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Edito : Le régime transitoire malien est aux abois
Publié le samedi 26 novembre 2022  |  L'Alternance
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Après avoir déchu le Président démocratiquement élu, IBK, le 18 Août 2020 et surtout après la rectification le 24 mai 2021, avec la mise à l’écart de N’Bah Daou et de Moctar Ouane, respectivement Président et premier ministre de la transition, le régime transitoire dirigé par les cinq colonels semble être aux abois. En proie aux critiques les plus acerbes, acculés de toutes parts par les syndicats déterminés à faire aboutir leurs légitimes revendications, Assimi Goïta et ses compagnons d’infortunes sont véritablement dos au mur. Ils ne savent plus à quel saint se vouer et les solutions aux problèmes de plus en plus nombreux et de plus en plus délicats se font rares pour ne pas dire quasi inexistantes. Nous assistons « à la montée en puissance » du mercure social ce qui ne présage nullement d’un lendemain tranquille. En effet, la véritable levée des boucliers a commencé lorsque, contre toute attente, les autorités ont nommé 26 nouveaux membres du CNT. Comme si cela ne suffisait pas elles ont augmenté démesurément les budgets de deux plus importants organes de la transition, à savoir la Présidence de la République et le CNT, faisant office de parlement. Cette augmentation vertigineuse des budgets et la nomination de ces membres du CNT ont fini par convaincre le plus inintelligent de la République que les gouvernants actuels sont beaucoup plus dans le combat pour leur bienêtre plutôt que pour sauver la République.
Il parait inconcevable pour le citoyen lambda d’admettre que les autorités de la transition puissent adopter une telle posture et poser des tels actes maladroits dans un pays où l’économie est presqu’à l’arrêt, ou encore la crise socio sécuritaire bat de l’aile et couvre l’ensemble du pays. Cette attitude qui s’apparente à la désinvolture, semble donner des idées aux syndicats dont certains avaient sursis à leurs revendications par solidarité et cela compte tenu des difficultés auxquelles le pays est confronté. Aujourd’hui la boîte à pandore est ouverte par les autorités et les syndicats ne font que saisir la balle au rebond pour faire aboutir leurs revendications. Des Préavis et des grèves sont en préparation ou en cours. La synergie des syndicats de l’enseignement préscolaire, fondamental, secondaire général et technique a déposé un préavis de grève pour la mi-décembre. Avant la synergie, les magistrats, regroupés au sein du SAM et du SYLIMA pourraient abandonner leurs robes à partir du 29 novembre et cela pour une durée de 5 jours ouvrables. Le syndicat Autonome des greffiers n’en démorde pas également, il observera 3 jours d’arrêt de travail à compter du 7 décembre 2022. Comme un effet de mode la Synergie des syndicats des Eaux et Forêts arrêterait de travailler si ses revendications ne sont prises en compte à partir du 28 novembre 2022. Que dire des élèves et étudiants qui ont débraillé les classes pour 120 heures soit 5 jours ouvrables. Comme si cela ne suffisait pas la faculté de Médecine et de Pharmacie est également en grève de 5 jours depuis le lundi 21 novembre 2022 et cela, après une grève de 15 jours depuis le début du mois.
Pour rappel tous ces mouvements se passent à un moment très crucial de la vie de la nation. En effet, une crise socio-sécuritaire aiguë couplée à une tension politique latente, il y a vraiment de quoi être inquiet, car tout cela n’augure rien de bon pour la paix et la stabilité dans notre pays. Les leaders politiques et même ceux de la société civile y compris les religieux sont désormais vent debout contre l’avant-projet de la nouvelle constitution. A cela il faut ajouter la grande incertitude quant au respect du chronogramme des élections. Aujourd’hui la situation est véritablement inquiétante au Mali, car nonobstant la montée en puissance de l’armée, les conditions sécuritaires sont loin d’être réunies tandis qu’il y a une montée en flèche des prix des denrées de première nécessité dans une extrême pauvreté due à la raréfaction des ressources financières et un isolement diplomatique sans précèdent . La coupe est alors pleine et on est à un doigt de l’implosion.
Youssouf Sissoko
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