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Face au réchauffement climatique : Le Mali ambitionne de reboiser annuellement 100 000 hectares pour rester un puits de carbone
Publié le vendredi 18 novembre 2022  |  Le Matin
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L’Egypte accueille la 27e Conférence des parties à la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) du 6 au 18 novembre à Sharm el Sheikh. Le Mali y est représenté par une importante délégation. Le 8 novembre dernier le Premier ministre par intérim y a pris la parole. Et, fidèle à ses convictions, le Colonel Abdoulaye Maïga n’est pas passé par 4 chemins pour demander aux pays pollueurs d’assumer leurs responsabilités en tenant par exemple leurs promesses sur le climat.

Le Mali accorde un ordre de priorité élevé aux défis posés par les changements climatiques, en raison de sa vulnérabilité particulière aux plans climatique, environnemental et écologique ! C’est ce que le Premier ministre par intérim (PM-I) a défendu dans un discours tenu à la tribune de la 27e Conférence des parties à la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC, du 6 au 18 novembre 2022) en Egypte.

«La COP27 se tient à un moment où le monde est à la croisée des chemins et peine à transformer la promesse des sommets mondiaux successifs sur le climat en dividendes d’un mieux-être et d’une prospérité partagée pour les habitants de notre planète», a rappelé le Colonel Abdoulaye Maïga à Sharm el Sheikh. Elle se tient également à un moment où, a-t-il souligné, le Mali (un Etat avec une superficie de 1 241 238 km2 et aux deux tiers désertiques) est «confronté à de nombreux défis liés aux changements climatiques. Des défis rendus encore plus ardus par l’accumulation des crises sécuritaires, politiques, économiques, humanitaires, et sanitaires».

Au Colonel Maïga d’ajouter, «ces défis et vulnérabilités créent un terreau fertile à la dégradation de l’environnement et son corollaire d’érosion de la résilience des populations, illustrée par le phénomène des personnes déplacées internes, des réfugiés, de la migration de masse et de l’exode rural». D’où la détermination des autorités maliennes de faire un pas important vers «une transition écologique et énergétique justes et équitables, soutenues par des moyens de mise en œuvre adéquats et conséquents».

Dans notre pays, la volonté politique en faveur de l’atténuation des effets du changement climatique entre dans sa phase de croisière et sera consolidée par les actions vigoureuses contenues dans le Plan d’action du gouvernement (PAG). Il est ainsi prévu, en moyenne, le reboisement de 100 000 hectares par an ; la restauration des terres dégradées du fait de l’avancée du désert et de la dégradation des lits et des berges des principaux cours d’eau, dont les fleuves Niger et Sénégal ; la reprise des travaux du barrage de Taoussa ainsi que la construction des centrales photovoltaïques à travers le pays. «Cela permettra au Mali d’augmenter la part des énergies renouvelables dans le mix-énergétique à l’horizon 2030», a assuré le Colonel Maïga.

Il a aussi rappelé que la «mise en œuvre efficiente» de certaines «recommandations pertinentes» issues des Assises nationales de la refondation (ANR-décembre 2022) permettra «indubitablement de renforcer la position du Mali qui demeure un puits de carbone».

«La protection de l’environnement au Mali remonte à des siècles, telle qu’illustrée dans la Charte de Kurukanfuga, adoptée en 1236», a rappelé le chef du gouvernement. Il n’est donc pas surprenant que notre pays soit doté d’un arsenal juridique adapté en matière de réponse aux effets des changements climatiques. Il s’agit notamment du Cadre stratégique pour une économie verte et résiliente au climat, le document de Contribution déterminée au niveau national (CDN) dans lequel notre pays s’engage à «une réduction moyenne de 40 % d’émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2030».

Cependant, s’est interrogé le PM-I, «comment ne pas relever, pour les regretter encore une fois, les sanctions inhumaines, illégales et illégitimes qui furent imposées au Mali pendant sept longs mois d’embargo (janvier à juillet 2022) par la Cédéao et l’Uémoa et qui ont porté un coup dur, au-delà de l’économie nationale et des secteurs sociaux, à nos efforts de longue date en matière d’adaptation et d’atténuation aux effets des changements climatiques» ?

Dans son intervention, le Colonel Maïga a également attiré l’attention sur la problématique du financement du climat de manière «ambitieuse, robuste et flexible». A son avis, une réponse adéquate à cette question va nécessiter «une transformation et une réforme fondamentale de l’architecture financière des banques multilatérales de développement et une réforme de la gouvernance mondiale afin de mieux faire face à l’urgence climatique et ce, dans le cadre d’une approche globale de transition équitable pour assurer un développement durable au bénéfice exclusif des populations affectées».

C’est ainsi qu’il est impératif que les Partenaires techniques et financiers (PTF) se mettent davantage à «l’écoute de nos besoins» et, surtout, que tous et chacun s’assurent que leurs interventions sont en adéquation avec les «trois principes clés définis» par le président Assimi Goïta en matière de coopération et de partenariat avec le Mali. Il s’agit, a-t-il énuméré, «du respect de la souveraineté» et des «choix stratégiques» de partenaires opérés par le Mali et, enfin, de la «prise en compte des intérêts vitaux des populations».

«En termes de principe de la responsabilité commune mais différenciée, l’Afrique n’est responsable des émissions cumulées mondiales que de 4 %. Par conséquent, il est important que les plus gros pollueurs assument pleinement leur responsabilité dans la lutte contre les changements climatiques. En effet, les promesses non tenues sont de nature à affecter la survie de l’humanité», a souligné Colonel Abdoulaye Maïga.

Il a conclu en rappelant que notre pays reste plus que jamais convaincu de «l’importance de conjuguer nos efforts communs et d’agir ensemble, de manière sincère et transparente afin que la présente COP27 ne soit pas une messe de plus, encore moins un rendez-vous manqué pour l’humanité dans la quête de préservation de la planète terre et dans notre ambition collective d’assurer un développement durable pour les générations présentes et futures».

Dans son intervention, le Premier ministre intérimaire a aussi donné des éclaircissements sur le bien fondé de la transition en cours dans notre pays et la volonté réelle des autorités transitoires de procéder à une profonde refondation de l’Etat, par des réformes pertinentes, afin d’éviter tout retour à la case départ dans quelques années.

«Le Mali est engagé dans un processus de Transition dont la justification et le substrat reposent sur la nécessaire refondation de l’Etat afin de répondre durablement aux aspirations profondes et légitimes de notre peuple, notamment en matière de restauration de la sécurité, de préservation de la paix, de la cohésion nationale, de la souveraineté, de l’unité et de l’indépendance de notre Etat», a déclaré Abdoulaye Maïga. Les Maliens n’en attendent pas moins aujourd’hui de lui et de son gouvernement !

Naby

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