Le Cadre de concertation des associations islamiques a organisé, le samedi 17 décembre, au Centre culturel islamique, une conférence-débats sur la laïcité au Mali. La conférence était principalement animée par le président de l’organisation, Abdoul Kadri Haïdara, en présence de plusieurs de ses cadres.
Après la lecture du Saint Coran, le président de l’organisation, Abdoul Kadri Haïdara a, dans son discours de bienvenue, précisé que son organisation est composée de 19 associations islamiques partageant les mêmes visions basées essentiellement sur la promotion de l’islam afin de déjouer les plans de destruction de la religion concoctés par l’occident et ses volets africains. A l’en croire, le Mali est un grand pays avec une histoire très riche, majoritairement constituée de musulmans, ajoutant qu’il est inconcevable que cette majorité soit opprimée ou réduite au silence avec une mauvaise conception de la question de la laïcité. Pour lui, la question de la laïcité est une lutte noble.
A l’entendre, le législateur a pris le soin de préciser que certaines dispositions de notre Constitution ne peuvent pas faire l’objet de révision constitutionnelle notamment la laïcité, la forme républicaine de l’Etat, le multipartisme. Et de poursuivre que son organisation entend mettre à profit la dynamique en cours pour remettre la question de la laïcité sur la table. A son tour, le président d’honneur du Cadre, Sidati Ben, a déclaré que cette conférence se tient à un moment où les musulmans sont persécutés alors qu’ils constituent la majorité. Avant d’inviter les plus hautes autorités à plus de responsabilité vis-à-vis de cette question de la laïcité, car, dira-t-il, il est impossible d’imaginer un Mali sans l’islam. Aussi, il a lancé un appel à toutes les organisations islamiques à rejoindre le cadre pour mener à bien ce combat.
Pour sa part, M. Tounkara a souligné que le jour où s’est tenue cette conférence-débats compte désormais dans l’Histoire du Mali. Car, selon lui, à y regarder de très près, il y a eu des moments où la jeunesse était complètement absente de ces genres de débats sur les questions aussi cruciales que celle de la laïcité parce qu’il est impossible de développer un pays avec une jeunesse amorphe. Il ajoutera que cette révision constitutionnelle est une opportunité pour corriger certaines imperfections notamment sur la question de la laïcité. Car, dans toutes les sociétés modernes, c’est la majorité qui se reconnait dans la laïcité. Certes, il y a des dispositions pertinentes dans la Constitution, mais certaines tranchent avec nos réalités socio-politiques et religieuses. A l’en croire, l’islam existe au Mali depuis le 8e siècle et les documents étaient écrits en arabe. Ainsi, dira-t-il, depuis le début du 18e siècle, les colons blancs ont commencé à s’intéresser à l’Afrique avec l’envoi des premiers expéditeurs. Et d’ajouter que pour nous pervertir ces derniers ont introduit cette laïcité, caractérisée par l’absence totale de la religion. Et de poursuivre que cette forme de laïcité ne convient pas au Mali.
Dans son réquisitoire, il a balayé d’un revers de la main l’histoire selon laquelle le Mali a été colonisé. Car, pour lui, l’Afrique n’a jamais été colonisée, mais elle a été plutôt violentée par l’Occident afin de piller ses ressources. A ses dires, depuis les années 1900, l’Occident a tenté plusieurs fois d’introduire sa forme de laïcité dans notre pays sans succès réel. “C’est pourquoi l’Occident brandit chaque fois la question de la laïcité pour occulter la persécution dont font l’objet les musulmans. Nous sommes un pays ancré dans la culture, donc un plan a été concocté pour introduire cette question que l’Occident veut imposer aux Maliens. Ceux qui défendent la laïcité sont de deux ordres notamment ceux qui méconnaissance l’histoire de notre pays et ceux qui sont dans la manipulation à travers les principes démocratiques qui sont venus en fait pour appuyer la laïcité”, a-t-il conclu.