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Les humeurs de Facoh : Les langues nationales et leur possible utilisation
Publié le dimanche 18 decembre 2022  |  Mali Tribune
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La crise franco-malienne ouverte sous l’actuelle transition, est l’occasion pour certains individus y compris des cadres, ou groupes d’individus de revendiquer l’abandon du français au profit des langues nationale en nombre considérable chez nous. Pour les enfants nés sous l’ère démocratique une telle revendication porte le cachet du nouveau mais pour les générations passées cette équation est aussi vieille que la République du Mali elle-même.

Sous l’USRDA, la réforme de septembre 1962 avait déjà abordé cette problématique mais avait renoncé à y apporter des réponses claires en raison des difficultés d’application sur toute l’étendue du territoire national. Depuis, la question est récurrente dans les cercles d’intellectuels tantôt par snobisme chez les uns, tantôt par nationalisme chez les autres, la plupart des partisans étant incapables de tenir une bonne dictée dans leur propre langue nationale. Le problème des langues nationales est donc un vieux sujet au Mali et tous les régimes politiques qui se sont succédé dans ce pays l’ont évoqué sans parvenir à y trouver une solution convenable.

Mais depuis le 2è putsch dirigé conte le colonel Bah N’Daw jugé trop proche de la France et soupçonné de signer des accords militaires avec cette puissance impérialiste, la haine contre ce pays et sa langue ne cesse de s’amplifier par le fait des populistes qui font porter à l’ancienne tutelle coloniale la responsabilité de tous les maux du pays. Il est vrai que le gouvernement d’Emmanuel Macron est coupable de beaucoup de coups bas au Mali et que ses ministres des Affaires étrangères et de la Défense n’ont pas su expliquer clairement. La France et sa langue furent donc mises au banc des accusés par le peuple du Mali.

La particularité de cette situation est que l’opprobre jetée sur la France et sa langue est portée par des déscolarisés qui considèrent que leur ruine scolaire et sociale est imputable à la langue française, pivot de l’enseignement colonial et même néocolonial des anciennes colonies françaises.

Les partisans intellectuels des langues nationales prennent souvent comme exemple la Chine et le Japon pour étayer leurs thèses sur l’utilisation des langues nationales ; c’est oublier que les situations ne sont pas comparables dans la mesure où ces pays asiatiques sont de vieilles terres d’écriture avant l’invention de l’imprimerie par Guttenberg au XVIè siècle en Europe occidentale.

Il ne faut pas confondre serviette et torchon car entre une politique menée par un pays souvent contre le gré de son peuple et l’utilisation qu’on peut faire de sa langue, il y a un grand fossé. Il ne faut pas non plus se leurrer et proclamer du haut d’une tribune l’abandon du français au profit des langues nationales qui dans bien des cas manquent d’alphabet et de règles grammaticales. La Guinée de Sékou Touré l’a fait et l’on sait dans quel abîme cette politique ultra nationaliste a plongé ce pays.

La pression de la rue et des populistes ne doit pas pousser des dirigeants à prendre des mesures contre productives comme ce fut le cas de la Côte d’Ivoire en 2011 lors de la chute de Laurent Gbagbo qui obéit aveuglément aux soldats de le rue, créant ainsi les conditions de son thermidor.



Facoh Donki Diarra

(écrivain)
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