L’organisation sous régionale mélange les pédales dans la gestion de l’affaire des 46 militaires. En décidant de sanctionner le Mali dans ce dossier, les chefs d’Etat de la Cedeao s’inscrivent désormais en porte-à-faux avec les missions et objectifs de l’organisation commune.
Après l’embargo imposé au Mali pendant 6 mois, le syndicat des chefs d’Etat, la Cedeao, revient à la charge cette fois-ci dans un dossier purement bilatéral. En effet, les amis d’Alassane Dramane Ouattara menacent le Mali d’une nouvelle sanction dans le dossier des 46 militaires détenus à Bamako depuis janvier 2022. L’organisation sous régionale exige leur libération avant le mois de janvier prochain. A défaut, des sanctions seront prises contre le Mali. C’est l’une des décisions fantaisistes issues du 6ème sommet de l’organisation tenu le dimanche 4 décembre à Abuja au Nigeria. Cette décision ne saurait surprendre puisque l’illégalité et la violation de ses propres textes sont le quotidien de la Cedeao. Ce qui montre clairement que les chefs d’Etat syndicalistes ne sont pas les adeptes du respect des missions et objectifs de l’organisation.
La mission de la Cedeao est de promouvoir l’intégration économique dans tous les domaines notamment l’industrie, les transports, les télécommunications, l’énergie, l’agriculture, les ressources naturelles, le commerce, les questions monétaires et financières, les questions sociales et culturelles. Ce qui prouve que la Cedeao ne saurait intervenir dans un dossier bilatéral comme celui des 46 militaires ivoiriens que Bamako qualifie de mercenaires. En bonne intelligence, Alassane Dramane Ouattara et ses pairs de la Cedeao devraient emprunter la voie de la sagesse et du dialogue au lieu brandir les menaces en mettant de l’huile sur le feu. Seule manière pour eux de rester en harmonie avec les objectifs de l’organisation.
Les buts et objectifs de la Cedeao tels que définis par le Traité de 1975 sont essentiellement de l’ordre de la coopération. C’est ce qui ressort des dispositions de l’article de 2 du Traité de 1975 qui dit que « le but de la communauté est de promouvoir la coopération et le développement dans tous les domaines de l’activité économique ». Par conséquent, si donc le Traité de 1975 fait référence à la coopération, cela signifie que les Etats membres ont décidé de mettre en œuvre une politique destinée à rendre plus intimes leurs relations dans le domaine économique grâce à des mécanismes permanents sans renoncer pour autant à leur souveraineté et à leur indépendance. C’est donc à juste titre que l’alinéa 3 du Préambule du Traité de 1975 met un accent particulier sur « l’intégration économique ».
Etant essentiellement une organisation d’« intégration économique », la Cedeao vise en vertu de l’article 3 de son traité constitutif à «promouvoir la coopération et l’intégration dans la perspective d’une Union économique de l’Afrique de l’Ouest en vue d’élever le niveau de vie de ses peuples, de maintenir et d’accroître la stabilité économique, de renforcer les relations entre les Etats membres et de contribuer au progrès et au développement du continent africain. »
La population réclame le retrait du Mali de la Cedeao
La Cedeao, une organisation sous régionale, semble instrumentalisée par certains présidents africains dans le dossier des 46 militaires ivoiriens. Du moins, c’est ce qui ressort de l’analyse des âmes bien averties.
La menace de nouvelles sanctions contre le Mali est perçue comme un non- événement dans la capitale malienne « Nous sommes habitués à des sanctions injustes et injustifiées de la part de la Cedeao », souligne Oumara Sissoko menuisier de son Etat. « Dans un passé récent, la Cedeao a sanctionné injustement le Mali. Une sanction qui, au lieu de porter préjudice au fonctionnement du pays, a permis de voir d’autres portes de sortie. Partant de cela, je pense que cette sanction qui va être prononcée permettra au Mali d’avoir d’autres issues. Il devrait éteindre l’incendie au lieu de l’aggraver. A partir du moment où la Côte d’Ivoire reconnait qu’il y a eu des manquements de l’envoie de ses militaires, elle devrait tirer les leçons en présentant des excuses. Au lieu de cela, c’est le rapport de force qui est utilisé comme si le Mali est parmi ses colonies. Je pense que les autorités maliennes sont dans la bonne direction concernant la gestion de ces mercenaires’’, a laissé entendre M.Sissoko.
Comme Oumar Sissoko, Fatoumata Berthé est dans cette même logique. « Qu’est ce qui a empêché Alassane Dramane Ouattara d’effectuer lui-même le déplacement sur Bamako pour bien discuter avec ses jeunes frères sur le sujet ? s’interroge-t-elle. La réponse à cette question pour elle réside dans le fait que la Côte d’Ivoire n’est pas claire dans cette affaire. Pour elle, la Cedeao doit jouer au pompier mais prodiguer des menaces ne fait qu’amplifier surtout que les Maliens ont les yeux rivés sur cette affaire. Une mauvaise gestion mettra en péril la crédibilité des autorités de la transition.
Comme eux, nombreux sont nos interlocuteurs qui ont souhaité à ce que le Mali quitte cette organisation. Pour eux, la Cedeao, au lieu de fonctionner sur le respect de la population, de régner sur la vérité et la réalité des faits se trouve instrumentalisée par Alassane. D’autres estiment que ces mercenaires étaient en mission et à la solde de la Cedeao.
Difficile d’établir cette vérité mais ce qui est sûr c’est que les Maliens auront la vérité lors du procès surtout que l’affaire a été judiciarisée. L’affaire des mercenaires ivoiriens mérite une analyse approfondie et une retenue des présidents de la Cedeao. Si la Cedeao n’a rien à se reprocher, elle doit laisser la justice malienne éclairer cette histoire sans aucune immixtion des autorités de la transition encore moins celles de la Cedeao.