Le montant de l’achat des équipements militaires est de 1 230 milliards de F CFA. Les fonds débloqués par l’État sur le budget national ont pris une autre destination. Dès lors, les nouvelles autorités de Bamako ont ouvert des poursuites judiciaires contre des personnalités impliquées. Mais hélas ! Il y a blocage. Deux (02) anciens ministres de la Défense et des Anciens combattants seraient parmi les nombreux conseillers spéciaux du président de la transition.
Le décès de l’ancien Premier ministre et ancien ministre de la Défense, Soumeylou Boubèye Maïga, devait diligenter le procès. Rien ne bouge. Des présumés coupables bénéficient des promotions. Quant à l’ancienne ministre de l’Économie et des Finances, Mme Bouaré Fily Sissoko et de l’ancien ministre de la Communication et de l’Économie numérique, Mahamadou Camara, ils croupissent en prison.
Après lecture du livre intitulé: «Présumé coupable. Ma part de vérité» du général Yamoussa Camara, on voit plus clair. L’armée était malade, faute d’équipements. Il qualifie le régime d’Ibrahim Boubacar Kéita (IBK) d’organisation criminelle et de prédateur économique. «Jamais dans l’histoire du Mali, la corruption, la boulimie et l’esprit de lucre n’ont atteint un tel degré d’insouciance dans la gestion des ressources de l’État. Chacun fait ce qu’il veut, au gré de ses intérêts ! Il n’y a ni contrôle ni suivi. Le régime a favorisé l’affairisme et l’émergence d’une véritable oligarchie militaire. On ne parle plus de bonne gouvernance, c’est la corruption à ciel ouvert». Mon général ! Qu’on ouvre le dossier pour savoir qui a fait quoi ?
Toujours concernant le blocage du procès sur l’équipement militaire: lisez ces lignes du livre du général Yamoussa Camara intitulé: «Présumé coupable. Ma part de vérité»
«Pour avoir été S/CEM OPS, des années durant, il m’a été rapporté que d’importantes sommes d’argent seraient (retro) versées chaque mois aux chefs à différents niveaux. Des tentatives initiées pour corriger ces dysfonctionnements n’ont jamais abouti, en raison des artifices créés. La solution ne sera pas trouvée à l’interne. Des profiteurs exhiberont à chaque fois, le prétexte spécieux de «Secret militaire», pour bloquer des audits externes.
Mais le prétendu secret militaire n’est plus à ce niveau. Cela ne constitue nullement un handicap. Bien au contraire, ils permettent une meilleure gestion et une programmation efficiente des plans de projection et de modernisation. Une autre source de déperdition est la distribution à tout vent de l’argent du contribuable à chaque occasion de sortie des élèves officiers de l’École militaire interarmes (EMIA)».
Armée malienne: nulle part de bibliothèques
Il faut que soit exigée et encouragée la rédaction des recours d’expérience (Retex), au terme des missions. Une étude américaine aurait démontré que la valeur moyenne des élèves serait égale au niveau moyen des cadres. Il faut aiguiser la curiosité des cadres en encourageant et en entretenant le goût de la lecture et de l’auto-formation par la promotion du mérite.
L’instruction est essentielle pour forger l’outil de défense. Elle est indispensable pour nourrir le débat stratégique au sein des armées. C’est au sein de l’armée malienne qu’on recrute un nombre élevé de faux diplômes (achetés dans les établissements supérieurs privés).
POINT DE MIRE
Vote: le texte malien inapplicable
En voulant garantir sur papier la liberté et la sincérité du vote; le législateur a conçu un texte extrêmement rigoureux qui est difficilement applicable dans le contexte malien et qui, paradoxalement dans la pratique, se prête à toutes sortes de tricheries et de manipulations. Lors des élections législatives de juillet 2002, la Cour constitutionnelle a reçu 505 plaintes en provenance des partis politiques, des candidats et des particuliers faisant état d’irrégularités et de fraude. La Cour a invoqué les mêmes faits pour justifier l’annulation du quart des suffrages (541 019 votes sur 2 201 154) lors du premier tour de l’élection présidentielle, en avril 2002.
On gagnerait à reformuler les dispositions qui sont en contradiction avec les pratiques et les habitudes des populations. Par exemple, il est patent que la disposition sur l’identification de l’électeur, à savoir la présentation en plus de la carte d’électeur, d’une pièce d’identité officielle ou de deux témoins inscrits sur la liste d’émargement du bureau et possédant leur pièce d’identité, donne lieu à toutes sortes d’interprétations et occasionne toutes sortes d’abus. J’ai eu l’occasion d’observer plusieurs fois des élections au Mali et j’ai remarqué que cette disposition est plus ou moins appliquée en milieu urbain, et plus ou moins ignorée en milieu rural.
Dans la plupart des villages du pays profond que j’ai visités, les électeurs se présentent dans le bureau de vote sans pièce d’identification et sans témoins et arrivent pourtant à voter en présentant simplement leur carte d’électeur. La procédure de l’identification formelle est-elle vraiment nécessaire dans un petit village, où tous les habitants se connaissent ?
Apparemment non, dès l’instant où le président du bureau de vote, les assesseurs, les délégués et les électeurs eux-mêmes conviennent tous de contourner les obstacles imposés par loi. Il s’agit véritablement d’une conspiration pour violer la loi. Il faut revenir sur terre et se dire que dans un pays, où la majorité de la population est analphabète, où l’établissement des actes d’état civil constitue l’exception et non la règle, où l’existence de ces actes ne leur confère d’ailleurs aucune garantie d’authenticité-il est de notoriété publique que des étrangers soient détenteurs d’actes de naissance et de passeports maliens, il y a lieu d’imaginer d’autres méthodes d’identification en plus des méthodes édictées par la loi.
RÉFLEXION:
Selon les estimations du ministère de l’Administration territoriale, 40% des naissances, 60% des mariages et 70% des décès ne sont pas enregistrés à l’État civil.
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La Rédaction