La rédaction de la nouvelle Constitution ne semble pas faire l’unanimité. Du moins, c’est ce qui ressort de l’analyse du parti Solidarité africaine pour la démocratie et l’indépendance (Sadi) qui estime que les autorités de la Transition n’ont ni la légitimité, ni le droit au regard des dispositions de la Constitution du 25 février 1992.
A travers un communiqué en date du 23 novembre 2022, le bureau politique de Sadi rejette toutes actions visant à rédiger une nouvelle Constitution de la part des autorités de la transition. Les raisons évoquées par Sadi sont relatives aux imperfections et à la mauvaise foi des autorités à satisfaire les doléances de la population. Ce sont des doléances qui d’ailleurs avaient été soutenues par le parti sur la base desquelles le bureau de Sadi avait exprimé soutien à la transition. Du désespoir au désarroi, le parti exprime son regret du fait que les tâches essentielles dévolues à la transition n’ont pas connu un début d’exécution satisfaisant. ‘’ La Transition a pris la responsabilité historique de trahir les aspirations profondes de notre peuple au changement, en reproduisant le même système de gestion népotiste et clientéliste du régime défunt, en foulant au pied les libertés fondamentales, en verrouillant le débat démocratique contradictoire’’, lit-on dans le communiqué.
C’est dans ce contexte d’insatisfaction que les autorités expriment le désir de rédiger une nouvelle Constitution dont l’avant-projet a été remis au président et aux différentes institutions pour approbation. Après une lecture minutieuse de fond en comble de cet avant-projet de Constitution, le bureau politique décèle quelques imperfections. Ces anomalies vont de la partition programmée de l’Etat unitaire, démocratique, laïc du Mali à travers l’application intégrale de l’Accord d’Alger, malgré les conclusions du Dialogue National Inclusif qui avaient exigé sa révision en l’adaptant à la Constitution de 1992, la transformation de l’Etat républicain et démocratique déjà corrompu et incapable d’accomplir ses tâches régaliennes en un Etat clanique soumis au bon vouloir du Chef de l’Etat qui deviendra, de ce fait, un véritable monarque absolu, la réhabilitation et la légitimation des vieilles féodalités locales à travers la création d’un Sénat, une obstruction systématique et délibérée aux besoins de changement manifesté par notre peuple en mars 1991.
Comme si ceux-là ne suffisaient pas, le communiqué parle de la mainmise totale sur les ressources du pays par une minorité de ploutocrates et d’oligarques en alliance ouverte avec les sociétés multinationales pour installer un pillage organisé des ressources minières et énergétiques du pays dont la jouissance effective ne sera plus consacrée par la Constitution.
Partant de ces manquements et imperfections, le bureau politique du parti Sadi réaffirme sa ferme opposition à toute révision constitutionnelle par les autorités de la Transition qui n’en n’ont ni la légitimité, ni le droit au regard de notre Constitution.
C’est ainsi qu’un appel incessant de mobilisation a été souhaité. ‘’Le bureau politique lance un appel à la mobilisation générale de toutes les forces politiques, syndicales pour mettre en échec ce projet porteur de dangers pour la sécurité, la stabilité, l’unité et l’intégrité territoriale du Mali afin d’imposer souverainement la Constitution de 1992’’, lit-on dans le communiqué.