La délégation malienne à la conférence
Le Mali était, le mardi 08 novembre 2022, à la tribune de la 27ème édition de la Conférence mondiale des parties sur les changements climatiques. Le Premier ministre par intérim colonel Abdoulaye Maïga appelle à la sincérité des pays industrialisés et à la ténue de leur promesse pour faire face aux défis climatiques. Pour lui, la COP 27 est une chance pour l’Afrique et l’édition idéale pour « conjuguer les efforts afin de lutter contre le changement climatique ». Des environnementalistes recommandent à la délégation malienne de soumettre des initiatives pour faire face à la crise climatique.
Le Premier ministre par intérim, le Colonel Abdoulaye Maïga a déclaré que la COP27 se tient à un moment où le monde est à la croisée des chemins. Un monde qui, estime Abdoulaye Maïga, peine à transformer la promesse des sommets mondiaux successifs sur le climat en dividendes d’un mieux-être et d’une prospérité partagée pour les habitants de la planète : « La COP27 se tient au moment où le Mali est confronté à de nombreux défis liés aux changements climatiques. Lesquels ont été encore rendus ardus par l’accumulation des crises sécuritaires, politiques, économiques, humanitaires et sanitaires ».
Ces défis et vulnérabilités créent un terreau fertile à la dégradation de l’environnement et son corollaire d’érosion de la résilience des populations. Des faits qui, poursuit-il, sont illustrés par des personnes déplacées internes, des réfugiés, de la migration de masse et de l’exode rural. « Le Mali est désireux d’aller vers une transition écologique et énergétique justes et équitables, soutenues par des moyens de mise en œuvre adéquats et conséquents », précise M. Maïga. Dans cet ordre d’idée, le président de la transition a décidé, dès son investiture le 7 juin 2021, de renoncer immédiatement aux deux tiers des fonds de souveraineté alloués à la présidence de la République, afin de les consacrer à des œuvres sociales. Un programme présidentiel ayant permis la construction de 213 forages dans le pays au profit des citoyens, a-t-il indiqué. Cette initiative d’atténuation aux effets des changements climatiques entre dans sa phase de croisière et sera consolidée par des actions vigoureuses contenues dans le Plan d’action du Gouvernement. Le Colonel Abdoulaye Maïga dira que ce plan prévoit, en moyenne, le reboisement de 100 000 hectares par an, la restauration des terres dégradées du fait de l’avancée du désert en plus de la dégradation des lits et des berges des principaux cours d’eau, dont les fleuves Niger et Sénégal. Ledit plan prévoit la reprise des travaux du barrage de Taoussa, ainsi que la construction des centrales photovoltaïques à travers le pays. Cela permettra au Mali d’augmenter la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique à l’horizon 2030. La protection de l’environnement remonte à des siècles au Mali, telle qu’illustre la Charte de Kurukanfuga adoptée en 1236, évoque le Premier ministre par intérim. Hormis cela, le Mali s’est également doté d’un arsenal juridique en matière de réponse aux effets des changements climatiques. Via les textes régissant le secteur, le Mali s’engage à une réduction moyenne de 40% d’émission de gaz à effet de serre à l’horizon 2030, a-t-il ajouté. Le Colonel Abdoulaye Maïga a saisi l’occasion pour mettre l’accent sur l’importance de la problématique du financement du climat. Cela, de manière ambitieuse, robuste, et flexible. Ce qui nécessitera, d’après lui, une transformation et une réforme fondamentale de l’architecture financière des banques multilatérales de développement et une réforme de la gouvernance mondiale afin de mieux faire face à l’urgence climatique pour assurer un développement durable. Avant de souligner : « Il est impératif que des partenaires techniques et financiers se mettent à l’écoute de nos besoins. Et surtout que tous et chacun s’assurent que leurs interventions sont en adéquation avec les trois principes clés définis par le Président de la transition, le Colonel Assimi Goita. Il s’agit du respect de la souveraineté du Mali, du respect des choix stratégiques et de partenaires opérés par le Mali, et de la prise en compte des intérêts vitaux des populations ».
Maïga approuve que l’Afrique « n’est responsable des émissions cumulées mondiales que de 4% ». Par conséquent, dit-il, il est important que les plus gros pollueurs « assument pleinement leur responsabilité dans la lutte contre les changements climatiques ».
De nouvelles promesses…
En Egypte, de nouvelles promesses de financement du climat ont été formulées notamment par Emmanuel Macron. Le président français a annoncé la création d’un groupe des sages de haut niveau sur les financements innovants pour le climat. Un groupe qui réunira des organismes comme le FMI, la Banque mondiale et l’OCDE, et qui devra faire des recommandations sur des solutions concrètes.
A Copenhague, à la COP 15, les pays dit « riches », également les plus grands pollueurs, se sont engagés à verser chaque année 100 milliards de dollars aux pays dit « pauvres » pour les aider à financer les mesures d’adaptation et d’atténuation. Une promesse renouvelée au sommet de Paris en 2015, mais jamais tenue. Dans ce contexte, et surtout en l’absence des Etats-Unis et de la Chine, au Sommet des décideurs, le mardi 8 novembre 2022, en Egypte, les pays du Sud sont sceptiques quant à la réalisation de nouvelles promesses de financement.