La crise sociopolitique en cours a, sans doute, provoqué certaines divisions le long des lignes ethniques et religieuses. Les musulmans et leurs coreligionnaires chrétiens ont protesté contre les attaques verbales et blasphématoires contre l’Islam, la semaine passée. C’était là une action louable, mais il est maintenant important de permettre au gouvernement de s’occuper de la gestion de cette affaire et laisser la justice faire son travail. Cette approche grandiose ne fera que grandir la personnalité du croyant et montrer la maturité de la majorité. L’Islam est la religion de la miséricorde et une solution politique est toujours préférable aux problèmes de société.
Il est important que des regroupements comme les ‘‘Kémites’’ comprennent que leur politique de vouloir exercer la pression sur la majorité en la culpabilisant ou en la diabolisant parce que différente ou pour avoir des pratiques non conformes à leur pensée peut avoir des conséquences néfastes pour eux-mêmes en tant que minorité telles que : éveiller des attitudes hostiles au respect mutuel, causer une fracture entre majorité et minorité et entraver une intégration sociale de tous les citoyens. En effet, une telle situation où une minorité essaie d’exercer, par la force, sa suprématie sur une majorité, est intolérable et explosive. L’inverse n’est certainement ni plus souhaitable, ni plus stable. Aussi, est-il nécessaire de combattre toutes formes d’absolutisme ou d’arbitraire et de lutter pour une société non discriminatoire, solidaire et pacifique ? Le rôle de la majorité de la population est capital dans ce combat pour l’harmonie sociale.
Sachons qu’aucune solution ne saurait être durable si elle ne stipule la mise en place d’un État de droit et une justice sociale garantissant le respect des différences au plan politique, social et culturel. Seule une vraie démocratie imprégnée de nos valeurs pourrait apporter ces solutions à nos problèmes, un système politique qui prend en compte les engagements en faveur du bien-être de tous, tout en priorisant l’harmonie sociale.
Le Mali doit continuer à prévoir des mécanismes d’équilibre entre les communautés. La société civile doit être correctement impliquée dans toutes les démarches ayant trait aux conflits afin de faciliter les rencontres intercommunautaires qui mettent en présence des communautés que les conflits ont opposées les unes aux autres alors qu’elles ont toujours eu de forts liens de parenté, de voisinage, de solidarité et de complémentarité. Ces concertations et conversations permettent aux communautés de se rappeler mutuellement qu’au-delà des identités ethniques ou religieuses, nous partageons une identité commune qui a toujours façonné notre volonté de vivre ensemble, de bâtir une destinée commune. L’histoire millénaire du Mali relate que ces mêmes communautés ont constitué et géré ensemble des États comme le Ghana, le Mandé, le Songhaï et qu’elles ont toujours entretenu une culture de paix. La démarche de la société civile doit aller dans le sens d’un rappel de la nécessité de sauvegarder cette culture de paix et de solidarité.
Il est temps de faire appel à l’ensemble de nos populations pour un retour dans la grande famille malienne. Il est temps que la raison gagne sur l’émotion. Venez qu’on rêve ensemble pour faire de nos ambitions une réalité pour notre nation. Il est temps de changer le Mali, pour nous, pour nos enfants et pour nos petits-enfants. Nous sommes convaincus que notre pays maintiendra sa détermination pour la réforme et la réconciliation politique et sociale, sa position ferme contre l’extrémisme et insistera toujours sur la protection des minorités qui a toujours été une obligation morale et religieuse dans notre société. Nous ferons ce qui est juste et nécessaire pour sortir ensemble plus forts de la crise. Notre riche histoire et notre diversité doivent toujours être une force dans le Mali de demain. Notre singularité qui est née de notre persistance doit nous permettre de faire encore mieux. Restons ce que nous sommes et continuons ensemble !