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Epiée de toutes parts : La France veut faire payer sa bronca au Mali
Publié le jeudi 24 novembre 2022  |  Le pelican
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Rien ne va plus entre la France et le Mali. Et chaque jour qui passe, ravive davantage les tensions entre Paris et Bamako, marquées par des propos et actes graves de la part des plus Hautes Autorités françaises. Mais comment en est-on arrivés là, au point de faire perdre la raison à l’Elysée?

En effet, après le coup d’Etat perpétré par un groupe d’officiers de cinq colonels, le 18 août 2020 contre le régime d’Ibrahim Boubacar Kéïta, coup d’Etat facilité par l’insurrection du mouvement du 5 juin, le M5-RFP. Puis, le Comité National pour le Salut du Peuple (CNSP), représenté par ces officiers, s’installe au pouvoir. Ba N’Daw et le Colonel Assimi Goïta, sont désignés respectivement Président et vice-président de la Transition, le 21 septembre 2020. Ils prêtent serment le 25 septembre 2020 devant la Cour Suprême. Le 27 septembre 2020, le diplomate Moctar Ouane est nommé Premier Ministre.

Mais après neuf mois d’exercice du pouvoir, des divergences de vues apparaissent entre Ba N’Daw et le Colonel Assimi Goïta. Désormais, la cohabitation devient difficile et les relations de plus en plus tendues entre ces deux personnalités. C’est dans cette atmosphère de relations tumultueuses que le Président de la Transition Ba N’Daw se rend à Paris à la Conférence sur les financements des économies africaines tenue les 17 et 18 mai 2021. Au cours de son séjour, il eut plusieurs entretiens avec des personnalités dont le Président français Emmanuel Macron qui félicita et encouragea son homologue malien, en s’adressant à lui en ces termes « vous avez réalisé en si peu de temps, des avancées notoires que votre précédent n’a pu faire en 7 ans… ».

Ce qui n’a pas manqué d’alimenter à Bamako, des rumeurs de soupçons d’un vrai deal entre N’Daw et Macron quand, quelques jours seulement du retour de ce voyage, Ba N’Daw procède le 24 mai 2021, à un remaniement ministériel comme s’il voulait s’affranchir de la tutelle des militaires, excluant du nouveau Gouvernement de Moctar Ouane, les proches collaborateurs du Colonel Assimi dont les Colonels Sadio Camara et Modibo Koné, têtes de proue du groupe. C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Emporté par la colère, le Colonel Assimi Goïta, fait arrêter Ba N’Daw et son Premier Ministre, pour haute trahison. Un décret met fin à leurs fonctions respectives et cède la place à une Transition dite de Rectification dont l’objectif est de refonder l’Etat du Mali malade.

La Transition de rectification et les contrecoups de l’Elysée?

Le 24 mai 2021, le Colonel Assimi Goïta est le nouveau Président de la Transition. Il nomme le 07 juin 2021, son tout nouveau Premier Ministre, Dr Choguel Kokalla Maïga, issu des rangs du M5-RFP, fer de lance dans la chute d’IBK. Gagné par l’hystérie, le Président Macron ne rate aucune occasion pour multiplier sur un ton condescendant, ses invectives, ses propos incendiaires, haineux et diffamatoires à l’endroit des nouvelles Autorités de la Transition qu’il qualifie désormais, d’illégitimes et d’irresponsables, issues de deux coups d’Etat. La suite est bien connue notamment avec la décision responsable prise par ces Autorités de diversifier leur partenariat notamment avec la Russie après avoir constaté l’échec patent, de neuf ans de présence des forces étrangères (Barkhane, Takuba, MINUSMA) au Mali qui n’ont pas réussi à endiguer les attaques violentes et meurtrières des terroristes qui n’ont que trop endeuillé les innocentes populations du pays.



Ce qui est vu comme un revirement inacceptable par l’Elysée qui fustige le recours du pouvoir de Bamako, à des milices privées russes Wagner. En cours d’arguments, les Autorités françaises les traitent avec mépris, de prédateurs des économies, capables de commettre les plus folles exactions sur les populations civiles, avaient laissé entendre ces mêmes Autorités françaises, sans qu’elles ne puissent pourtant apporter la moindre preuve. Derrière cette cabale contre le Mali, il y a bien une intention délibérée de la part de la France, de décrédibiliser la franche coopération russo-malienne grâce à laquelle, les forces armées maliennes montent en puissance sur les différents théâtres d’opérations.

Les relations entre Paris et Bamako ont ainsi pris un sérieux coup au point que le Président Macron annonce le 17 février 2022 de façon unilatérale, le retrait progressif du Mali, des 55000 militaires de la force Barkhane et le redéploiement de son dispositif au Niger. Retrait devenu effectif depuis le 15 août 2022, après le départ du tout dernier contingent de cette force. Décison qui fera dire au Premier Ministre malien Choguel Kokalla Maïga à la 76ème Session de l’Assemblée Générale des Nations-Unies, que « la France a abandonné le Mali en plein vol ».

Historique, ce discours irrite le Président Macron, son Ministre de la Défense Florence Parly et de celui des Affaires Etrangères Jean Yves Le Drian. Ils mobiliseront tous les moyens disponibles contre ce qu’ils appellent un « coup d’Etat dans un coup d’Etat », pour déstabiliser les Autorités de la Transition avec le concours de leurs valets de l’espace CEDEAO (Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) et certains de nos compatriotes apatrides. C’est un véritable camouflet diplomatique pour la France qui verra plus tard, l’expulsion en janvier 2022, de de son ambassadeur au Mali, Joel Meyer, pour ses propos hostiles, subversifs et outrageux et aussi, le retrait à RFI et à France 24, de leurs licences de diffusion.

