Blasphème contre l’islam et offenses de masse : à qui profite ce crime ?

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Publié le vendredi 11 novembre 2022 | L’Oeil du Mali

© aBamako.com par AS
Meeting du Haut Conseil Islamique contre les propos blasphématoires
Bamako, le 4 novembre 2022. Le Haut Conseil Islamique a tenu un grand meeting à la place de l`indépendance contre les actes blasphématoires

Dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, un individu réclame son appartenance au courant Kemite. Il se livre par la suite à des agissements injurieux contre tout ce qui est sacré pour les musulmans.

Les vieux sages de l’espace du Mandé ont coutume de dire que le contexte est l’un des paramètres qui déterminent les propos que nous tenons et les actes que nous posons. En fait, ce contexte se rapporte à l’ensemble des circonstances dans lesquelles se produit un événement : conditions sociales, culturelles, cultuelles, politiques …

La vidéo d’inspiration satanique dont il est question, loin d’un fait anodin et banal, constitue une véritable opération de communication comportant les quatre clés indissociables de la COMM: Cible, Objectif, Message et Média (support).

Il s’agit de propos haineux d’une rare violence, d’une charge verbale brutale visant à choquer et susciter des réactions émotionnelles. C’est une offensive pour détruire l’édifice sur lequel repose au Mali la tolérance et le vivre ensemble entre les cultures et les cultes. C’est un sacrilège et une offense contre tous les croyants du Mali : Musulmans et Chrétiens.

Il survient, notamment, au moment où le ministre des Affaires religieuses se rend à Kita pour s’enquérir de toutes les dispositions prises pour le bon déroulement du pèlerinage chrétien qui s’y tient chaque année au cours de la dernière semaine du mois de Novembre.

Dans cette vidéo, nous avons vu à l’œuvre une marionnette qui s’apparente à un idiot, mais qu’en-est-il du marionnettiste ? Ce dernier, lucide et perfide, vise une cible très large via les réseaux sociaux et à faible coût. Au-delà du Mali, il s’agit de toucher le plus grand nombre et susciter un émoi sans égal chez les musulmans qui constituent une personne sur trois sur la Planète Terre. Par ailleurs, la communauté des croyants suit avec beaucoup d’intérêt ce qui se passe au Mali. Dès lors se pose la perpétuelle question : À qui profite ce crime ??? Quels sont ses desseins inavoués ???

À défaut d’y répondre, l’on peut par contre mesurer ses conséquences. Il résulte que toute notre attention est à présent braquée sur ce fait inédit qui éclipse tous les autres événements qui étaient balayés par les radars. Il s’agit, entre autres : des forfaitures de la Junte française qui peine à donner une suite au dossier en béton que les Autorités maliennes ont monté contre elle. Des bévues sans précédent de l’Organisation des Nations unies via son Secrétaire général qui en perdant de vue ses attributions et son mandat s’est pris les pieds dans les tapis rouges en intervenant de manière frontale dans une affaire bilatérale entre le Mali et la Côte d’Ivoire.

De l’extrême gêne des alliés européens de la Junte française qui n’apprécient guerre que Macron ait imprudemment ouvert la Boîte de Pandore des relations France et Afrique. Tous sont secoués par les ondes de choc qui sont générées. Et comme cerise sur le gâteau, il se produit une éclipse sur les faux-pas des cinq mousquetaires de la Françafrique que sont Chamo-Ado, Mac Ky, Homard Emballé, Bas Zoom et Nene-Ado.

Autant de monde soucieux de faire oublier « l’aventure ambiguë » dans laquelle ils sont en train de perdre leur crédibilité voire leur fauteuil. Il s’agit en fait d’une kyrielle de personnes à qui ce blasphème pourrait profiter. Nous voilà donc au cœur d’une vaste opération de déstabilisation en plusieurs séquences qui consiste à provoquer un cancer métastatique qui se propagerait dans tout le corps social du Mali. Elle débouche sur une méga production en 4 Saisons dont l’objectif est de semer la confusion et de dresser les protagonistes les uns contre les autres.

