l'écrivain Doumbi Fakoly, qui a pris publiquement position pour défendre l'auteur de la vidéo, et qui est l'un des six placés sous mandat de dépôt jeudi. La plainte à leur encontre a été déposée par l'influent imam Chérif Ousmane Madani Haidara, président du haut conseil islamique du Mali