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Vie syndicale dans le secteur des Eaux et Forêts : Quand un syndicat affilié à la CDTM, centrale syndicale créée et dirigée par l’actuel Ministre de l’Éducation nationale, veut déclencher une grève au nom d’une prétendue synergie de syndicats des eaux et forêts
Publié le mercredi 16 novembre 2022  |  Nouveau Réveil
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© aBamako.com par FS
Conseil de cabinet du nouveau gouvernement de Transition du Dr Choguel Maïga
Bamako, le 13 juin 2021. Le Premier ministre, Choguel Kokalla Maïga, a présidé son premier conseil de cabinet, le dimanche, à la primature avec tous les membres de son nouveau gouvernement réunis au grand complet.
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Dans une lettre N°2022/003/Synergie Syndicale en date du 09 novembre 2022, la prétendue synergie syndicale composée d’une infime partie de la section syndicale des Eaux et Forêts du Syndicat National de la Production (SSEF/SYNAPRO) et du Syndicat National des Forestiers du Mali (SYNAFOMA) alertait le Ministre du Travail, de la Fonction publique et du dialogue social de son intention d’observer une grève de 72 heures, à compter du lundi 28 novembre 2022 si ses revendications ne sont pas satisfaites.

Pour en informer l’opinion nationale, les responsables de cette synergie ont organisé, le 25 octobre 2022, un point de presse au siège de la Confédération Démocratique des Travailleurs du Mali (CDTM). En réaction à cette décision solitaire et va-t-en guerre, un syndicat digne et représentatif des travailleurs des Eaux et Forêts, le Syndicat Autonome des Travailleurs des Eaux et Forêts (SYNATEF), a tenu à se désolidariser vis-à-vis de cette aventure, en publiant un communiqué invitant ses militants à ne pas suivre le mot d’ordre de grève du SYNAFOMA. Qu’en est-il réellement ?

Au cours de ce point de presse, la prétendue synergie des syndicats des Eaux et forêts a égrené ses revendications se rapportant à l’adoption de textes législatifs relatifs au statut particulier des fonctionnaires du cadre des Eaux et Forêts, à l’érection de la Direction nationale des Eaux et Forêts en Direction générale des Eaux et Forêts, au plan de carrière des fonctionnaires des Eaux et Forêts et au code d’éthique et de déontologie du personnel des Eaux et forêts. Ce point de presse était animé par l’Adjudant-chef Alioune Badara Keïta du SYNAFOMA et le Sergent-chef Lassine Diallo de la section syndicale des Eaux et Forêts du SYNAPRO. Ce que l’on peut constater, c’est que l’Adjudant Keïta est le Secrétaire général du SYNAFOMA. Quant au Sergent Diallo, il n’est ni Secrétaire Général, ni Secrétaire général adjoint du SYNAPRO, il est le Secrétaire général adjoint de la section SYNAPRO des Eaux et Forêts. Le Secrétaire Général du Bureau exécutif national du SYNAPRO, Karim Diarra dit Togora, étant malade avait mandaté son adjoint, Oumar Touré pour les représenter aux côtés du SYNAFOMA. Mais, ce dernier n’a pas voulu se joindre aux aventuriers.

Selon nos sources, il en a, même, informé le Secrétaire général du SYNATEF, l’Adjudant-chef Sina Joseph Koné qu’il ne s’associera pas aux initiateurs de la prétendue synergie. Effectivement, il a tenu parole, selon plusieurs sources. Autrement dit, la Synergie syndicale n’est constituée que du SYNAFOMA et de quelques membres du bureau national du SYNAPRO. L’on est en droit de se poser la question de savoir quels liens entre le SYNAPRO, syndicat communément connu comme celui du géant du coton, la CMDT (Compagnie malienne de développement de textiles) et les agents des Eaux et Forêts ?

SYNAPRO et travailleurs des Eaux et Forêts : Quels liens ?

Le service des Eaux et Forêts a été créé pendant la période coloniale, vers les années 1930. De sa création à nos jours, le corps paramilitaire n’avait pas une organisation syndicale propre à lui. Il n’y avait qu’une section syndicale affiliée à un syndicat national, le Syndicat national de la production (SYNAPRO), qui ne prenait pas en compte les préoccupations des forestiers à hauteur de souhait. Pour parer à cette difficulté, les travailleurs des Eaux et Forêts ont décidé de créer leurs propres syndicats. C’est ainsi que sont nés, il y a juste une année deux syndicats, l’un après l’autre. Le premier est le Syndicat National des Forestiers du Mali (SYNAFOMA) créé à l’issue du congrès d’octobre 2021, tenu au Centre de Formation Pratique Forestier de Tabacoro. Le second qui est le Syndicat Autonome des Travailleurs des Eaux et Forêts (SYNATEF) a été crée le 21 Décembre 2021. C’est un syndicat qui veut engager une lutte autrement dans la cadre de l’amélioration des conditions de vie et de travail des travailleurs des eaux et forêts. Il a été crée suite à la politique d’exclusion instaurée par le SYNAFOMA. Il s’est fixé comme objectif de défendre les intérêts matériels et moraux des travailleurs du service des Eaux et Forêts et c’est l’unique raison de sa création. Il est affilié à la première et puissante centrale syndicale, l’UNTM (Union nationale des travailleurs du Mali), tandis que le SYNAFOMA est affilié à la Confédération démocratique des travailleurs du Mali (CDTM), une centrale créée et dirigée par Mme Sidibé Dedéou Ousmane, actuel Ministre de l’Éducation nationale.

