L’accueil par la France de l’Ocean Viking, ce bateau longtemps resté bloqué dans une zone d’attente internationale avec 230 migrants à bord, continue d’agiter la classe politique française. Lors des questions au gouvernement ce mardi, c’est la députée RN Mathilde Paris qui a remis les pieds dans le plat en interrogeant le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin sur l’autorisation accordée au navire d’accoster au port de Toulon il y a 11 jours. Un « fiasco », a-t-elle dénoncé.
« Ce n’est pas l’exécutif qui a accueilli ce bateau c’est notre humanité », a répliqué le ministre de l’Intérieur. Après avoir dénoncé l’attitude des responsables du Rassemblement national, préférant selon lui soutenir leurs « amis italiens » plutôt que de saluer le travail des policiers français, Gérald Darmanin a indiqué devant la représentation nationale qu’un avion avait décollé ce mardi matin « pour reconduire des personnes notamment au Mali ».
« Nous devons changer le droit »
Interrogé par Le Parisien, l’entourage du ministre de l’Intérieur précise que deux migrants ont été reconduits dans leur pays, confirmant une information de nos confrères de BFMTV. Un conseiller précise que Bamako a bel et bien délivré les laissez-passer consulaires nécessaires au retour au pays d’origine, et ce en dépit des tensions actuelles entre la France et le Mali.
Au-delà de ces renvois, le ministre de l’Intérieur a indiqué à l’Assemblée nationale que le gouvernement allait tirer des conclusions « de ce que nous avons vécu pour l’Ocean Viking ». Le droit « n’est pas forcément adapté à cette situation », a poursuivi Gérald Darmanin. « Nous devons changer le droit et c’est justement ce que nous allons faire dans la loi immigration » proposée par le gouvernement, qui mène actuellement des concertations tous azimuts sur ce projet de texte qui doit faire l’objet d’un débat parlementaire les 6 et 13 décembre avant une présentation officielle début janvier 2023, a-t-il ajouté.
Le ministre de l’Intérieur a également évoqué la mise en place « dès le mois de juin » 2023 d’un « système d’entrée et sortie Schengen, qui n’a jamais existé auparavant », sans davantage de détail. Également sollicité, le ministère de l’Intérieur a indiqué que quatre personnes se trouvent toujours mardi matin dans la zone d’attente fermée créée sur la presqu’île de Giens, dans le Sud-Est et dans laquelle le gouvernement voulait maintenir environ 190 migrants, soit tous les rescapés de l’Ocean Viking à l’exception des mineurs isolés. Ces quatre rescapés « auront vocation à être reconduits dans leur pays d’origine », fait savoir la même source, alors que Gérald Darmanin avait évoqué l’expulsion à venir d’une quarantaine de ces migrants, la semaine dernière, avant une salve de libérations massives par décisions de justice.