Le village de Wadougou Sikoro, situé dans la commune rurale de Kambila, est devenu, depuis quelques années, la cible des voraces spéculateurs fonciers, avec l’aval de certains habitants du village et sur la base des faux documents. Ils sont en train de semer la terreur au sein de ce village jadis paisible qui, aujourd’hui, est une véritable poudrière, et qui risque d’exploser si les autorités de la transition ne désamorcent pas à temps la bombe foncière.
Le samedi 17 décembre 2022, les membres de l’association pour la défense des bénéficiaires des titres préfectoraux ont organisé une conférence de presse au cours de laquelle ils ont montré leur mécontentement et invité les autorités de la transition à régler le problème définitivement afin qu’ils puissent construire leurs maisons. Le litige foncier est devenu une maladie contagieuse dans notre pays, une maladie qui fait des ravages sur son passage avec des conséquences incalculables et des foyers de tensions qu’il ravive. Les membres de l’association pour la défense des bénéficiaires des titres préfectoraux dans la commune rurale de Kambila, dans le cercle de Kati, sont la cible de cette maladie depuis quelques années. Le chef de village de Wadougou Sikoro, Baba Niaré, a rappelé que les parcelles dont il est question servaient de champs pour leurs arrières grands parents et que ce sont eux qui les ont vendues entre 2008 et 2009 aux actuelles bénéficiaires, sous l’autorité du préfet de Kati à l’époque. Il a fait la genèse de la crise foncière qui, selon lui, remonte à 2012, l’année où l’Agence de Cession Immobilière ACI s’est présentée avec des faux documents arguant qu’elle possède 52 hectares sur les 100 hectares. Le chef de village a fait savoir qu’ils ont été étonnés du comportement de l’agence qui n’a pas pu montrer de preuves prouvant qu’elle y a des parcelles. Avant de faire savoir que l’ACI s’est trompée de sites. Il a précisé que leurs sites sont bien à Kati Wadougou Sikoro et non Samakebougou. « Nous n’avons vendu aucune parcelle à l’ACI, mais avec des particuliers dont l’ACI est en train de piétiner les droits. Nous restons derrière ceux dont les droits sont bafoués par l’ACI et demandons aux autorités de la transition de tout mettre en œuvre pour réparer le plus vite possible cette injustice», a-t-il lancé.
Djélimory Kouyaté, le secrétaire général de l’association, a, dans ses propos, évoqué le feuilleton judiciaire qui les a opposé aux dignitaires du régime défunt qui, selon eux, étaient des fervents défenseurs de l’ACI sur la base du faux. Il a révélé qu’ils se sont rendus à maintes reprises à l’ACI et que certains anciens directeurs de l’agence ont reconnu qu’ils n’ont pas de parcelles dans la zone et qu’ils doivent même dédommager ceux à qui ils ont causé des torts. Ce dernier affirme qu’ils ne lâcheront pas l’affaire et qu’ils continueront à réclamer leurs droits afin qu’ils récupèrent leurs terres injustement dérobées par l’ACI sur la base du faux. Les conseillers du chef de village et plusieurs autres membres de l’association ont montré leur mécontentement. Ce litige foncier a donc atteint le paroxysme et une implication des autorités compétentes est nécessaire pour désamorcer cette bombe qui risque d’exploser.
Nous avons tenté de joindre un des anciens directeurs généraux de l’ACI qui, dans l’anonymat, a reconnu qu’ils ont tort dans le dossier. Il nous a fait savoir que cette période de transition est une occasion pour lever le voile sur cette affaire.