Le Gouvernement de transition au Mali tourne au ralenti à cause d’une situation inédite dans l’histoire de notre démocratie, à savoir le bicéphalisme à la tête de la primature. Cette situation entrave la bonne marche de la transition. Le Colonel Assimi Goïta, tarde à sortir le pays de cet imbroglio, en nommant un nouveau PM. Il est désormais partagé entre le sentiment de reconnaissance au Premier Ministre Choguel K Maiga, en repos forcé depuis des lustres et une solidarité accrue à son frère d’arme qu’est le colonel Abdoulaye Maiga, qui assure aujourd’hui l’intérim. A analyser sans passion ni Choguel Kokala Maiga, encore moins Abdoulaye Maiga ne doivent logiquement être maintenu comme premier ministre. Beaucoup de nos lecteurs s’étonneront de cette nouvelle proposition quand on sait que l’on a fait l’éloge du Colonel Abdoulaye Maiga et qui serait un bon premier ministre, à cause du remarquable travail qu’il a abattu au ministère de l’Administration territoriale et de la décentralisation, du fait également qu’il y ait une certaine unanimité autour de lui. Le colonel jouit sans nul doute d’une certaine respectabilité et d’une présomption d’innocence. Mais à notre analyse ces qualités seules ne suffisent pas au regard de la charte et des engagements pris par les autorités.
Pourquoi ni Jean, ni Paul à la Primature ? Parce que si jean, qui est Choguel K Maiga, est apte physiquement à continuer, ce qui est à vérifier, il ne serait ni prompt, encore moins capable de rassembler les maliens autour des objectifs majeurs auxquels la transition s’est assignés. Autre handicap du PM Choguel K Maiga serait son incapacité à convaincre les partenaires techniques et financiers à signer leur come-back, quand on sait qu’il est en partie responsable de leur départ. Or le Mali a fortement besoin d’argent pour faire face à ses nombreux défis. Les discours populistes au relent patriotiques ont contribué à mettre le Mali en brouille avec ses partenaires traditionnels. Donc il est out pour redorer le blason du Mali.
Quand à Paul, qui est le Colonel Abdoulaye Maiga, bien qu’ayant la faveur de tous les bons pronostics, il ne doit pas être logiquement confirmé au poste de premier ministre, pour non seulement éviter la colonélisation à outrance de la transition, mais aussi et surtout par respect à la charte et aux engagements pris avec la communauté internationale. Il traine les mêmes tares que Choguel K Maiga, vis-à-vis de la Communauté internationale, pour s’être mélangé les pédales à la 77ième Assemblée Générale des Nations Unies, en tenant un discours à la fois inopportun, vindicatif, belliqueux et nullement avantageux pour le Mali, un pays qui cherche sa voie. Donc qui a besoin d’une synergie d’action afin de constituer un front pour lutter efficacement contre les forces du mal. Le discours du Colonel Maiga comme celui de Choguel K Maiga ont eu la même conséquence, un isolement sans précèdent du Mali sur la scène internationale. Les deux PM semblent être disqualifiés pour le poste hautement stratégique pour le Mali afin d’améliorer ses relations avec tous les pays. Il y a alors nécessité de voir ailleurs afin de choisir un autre premier ministre qui serait plus rassembleur et qui réconcilierait le Mali avec ses voisins d’abord, ensuite avec les autres pays africains et enfin avec le reste du monde.
En somme, le Président de la Transition, a des bonnes raisons de s’attaquer à la racine du mal du gouvernement qui est le bicéphalisme à sa tête. En tout cas son manque d’audace est en train de paralyser le pays. Aujourd’hui, les activités sont au ralenti car le bateau gouvernemental manque de capitaine véritable et les ministres sont sur le qui-vive ne sachant pas dans quelle sauce ils seront mangés. Aujourd’hui, Trois raisons fondamentales pourraient plaider en faveur du remaniement ministériel, à défaut du changement de l’équipe. La première est la nécessité de rassembler tous les maliens autour des réformes, qui sont indispensables pour la bonne marche de notre démocratie. La deuxième raison pourrait être le besoin de mettre en place une équipe inclusive renfermant toutes les forces vives de la nation. La troisième raison serait le besoin pour le Mali d’avoir une nouvelle équipe qui harmoniserait ses relations avec tous les partenaires.
Youssouf Sissoko