Le Burkina Faso et le Mali veulent renforcer leur collaboration militaire contre le terrorisme qui sévit dans ces deux pays du Sahel. Cette annonce a été faite lors de la visite du ministre malien de la Défense à Ouagadougou. Cependant, le renforcement de cette collaboration pourrait-il faire ployer le genou aux GAT qui se sont considérablement enracinés dans la zone ou cette nouvelle stratégie des deux autorités palliera-t-elle le G5 Sahel dans la zone des trois frontières ?
Accompagné de plusieurs officiers, le ministre malien de la Défense et des Anciens combattants, le colonel Sadio Camara, a effectué, le vendredi 11 novembre 2022, une visite à Ouagadougou. Loin d’être anodine, elle rentre dans le cadre d’un partenariat sur le plan militaire entre ces deux nations qui partagent une très large frontière.
« Nous avons reçu les instructions de nos chefs d’Etat, de se mettre ensemble, de mutualiser non seulement les efforts mais aussi les moyens, afin de faire face à notre ennemi commun et pour le bien-être de nos populations », avait déclaré Camara à l’issue de cette rencontre avec le Président burkinabè le capitaine Ibrahim Traoré.
De son côté, le capitaine Traoré a salué les Forces armées maliennes pour cette approche bilatérale, qui selon lui permettra aux deux pays de partager leurs expériences pour des victoires futures dans la lutte contre le terrorisme. Cependant, ces militaires venus au pouvoir à la suite de coup d’Etat n’ont pas fait mieux que leurs prédécesseurs en termes de sécurité car la situation continue de se dégrader de plus belle et les attaques persistent. Un résultat plus qu’alarmant ! Cette partie qui relie les deux pays échappe au contrôle des deux Etats. Les attaques contre les civils et les militaires sont monnaie courante et le nombre de victime ne désempli pas.
Cette stratégie loin d’être nouvelle n’avait pas produit plus de résultat par le passé, alors la grande interrogation qui demeure est de savoir si le duo Traoré et Goita fera pencher la balance. Selon l’ONG ACLED, (Armed conflict location and event data) les attaques djihadistes ont augmenté en un an au Mali et au Burkina Faso malgré la prise du pouvoir par les militaires dans ces deux pays. l’Acled, cette organisation qui recense tous les conflits et événements violents dans le monde a affirmé que les attaques djihadistes au Mali et au Burkina Faso ont augmenté au cours de la dernière année.
La solution militaire
Interrogé par le site ‘’DW’’ Ould Abdellah, ancien ministre et spécialiste des questions de sécurité, a noté que malgré les putschs, “l’insécurité persiste et s’aggrave” dans ces deux pays. Par ailleurs, selon ce spécialiste, les coups d’Etat dans des coups d’Etat, comme ceux intervenus au Mali et au Burkina Faso, fragilisent le pays et créent des dissensions au sein des armées, impactant négativement ainsi la lutte contre le terrorisme.
L’ONG HumanRights Watch avait quant -à elle publié dans un rapport en septembre faisant le constat que des groupes armés, affiliés au groupe Etat islamique, ont ainsi massacré des centaines de villageois depuis le début de l’année dans le nord-est du Mali, alors que le colonel Assimi Goïta est au pouvoir. Au Burkina Faso voisin, treize soldats et deux supplétifs de l’armée ont été tués ce week-end, soit une semaine après l’investiture du président de transition, le capitaine Ibrahim Traoré.
Au regard de ces situations, la mutualisation des efforts entre les pays pourrait éventuellement réussir mais la tâche s’annonce très difficile dans ce conflit. A rappeler que le G5 Sahel et Barkhane sont tous passés par là mais la situation est toujours précaire. Tout démontre que la présence d’un militaire à la tête d’une nation en crise ne résoudra en rien le problème djihadiste. En effet, le Niger en est une parfaite illustration. Loin d’être à l’abri des attaques des GAT, le président Bazoum a su trouver le moyen de réduire considérablement les attaques sur son sol.
Ces deux pays sahéliens d’Afrique de l’Ouest partagent une frontière longue de 1200 km et sont confrontés à une recrudescence des attaques terroristes depuis 2012 pour le Mali et 2015 pour le Burkina Faso.
Pour rappel, les deux pays ont enregistré plus d’un millier d’attaques qui ont causé la mort de plus de 4.000 personnes. Or, entre octobre 2021 et octobre de cette année, Bamako était et reste d’ailleurs dirigé par des militaires. Dans le cas du Burkina Faso, les militaires ont pris le pouvoir par les armes en janvier dernier.