L'éminent journaliste, l'un des plus audacieux de sa génération, Mohamed Attaher Halidou, a publié sur sa page Facebook, au début de ce mois, un billet inédit. Sans détours, le journaliste évoque la gouvernance dans notre pays, de la famille jusqu’au sommet de l’Etat, où l’intellectuel, le méritant est relégué au second plan au profit de ‘’ la médiocrité’’. Ce billet reste donc le plus massif, le plus imposant, le plus vigoureux et le plus génial des temps actuels, parlant du pouvoir public des Maliens.
« Dans un pays comme le Mali où le paysan n'a pas de retraite. Que signifie alors la retraite parlementaire ? "
Le Mali, un pays singulier ! Ici, il n’y a jamais d’échecs. On gagne toujours.
Médiocratie, autocratie, le "Mali kura refuse de naître. Des médiocres aux affaires et dans les affaires.
Inefficaces sur toute la ligne. Ils sont les plus nombreux et prennent le pays en otage. Ils s'aiment et s'embrassent. Aucune conviction, aucune vision, aucun mérite. Ils s'aiment entre eux et se soutiennent mutuellement et dans le mensonge. Diable, où est donc leur gloire ? Ils n'ont cure de la compétence et de l'intégrité.
Un brillant avocat malien avec plus de 20 ans de carrière me confie un jour autour d'un bon plat à domicile, qu'il ne pourra pas me citer 3 (trois) juges intègres et honnêtes au Mali. Bouleversant et déroutant ! On peut continuer à citer les exemples et dans tous les domaines.
J'ai rencontré un jour, un vieux journaliste malien sur le terrain de reportage. Avec une grande fierté, il me confie qu'il est journaliste de la vieille époque et qu'il exerçait depuis le temps de Modibo KEITA, premier Président du Mali indépendant. Il devenait du coup inintéressant pour moi et comprenez pourquoi. Il ne cessait de déranger le sommeil de Molière. Et j'ai compris pourquoi il est toujours sur le terrain. Ainsi vont les choses dans mon pays bien aimé !
Des ministres sans niveau sont choisis au bord du goudron pour utiliser une métaphore du Dr Choguel Kokalla Maiga alors Président du comité stratégique du M5-RFP.
Le génie et le talent sont sacrifiés.
L'école est malade et ne semble préoccuper personne. C’est le sauve qui peut. La relève est en péril.
La prise de conscience est aujourd'hui, plus qu'une urgence.
Quel avenir pour le fils du paysan ? Quel avenir pour le fils de l'enseignant ? Quel avenir pour le Mali ? Le système tue ses enfants. De pays, on en a que de nom.
Un pays, un vrai, c'est la qualité des ressources humaines. Le copinage et la médiocrité ont encore malheureusement des beaux jours au Mali.
Chacun payera le prix de sa compromission. Chaque peuple a le régime qu'il mérite comme on dit.
En réalité, le malien jadis réputé pour son intégrité est aujourd'hui faux, méchant et égoïste et même limité. L'argent roi est passé par là. Il a fini par corrompre toute la société. Que signifie être Malien aujourd'hui ? Les valeurs s'effritent et la morale publique est en danger. Notre société perd son âme. Elle doit être sauvée de toute urgence.
Si on veut tuer son peuple, on cultive l’obscurantisme. Le tableau est triste et l'horizon sombre !
À quand le Mali ? De la gouvernance vertueuse à la gouvernance orageuse !
Bien à vous mes chers amis !!!
Toujours avec le même plaisir !! »
NB : Le chapeau est de la rédaction
Source : Le Nouveau Courrier
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