Deux personnes ont été interpellées dans l’enquête sur la disparition depuis quelques jours au Mali d’un prêtre de nationalité allemande dont l’enlèvement fait de moins en moins de doute, a indiqué un responsable policier jeudi.
Ce responsable s’exprimant sous le couvert de l’anonymat a laissé entendre que les deux personnes, interrogées dans un commissariat de Bamako, avaient été interpellées pour les besoins de l’enquête. Aucune indication n’a été fournie sur leur lien avec l’affaire, ni sur les auteurs présumés et les motivations possibles d’un éventuel enlèvement. Un tel kidnapping serait un fait exceptionnel dans la capitale, relativement préservée de l’insécurité, alors que les enlèvements, y compris de religieux et religieuses chrétiens, ont été nombreux ailleurs au Mali, confronté depuis 2012 à la propagation jihadiste et à des violences de toutes sortes. Le père catholique Hans-Joachim Lohre devait célébrer la messe dimanche dans un quartier de Bamako mais avait disparu dans la soirée, a rapporté l’archevêché. Sa voiture est restée stationnée devant chez lui et les appels sur son téléphone tombaient sur sa boîte vocale.
"Deux personnes ont été interpellées dans le cadre des investigations. Elles viennent de passer leur première nuit au commissariat", a dit le responsable policier. "A ce stade c’est la piste de l’enlèvement qui est privilégiée", a-t-il dit. "Pour le moment, tout laisse penser qu’il a été enlevé. On recherche un véhicule suspect qui était dans les parages", a abondé un proche du religieux. Dans un communiqué publié 24 heures après le constat de la disparition, l’archevêque de Bamako, Mgr Jean Cardinal Zerbo, écrivait que cette absence prolongée faisait penser à un enlèvement. Aucune information n’a été obtenue de la part des autorités allemandes. Surnommé "Ha-Jo", le prêtre allemand, membre de la Société des missionnaires d’Afrique, dits Pères blancs, vit au Mali depuis une trentaine d’années. Il enseigne dans la capitale malienne à l’Institut de formation islamo-chrétienne, qui reçoit des étudiants venus d’Afrique. Il est aussi secrétaire national d’une commission de dialogue interreligieux. Le Mali est en proie depuis 2012 à une grave crise sécuritaire et à des violences en tout genre, dont les kidnappings sont un des aspects, qu’il s’agisse d’étrangers ou de Maliens. Les motivations, idéologiques ou crapuleuses, vont de la demande de rançon à l’acte de représailles en passant par la volonté de marchandage.