Seydou Diallo dit Oscar est de ceux auxquels la pratique du football n’a rien apporté comme changement positif dans leur vie. Autrement dit l’indépendance n’est pas assurée aujourd’hui par leur carrière sportive. Pourtant il a joué au haut niveau durant des années. Il a même manqué de peu un contrat sur l’Italie pour des raisons qu’il attribue à la volonté divine. C’est à l’instar de ses aînés Oscar s’est résigné concernant les retombées du football malien, mais il refuse d’être fataliste. Il se bat comme un guerrier dans le désert pour gagner sa vie. Comment ? Quelle fut sa carrière ? L’ex-sociétaire de l’Espoir de Kayes Khasso est notre invité de la semaine, pour la survie de la rubrique “Que sont-ils devenus ?”
Seydou Diallo dit Oscar était un jeune polyvalent : tantôt libéro, stoppeur, latéral ou milieu défensif. Il avait le don de respecter à la lettre les consignes tactiques, et généralement il était détaché sur un adversaire redoutable. Moins bavard, courageux et teigneux il ne déméritait jamais. Voilà aussi un joueur dont la première sélection en équipe nationale a provoqué un tollé.
Les différentes presses se posaient la question de savoir comment l’entraîneur Mamadou Kéita dit Capi pouvait sélectionner Oscar pour les éliminatoires de la Can de 1998. Loin d’être une complaisance, sa sélection à l’époque s’expliquait logiquement par l’option de Capi, pour renforcer son système de jeu basé sur la défensive. Le coach Kéita utilisait Oscar comme deuxième stoppeur ou il lui confiait une mission d’anéantissement. En son temps, le jeunot ne s’était pas laissé démoraliser par les critiques de la presse malienne. Faudrait-il rappeler que votre serviteur ne tenait pas encore la plume à cette époque. Mais grand lecteur des journaux et fidèle auditeur des radios, il est témoin des commentaires que la sélection du joueur a suscités.
Il est quand évident que la presse se trompe parfois de cible. Sinon les successeurs de Capi, Christian Sarramagnan, Mory Goïta ont par la suite retenu l’enfant du Khasso en équipe nationale. Comme pour justifier ses atouts. Qui est ce joueur polyvalent ? Quels furent ses débuts ? Comment il s’est retrouvé à Bamako ? A Kayes, les terrains de football des quartiers de Diyabougou, Bazo vers les chemins de fer, Sahara derrière la Cité des cheminots, de Légal Ségou et même du Stade municipal, les jeunes et les adolescents se retrouvaient pour taper le ballon. Les héros du sacre du Sigui de Kayes en 1987, Mady Diallo, Moussa Koné dit Diego, Bourama Traoré, Abdoulaye Diallo, Fousseyni Diarra, Bakary Boré, Abdramane Sissoko et autres sont passés par ces infrastructures informelles avant de se faire un renom.
Sur leurs traces, Seydou Diallo dit Oscar. Il a passé son enfance dans le quartier populaire de Khasso. Il n’a connu qu’un seul club de quartier . Il a plus brillé dans les compétitions internationales scolaires et les semaines régionales. Une célébrité qui va lui conférer le statut de complément d’effectifs du Sigui de Kayes, dont le terrain d’entraînement était à proximité de sa famille.
De temps à autre, l’encadrement technique l’utilisait pour combler un vide. La saignée provoquée par le départ de certains ténors de la génération de 1987, renvoie l’équipe à une reconstitution. Parce qu’il fallait maintenir le cap, démontrer que l’exploit de l’équipe régionale n’était pas un fait du hasard ou un incident de parcours.
Défenseur en chef des Scorpions
C’est dans ce cadre que Seydou Diallo dit Oscar intègre le Sigui de Kayes à l’occasion de la (Semaine d’amitié et de fraternité (Safra) en Gambie, et du match amical international contre le Djaraf de Dakar. Ces différentes rencontres confirment son intégration dans l’équipe du Sigui. Comment il a apprécié cette titularisation ? Quelle était son arme pour se maintenir ? “C’était la réalisation d’une ambition que je me suis fixée dès mes premiers jours. C’est à dire qu’il fallait redoubler d’efforts pour être un titulaire du Sigui. Donc seul le sérieux et le travail pouvaient être ma clef de réussite. J’ai œuvré dans ce sens”.
Oscar a passé six saisons au Sigui de Kayes (1989-1995). Pour des raisons d’études, il transfère à l’AS Réal de Bamako, dont les dirigeants ont assuré la prise en charge de ses frais de scolarité au CFTQ. Pour expliquer son arrivée au Réal, Oscar dit qu’en plus d’être un supporter de ce club, il était aussi convaincu que celui-ci faisait exception par rapport aux rivalités interclubs. Son séjour dure quatre saisons, avec deux finales de Coupe du Mali perdues contre le Djoliba (1996) et le Stade malien de Bamako (1997).
Par sa rigueur, il a tenu le bastion défensif réaliste dans une constance indéniable. Comme évoqué plus haut, sa polyvalence lui a permis de s’imposer tout au long de son passage chez les Noirs et Blancs. Et c’est là où se justifie sa sélection en équipe nationale pour les éliminatoires de deux Can (1998 et 2000) auxquells le Mali ne s’est pas qualifié.
Difficile pour les dirigeants du Réal et même certains joueurs quand il s’est agi d’expliquer le départ de Seydou Diallo dit Oscar pour le Djoliba. Lui-même évoque des raisons personnelles. Paradoxalement ce transfert n’a pas comblé les attentes. Il n’a fait qu’une saison et se fit plutôt discret. Selon ses propres termes, il avait décidé de prendre sa retraite. Comment il s’est retrouvé à l’As Commune II ?
Oscar s’entraînait uniquement avec l’équipe pour maintenir sa santé. Mais un de ses anciens professeurs du CFTQ profitera pour lui faire une licence, à partir de sa photo des compétitions inter scolaires. Il ne jouera une seule saison (2004-2005).
D’autres circonstances le conduisirent à l’Asko qui évoluait en deuxième division. Après sa retraite Seydou Diallo dit Oscar s’est investi dans la location de véhicules qu’il a achetés pour subvenir aux besoins de sa famille. L’homme est marié et père de cinq ans. Dans la vie il aime la paix, et déteste l’hypocrisie.