Gros prêts bancaires fictifs, gouvernance au service des privilégiés de la République… La Banque malienne de solidarité (BMS-sa) semble être un outil financier aux ordres des hommes du pouvoir.
D’après nos informations devenues un secret de polichinelle à Bamako, l’affaire de 200 milliards de FCFA de prêts fictifs octroyés à un jeune homme d’affaire du nom de M. Lah proviendrait de la Banque malienne de solidarité (BMS-sa).
Le lièvre avait été levé par un rapport de la BCEAO, en octobre dernier, qui reprochait à trois Banques de l’espace UEMOA, dont une au Mali, d’être à l’origine de blanchiment d’argent. L’excellent économiste, l’un des plus vastes génies de sa génération dans le domaine de finance en Afrique de l’Ouest, Modibo Mao Makalou, est revenu là-dessus dans une interview accordée au bihebdomadaire Mali Tribune. Il a fait savoir que la banque concernée a été sanctionnée et devrait payer d’environ 300 millions de FCFA au titre d’amende à la BCEAO.
Visiblement orchestrée pendant la gestion de l’ancien DG, Alioune Coulibaly, un frère à Seydou Mamadou Coulibaly, le richissime homme d’affaire et président du mouvement le pacte citoyen Benkan, cette affaire éclabousse la BMS.sa et rappelle la triste histoire de la défunte BHM.sa dont celui qui serait à l’origine de cette rocambolesque affaire de prêts fictifs, Alioune Coulibaly, fut aussi un cadre clé à la Banque de l’Habitat du Mali (BHM.sa) au moment de sa descente aux enfers.L’argent dans de carton Diago Selon des confidences, M. Lah était considéré comme le client le plus proche du DG Alioune Coulibaly. « M. Lah pouvait venir à la BMS.sa et rester dans le bureau du patron jusqu’à 4 heures du temps voire plus.
A sa sortie, les vigiles étaient heureux d’être gratifiés de ses largesses. Il transportait l’argent dans de carton Diago », rapporte une source bien introduite. On se rappelle qu’en 2006, la situation financière de la BHM indiquait que les crédits en souffrance de paiement s’élevaient à 67, 4 milliards de FCFA dont 64, 8 milliards de FCFA au registre crédits contentieux.
C’est dire que la BHM a contaminé la BMS.sa sous le règne d’Alioune Coulibaly. Cette dernière se bat, semble-t-il, pour obtenir le paiement de 200 milliards de crédits fictifs auprès d’un homme d’affaire. Mais la situation reste compliquée d’autant plus que le prêt aurait été accordé sur ‘’aucune base normale’’, au regard de son caractère fictif. Lanfia Koita, successeur d’Alioune Coulibaly limogé dare-dare par la transition en novembre 2021, tente de toutes ses forces de redresser la barre. Il nous est revenu qu’il a déjà opéré de vastes mouvements. Les deux DGA sont limogés, d’autres cadres clés sont aussi concernés.