Saison 1 : Il faut opposer les populations «Noires » du Centre et du Sud du Mali à celles qui sont « Blanches » au Nord du pays. Il s’agit des vestiges des chimères du Colon Blanc portant sur l’Organisation Commune des Régions Sahariennes (OCRS) créée par la France en 1957. Un ministre de la Junte française « décrète » à ce propos que les Noirs et les Blancs ne peuvent pas vivre ensemble au Mali.

Saison 2 : Fait inédit contre l’histoire et la géographie, les éleveurs peulhs et les agriculteurs Dogonos sont en porte-à-faux. Ces deux groupes ont tissé au fil des ans des liens indissociables à travers le cousinage à plaisanterie qui a emménagé de nombreuses passerelles pour circonscrire toute forme de conflits entre eux.

Du reste, les Dogonos parlant plusieurs dizaines de langues ont du mal à communiquer efficacement entre eux, il en résulte que la langue peulh est leur langue véhiculaire. Existe-t-il sur la planète un tel modèle d’osmose et d’intégration ou l’un des groupes choisit délibérément la langue de celui avec lequel il partage le même terroir.

Saison 3 : Le changement d’échelle qui s’opère tend à présenter les Peulhs comme un groupe persécuté, ce faisant, la Junte française a trouvé un caméléon pour propager cette thèse. Cette marionnette se réclame Peulh avec pour patronyme Sissoko. Dans l’aire géographique et culturelle du Mandé, nous voilà pris avec un Sissoko se réclamant Peulh. Le problème peulh est ainsi posé à une échelle plus large couvrant l’Afrique de l’Ouest, l’Afrique Centrale et l’Afrique Australe.

Saison 4 : À présent le théâtre des affrontements se situe sur le terrain religieux. Pour justifier leur conquête du Mali qui a entraîné l’intervention française, les Djihadistes-Terroristes ont prétendu promouvoir et imposer l’Islam au Mali !!! Une manière d’insulter l’histoire !!!

L’esprit et la lettre de cette vidéo satanique ne sont-ils pas de nature à accréditer cette bancale thèse des Djihadistes ? La vidéo parachève de fait la jonction entre la vitrine religieuse et celle relative au terrorisme qui est par ailleurs alimenté et entretenu par la Junte française.

N’est-elle pas de nature à justifier le diptyque djihadisme-terrorisme qui est par ailleurs parrainé par la Junte française avec comme conséquences l’opposition entre populations Noires et Blanches, entre les éleveurs Peulhs et les agriculteurs Dogonos, la distillation de l’idée d’une persécution des Peulhs au Mali et ailleurs, la remise en selle des terroristes et des djihadistes en leur offrant du alkama à moudre.

Au-delà de son impact très destructeur, quelle est la main invisible qui se trouve derrière cette vidéo, nous n’avons pas tous les éléments pour y répondre. Par contre à qui profite ce crime ? Autrement quels sont ceux qui échappent pendant un certain temps aux radars des patriotes qui ciblent les ennemis de l’intérieur et de l’extérieur ?

Ces derniers sont connus à coup sûr : ce sont les comparses de Bina Djan le voleur de Marakala. Et comme tel chaque fois qu’il est question de vol ou de coups fourrés, c’est de bonne guerre que les regards se tournent vers Bina Djan et en l’occurrence vers la Junte française. Sommes-nous devant un nouvel écran de fumée propagé par la Junte française ? Et dans quel but ?

Les Communautés religieuses et les Autorités politiques et juridiques du Mali ont fait preuve de beaucoup de sagesse et de responsabilité dans la gestion de cet épineux dossier, puisse le Tout-Puissant nous éclairer et préserver la paix sociale.

Sory Ibrahim Diabaté/Ancien Fonctionnaire international/L’Oeil du Mali

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