A un moment où le monde entier se lève pour tenter de trouver une solution aux effets des changements climatiques, des maliens ont pu trouver l’idée saugrenue de vouloir monter une centrale électrique à charbon pour régler les problèmes de délestage que vit le pays depuis quelques années.
Le Mali est certes confronté à un besoin crucial d’énergie. Mais, nous ne croyons point que notre salut viendra d’une quelconque centrale électrique à charbon. Pour la simple raison qu’un tel projet soulève de nombreuses questions sans réponses. Où sera construite cette fameuse centrale à charbon ? D’où viendra le charbon qui va l’alimenter ? Les promoteurs vont-t-ils prendre des dispositions pour l’importer ? Ou vont-t-ils tout simplement se ruer sur notre pauvre couvert végétal, qui peine à faire face aux besoins de bois de chauffe ? Que disent les études d’impacts environnementaux par rapport à une telle réalisation, au regard de la vitesse avec laquelle les promoteurs veulent réaliser leur projet, sûrement funeste ? En principe, pas d’étude fiable, une telle initiative ne saurait prospérer. Enfin, dans un pays où les autorités se soucient de la santé de leur population et de la protection de l’environnement. Malheureusement, au regard de notre cadre de vie global, il y a lieu de se douter si cela fait partie des priorités.
Un pays comme le Mali, déjà confronté à des problèmes environnementaux auxquels on peine à trouver des solutions, ne peut se payer le luxe de permettre l’installation d’une centrale électrique à charbon sur son territoire.
Se débattant au quotidien avec la pollution de plus en plus croissante dans nos grandes villes, les autorités maliennes ne devaient pas permettre l’installation d’une centrale électrique à charbon au Mali. Et, si les autorités face à la pression que provoquent les délestages devaient sauter sur cette initiative d’installation d’une centrale électrique à charbon, il va falloir qu’elles aient à l’idée la menace grave que cela pourrait provoquer sur la santé de la population et sur la destruction de l’environnement.
Il est clair que cette centrale va contribuer à accentuer la pollution de l’air, qui devient un problème de santé publique pendant une bonne partie de l’année. Il n’y a aucun doute, les maliens veulent l’énergie électrique, mais pas à tous les prix. En tout cas, pas au détriment de leur santé, de celle de leurs enfants et petits-enfants.
Des études disponibles à volonté ont suffisamment démontré que le charbon est polluant. « Le charbon contribue fortement à la pollution locale et aux changements climatiques. Il génère 44 % des émissions mondiales de CO2 », a indiqué en fin 2020, le Fonds Monétaire International (FMI). « De son extraction à son utilisation, le charbon est en effet une source importante de pollution », nous indiquent des experts.
Au moment, où l’Europe se bat pour développer des stratégies pour avoir de l’énergie propre pour sa population, l’Afrique et le Mali ne doivent pas être le réceptacle des centrales électriques à charbon qui y seront démantelées. Il n’y a aucun doute, les promoteurs de cette idée saugrenue qui consiste à vouloir venir implanter une centrale électrique au Mali qui marcherait avec le charbon, vont se servir dans les poubelles de l’Europe. Et, si nous vérifions de prêt, c’est une centrale déjà usagée qu’ils se proposent à venir installer chez nous. Et, difficilement, l’on pourra nous convaincre de la rentabilité d’un tel projet qui va contribuer à tuer notre environnement et à nous tuer.
Nous avons suffisamment d’ordures qui jonchent nos villes, pensons plutôt à des usines qui pourront valoriser ces déchets pour nous fournir de l’énergie et de l’engrais. Il est déraisonnable et contre-productif de ramer à contre-courant. Ce n’est pas au moment, où l’humanité s’organise pour s’offrir une énergie propre que nous allons faire l’option hasardeuse de nous jeter les yeux bandés dans un projet à haut risque de construction d’une centrale électrique à charbon.
Mettre les maliens à l’abri des affres des délestages de Energie du Mali, est la mère de toutes les priorités. Mais, réfléchissons et travaillons à des solutions durables. Aujourd’hui, la technologie donne au Mali un avantage comparatif exceptionnel avec son soleil qui brille les douze mois de l’année. Pourquoi ne pas prospecter de ce côté-là, au lieu de venir nous imposer une machine qui va nous tuer sûrement à petit feu sans pouvoir régler notre problème.