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Edito : Sommet USA/AFRIQUE quand Joe Biden a préféré Mahamat Déby à Goïta, Doumbouya, Traoré et Al Burhane
Publié le lundi 19 decembre 2022  |  L'Alternance
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Le Président des Etats Unis d’Amérique, Joe Biden a réuni une cinquantaine de dirigeants africains pour un sommet, du 13 au 15 décembre 2022. Officiellement l’objectif du Président américain était de parler du développement de l’Afrique à travers un partenariat gagnant- gagnant. Mais officieusement ce sommet n’avait d’autre but que de convoiter les immenses ressources dont regorge l’Afrique. Si l’initiative a été diversement interprétée, elle ne manque pas non plus de susciter beaucoup d’interrogations, à commencer par le choix de participants. En effet, le Président américain a exclu certains dirigeants et accepter d’autres pourtant tous frappés du même sceau, celui du coup d’Etat. Le locataire de la White House a délibérément fermé la porte des USA au Mali, au Burkina Faso, à la Guinée et au Soudan, quatre pays jugés par l’administration américaine comme étant en rupture de ban avec les règles de la démocratie. Il y a ; sans aucun doute une discrimination, on pourrait même parler de deux poids deux mesures car si les quatre pays exclus sont gouvernés par des putschistes, Le Tchad aussi ne fera pas l’exception. Mais malgré cela on a déroulé le tapis rouge au Président de la transition tchadienne, Mahamat Idriss Déby Itno qui n’est ni plus ni moins qu’un autre putschiste, aux mains tachetées de sang des innocents. En faisant cette discrimination entre dirigeants souffrant des mêmes tares, Joe Biden a laissé tous les adeptes, voire combattants des droits de l’homme, des libertés et même de démocratie sur leur faim. Il semble faire une jurisprudence très grave, surtout pour un pays qui ne cesse de scander l’hymne à la démocratie, à l’Etat de Droit et à la bonne gouvernance.

S’agissant du sommet proprement dit, comme d’ailleurs tous les précédents sommets, qu’ils soient Russo/ Africain, Sino/Africain, Franco/Africain, ou encore Nippon/ Africain, le continent n’a eu droit qu’à des déclarations de bonnes intentions, des promesses mirobolantes et des discours. Biden était presqu’un roi parmi ses sujets en train de faire miroiter un espoir aux dirigeants africains. Ce continent très riche, mais qui depuis plus de 60 ans d’indépendance n’a pas bougé d’un IOTA en termes de développement. D’où cet adage, l’Afrique est très riche, mais les africains sont très pauvres. Pour rappel ce sommet USA/ Afrique, n’est pas le premier du genre il y a eu d’abord sous Barack Obama un sommet similaire dont les retombées n’ont pas été à la hauteur de l’espoir qu’il a suscité. Quant à celui de Joe Biden, des engagements forts ont été pris jusqu’à hauteur de 55 milliards d’investissements sur le continent au cours des trois années à venir. Il y a eu également la signature d’un protocole d’accord entre les États-Unis et la Zone de libre-échange continentale africaine, un accord qui, pour M. Biden, rapprochera encore davantage les deux côtés de l’Atlantique.

Et si les dirigeants africains renversaient la tendance, en invitant les puissances à venir discuter avec eux sur leur continent ? Cela suppose qu’un certain nombre de conditions sont réunies, comme entre autres la réalisation des Etats Unis d’Afrique, car l’Afrique dans sa diversité doit être un seul ensemble homogène pour négocier d’égal à égal avec les autres puissances. Les sous-ensembles régionaux doivent se mettre ensemble pour parler d’une seule voix. Ensuite que les principes démocratiques et les règles de bonne gouvernance soient la chose la mieux partagée et en fin que les experts dans tous les domaines fassent une évaluation des ressources africaines et proposer un plan de négociation avec tous ceux qui désirent commercer avec l’Afrique. Ce serait dans un partenariat gagnant- gagnant. C’est à ce seul prix que l’Afrique sortira de son éternel statut d’assisté et jouira de la plénitude de ses immenses et innombrables richesses tant convoitées par toutes les puissances mondiales.

Youssouf Sissoko

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