Ce sont deux médias français, assimilables à la radio génocidaire dénommée « Mille collines » au Rwanda. Ils sont mis à contribution par l’Elysée, pour discréditer constamment le pouvoir de Bamako et les Forces Armées et de Sécurité du Mali (FAMAS). Jamais dans l’histoire, la politique extérieure de la France n’a connu une telle déconfiture, un tel niveau de déliquescence, annonçant du coup, la fin au Mali et dans le reste du Sahel, de l’hégémonie d’une France néocolonialiste, paternaliste et prédatrice.

Désormais, des voix s’élèvent au Niger et au Burkina Faso, pour dénoncer la présence des forces françaises Barkhane et Sabre. Quant à la MINUSMA (Mission Multidimensionnelle Intégrée des Nations-Unies pour la Stabilisation du Mali), déployée au Mali en 2014 avec ses 13 289 militaires, suivant la Résolution 2164 du 25 juin, à la demande de la France, elle a outrepassé sa mission telle que définie par la Résolution 2100 du Conseil de sécurité des Nations-Unies du 25 avril 2013 qui l’a créée, car contre toute attente, elle a souscrit ses activités dans l’humanitaire et sert désormais de relai aux médias français RFI, France 24, aux ONG et aux Organisations de Défense des Droits de l’Homme, dans le décompte irréaliste de victimes pour le compte d’un montage grotesque contre les forces armées du Mali dont on veut désormais ternir l’image sur la scène internationale.

Sous l’œil du cyclone, ce machin de la France a été maintes fois rappelée à l’ordre par les Autorités légitimes de la Transition, jusqu’à l’affaire rocambolesque des 49 prétendus « militaires ivoiriens », arrêtés le 09 juillet 2022 à l’aéroport international Modibo Kéïta de Bamako, pour atteinte à la sûreté de l’Etat du Mali et considérés comme tel, des mercenaires. Une affaire qui sent de l’interférence et de l’ingérence de l’Elysée et de la communauté internationale contre le Mali.

Comment la propagation du syndrome malien est-elle perçue au Sahel ?

Depuis quelques mois, le Peuple du Mali, fier de son passé glorieux, a décidé de prendre son destin en main, en poussant l’ancien colon à accumuler des erreurs qui ont fini par l’emporter comme une vague déferlante. Chassée et humiliée, la France adopte désormais, une attitude peu élégante, belliqueuse et revancharde contre le Mali, d’abord en poussant vers la porte de sortie, certains pays intégrés aux forces de la MINUSMA comme le Royaume-Uni, annonçant il y a quelques mois, son retrait, puis la Côte d’Ivoire qui dit avoir pris de façon souveraine, la décision de retrait progressif des 300 hommes de son contingent au sein de cette institution onusienne, suite à l’arrestation et à l’emprisonnement de ses « militaires » au Mali.

La suspension de l’aide française au développement peut-elle impacter le quotidien des maliens ?

Comme si tout cela ne suffisait pas, la France annonce le 17 novembre 2022, la suspension de son aide publique au développement au Mali. Une décision justifiée par le rapprochement de Bamako avec la Fédération de Russie. Et comme une réponse du berger à la bergère, les Autorités de la Transition n’ont pas tardé à réagir par un communiqué lu à la chaîne TV nationale de l’ORTM1 le lundi 21 novembre 2022, interdisant toutes les activités de toutes des ONG financées par la France au Mali et dénonçant des « allégations fantaisistes » et un « subterfuge destiné à tromper et à manipuler l’opinion publique nationale et internationale aux fins de déstabilisation et d’isolement du Mali ». Mais que pourraient être les conséquences d’une telle décison des Autorités françaises, sur le quotidien des maliens ?

Certes la manne financière mobilisée par la France dans le cadre de cette aide au développement est importante, mais ne peut aucunement déstabiliser la Transition et faire souffrir les maliens car déjà avec les sanctions injustes, illégales et inhumaines que la CEDEAO avait infligées au Mali en janvier 2022, le Gouvernement avait élaboré son «Plan de Riposte » afin de faire face à de telles situations que de toutes façons, le Mali voyait venir surtout que l’ennemie cherche toujours à laver par tous les moyens, ce qu’elle considère désormais comme un affront.

La France parce que c’est d’elle qu’il s’agit, apporte au Mali une aide ciblant beaucoup de secteurs d’activités (agriculture et sécurité alimentaire, eau et assainissement, gouvernance, santé, humanitaire, infrastructures, droits de l’homme, etc.), soit un montant global estimée à 41,13 milliards d’euros en 2017, mobilisés sur le terrain par l’Agence Française de Développement (AFD) et des ONG. Mais cette aide si importante soit-elle, ne peut et ne doit nous inciter à renier notre honneur, notre dignité et notre souveraineté, des valeurs sacrées que nous ont léguées nos ancêtres.

Le Président de la Guinée Ahmed Sékou Touré ne disait-il pas en 1958 avec fierté au Président de la France le général De Gaule que « Nous préférons la pauvreté dans la liberté à la richesse dans l’esclavage » ? Humiliée pour la première par un africain, la France emporte de la Guinée, tout ce qu’elle pouvait, mais le pays est resté débout et les guinéens fiers, libres et dignes, malgré des années de dures épreuves endurées par un peuple vaillant et digne. Les maliens à l’instar des guinéens, résisteront aussi à toutes les tentatives d’intimidations et de déstabilisation de la France qui veut continuer à vassaliser encore, ce grand peuple du Mali que toute l’Afrique admire et regarde aujourd’hui avec fierté parce qu’il est désormais sa boussole et son laboratoire en matière de liberté, de justice et de souveraineté retrouvées.

Dr. Allaye GARANGO, Enseignant-chercheur / Ecole Normale Supérieure de Bamako (Mali)
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