À cause de ses actions salvatrices, les travailleurs des Eaux et Forêts se sont rapidement reconnus le SYNATEF comme leur sauveur

Le Syndicat Autonome des Travailleurs des Eaux et Forets (SYNATEF) à sa tête l’Adjudant-chef Sina Joseph Koné, réclame l’amélioration des conditions de vie professionnelle et sociale du personnel dudit service auprès des autorités compétentes. Pour que les forestiers puissent accomplir leur mission régalienne de manière drastique, le SYNATEF avait mis un cahier de doléances sur la table de la Directrice générale des Eaux et forêts. Le cahier, dans lequel le Syndicat a énuméré plusieurs points de revendication. Toujours dans le but de l’amélioration des conditions professionnelle et sociale des fonctionnaires forestiers, le SYNATEF avait rencontré le ministre de l’environnement, de l’assainissement et du développement durable, Modibo Koné. «Nous avons déposé un cahier de doléances sur la table du ministre de l’Environnement, de l’Assainissement et du Développement durable et de la Directrice générale du service des Eaux et Forets ; jusqu’à preuve de contrairement, il n’y a pas d’action qui répond à nos revendications», a confessé à « CROISSANCE AFRIQUE », un média en ligne, le Secrétaire général du Syndicat Autonome des Travailleurs des Eaux et Forets, l’Adjudant-chef Sina Joseph Koné. C’est un document adressé à la Directrice nationale des Eaux et Forêts à la date du 05 mai 2022, contenant une quarantaine de points de revendication par le SYNATEF. Ainsi, les forestiers revendiquent : « Un statut autonome du personnel du Cadre des Eaux et Forêts pour son adoption ; une mise à la disposition provenant du ministre en charge de l’Environnement pour mieux faire comparaître un forestier devant les unités d’enquête et les juridictions (nouveau statut) ; la détention du présumé (forestier en question) dans un endroit spécial, différent de l’établissement pénitentiaire avant sa comparaison (nouveau statut) ; l’octroi des primes et indemnités aux agents des Eaux et Forêts (nouveau statut) ; la dotation de tous les agents en arme (PM et PA) et munitions ; une mission de ratissage à l’intérieur de la boucle du Baoulé ; la prise des dispositions afin d’arrêter l’exploitation forestière à l’intérieur du Parc National de la boucle du Baoulé ; la dotation des cantonnements et des postes en matériel et équipement (roulants, mobilier, outils informatiques, textes réglementaires), l’instauration de la tenue de semaine des forestiers comme dans les autres corps paramilitaires ; la création d’un cadre de partenariat avec les institutions de formation des autres pays pour permettre aux agents de se spécialiser ; la construction des infrastructures (bureau) au niveau de tous les postes forestiers ; la réhabilitation de tous les anciens cantonnements et la construction des nouveaux cantonnements dans les cercles nouveaux ; l’évaluation des sous-exploitations ; le remplacement de la prime d’alimentation des hommes de garde par abonnement auprès d’une restauratrice ; la mise en place un mécanisme de suivi et de contrôle efficace des plans d’aménagement ; l’exigence aux sociétés d’exploitation forestière de procéder à la présentation régulière des programmes annuels d’intervention technique ainsi que le bilan annuel des travaux réalisés ; la promotion des sessions de formation de recyclage au profit des travailleurs des Eaux et Forêts et le recrutement massif des écoles de formation des forestiers pour le renforcement de l’effectif du service des Eaux et forets afin de nous permettre de bien mener nos missions ».

Ayant pris écho de cette démarche originale du SYNATEF, le SYNAFOMA se précipite pour créer une prétendue synergie des syndicats et menace d’aller en grève dans le seul but de se donner une visibilité et de noyer les efforts entrepris par le SYNATEF. Sinon comment comprendre le brusque réveil du SYNAFOMA, un syndicat très peu connu par l’opinion nationale ?

Raymond Dembélé

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