Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Annonces    Femmes    Nécrologie    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Société
Article
Société

Sortie de Neymar Cherif de Banconi : Ousmane Madani Haïdara veut-il se positionner comme principal leader des politiciens, des religieux musulmans et des responsables de la société civile pour s’imposer aux autorités de la transition ?
Publié le jeudi 29 decembre 2022  |  Le National
3è
© aBamako.com par AS
3è congrès ordinaire du Haut conseil islamique du Mali
Le 3è congrès ordinaire du Haut conseil islamique du Mali (HCI) a eu lieu les 20 et 21 Avril 2019 au CICB.
Comment


Dans une vidéo enregistrée le jeudi, 15 décembre 2022, chez lui à Banconi (Bamako) et qui circule depuis sur les réseaux sociaux, Ousmane Madani Haïdara, se révèle être le nouveau champion de la contestation des autorités de la Transition. Il y dresse la situation générale du Mali qu’il qualifie de sombre. Ainsi, il invite la classe politique et les leaders religieux à une rencontre pour faire des propositions aux dirigeants de la transition, quitte à ce que celles-ci les acceptent ou pas. Tant tous les cas, prévient-il, tout pouvoir qui ne les suit pas, eux, le verra, et tout pouvoir qui chemine avec eux le verra aussi. Menace évidente que cette déclaration qu’il a faite en tant que Président du groupement des leaders et non pas à en tant que Président du Haut Conseil Islamique, ce qui lève un coin du voile sur la diatribe inattendue de l’homme habitué à s’imposer aux différents régimes du Mali. La pâle doublure de Mahmoud Dicko devenu l’ombre de lui-même croit-il réellement menacer le Président Assimi Goïta ou tente-t-il une opération de charme ?

Ousmane Madani Haïdara, unanimement désigné par les Maliens comme étant Neymar de Banconi tant il est habitué à se jouer des pouvoirs au Mali, parle de « crise sans précédent » et estime que « ça ne va pas, ni sur le plan sécuritaire, ni sur le plan alimentaire ». Même en dressant sans vergogne un bilan si négatif, il prend garde à ne pas attaquer frontalement les dirigeants de la transition et précise ne pas vouloir inciter à la contestation. Et pourtant, cynisme évident, il ne se contente pas d’appeler à la prière. Il a même invité publiquement les partis politiques, les organisations de la société civile ainsi que les représentants d’organisations socio-professionnelles du pays à un dialogue national pour envisager une solution pour la sortie de crise du Mali. En somme, il veut faire croire que les Assises Nationales de la Refondation n’ont servi à rien et ne serviront d’ailleurs à rien, donc, c’est à eux de se substituer aux autorités de la transition en s’accaparant du magistère de la République pour édicter de nouvelles propositions qui seront mises sous leur seule houlette. Injure à la nation malienne ne peut être plus grande. Dans cette quête insensée, il vocifère : « Le pays est dans une situation difficile, mais nous avons décidé de rencontrer tous les acteurs de la société civile, de la classe politiques ainsi que tous les cadres et commis de l’États, pour formuler des recommandations de sortie de crise. En tant que citoyens, nous devons contribuer à la construction du pays. Nos recommandations seront transmises aux autorités. » Il enfonce le clou : « Leaders religieux, votre devoir, c’est non seulement de prier pour votre communauté, mais aussi de conseiller et dire la vérité aux autorités si elles sont sur le mauvais chemin ». En dévoilant ainsi sa pochette magique, il précise que les autorités dans sa ligne de mire « devront écouter les propositions des leaders religieux ». Une injonction en somme qui lui permet de pimenter sa communication trompeuse en soutenant que, puisque le Mali est « dans une situation intenable, presque à genoux, d’autant que « tout le monde crie à la cherté de la vie, à l’insécurité » qui gangrène le pays, nous n’allons pas croiser les bras ». Une semaine après la publication de sa fameuse vidéo, véritable déclaration de guerre à l’attention du Président de la Transition, le jeudi 22 décembre, des acteurs politiques ont saisi sa balle ai bon en se rendant à son domicile de chef des ançardines. Y étaient présents les représentants du cadre de concertation des partis politiques et regroupements politiques pour un retour à l’ordre constitutionnel, le M5-Rfp, l’ADEMA-PASJ, la CODEM, l’ASMA-CFP, le PARENA, le RPM, le parti YELEMA, etc. au cours de cette rencontre, en l’absence de Ousmane Madani Haïdara représenté par Macky Bah, les uns et les autres ont évoqué la situation du pays. Ils ont aussi échangé sur la manière d’organiser un dialogue national pour faire des propositions. Autrement dit, ils ont parlé de préparer des termes de référence pour cela. Reste à savoir si le Président Assimi Goïta, officier digne de son grade, se laissera intimider par ces petits mousquetaires.

Haïdara n’a rien appris du cas de l’Iman Mahmoud Dicko

En effet, l’Imam Mahmoud Dicko a été intelligemment utilisé par des acteurs de la classe politique et de la société civile pour donner de l’ampleur aux différentes contestations qui ont abouti à la chute du Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga avant de sonner le glas du régime du Président IBK. Pour ceux qui suivi avec intelligence les évènements de l’époque, une certaine classe politique espérait qu’IBK nomme à la place de Soumeylou Bpibèye Maîga quelqu’un du RPM pour que l’occasion soit donnée aux partis politiques de reprendre les choses en main. Désigné comme autorité morale de la contestation, Dicko, qui avait perdu plein des rentes de situation mais qui, au départ, ne militait pas clairement pour la chute d’IBK, a été entraîné dans cette œuvre sans qu’il ne s’en aperçoive à temps. Après la chute de l’ancien Premier ministre de Alpha Oumar Konaré, il s’est cru le personnage le plus important du pays dans la mesure où c’est lui qui a été sollicité pour présider le collège qui a été désigné Bah N’Dao comme président de la transition. Il a été aussi celui qui a fait nommer Moctar Ouane comme Premier ministre. Auréolé de ce manteau de « faiseur de rois », l’imam Dicko a publiquement déclaré qu’il retourne dans sa mosquée, une façon de dire qu’il va quitter le champ politique. Cependant, après les évènements du 24 mai 2021 qui ont mis Colonel Assimi Goïta et Dr Choguel Kokalla Maîga sur le premier plan, l’imam sortira quelques temps après de sa réserve pour, dit-il, démentir une information selon laquelle il aurait eu un entretien avec l’Ambassadeur de France au Mali. Cette sortie sous forme de rencontre publique (lecture de coran pour la paix dans le Mali, suivie d’un point de presse) s’est déroulée le dimanche, 28 novembre 2021, sur une place publique de la capitale (terrain de foot du quartier de Bacodjicoroni ACI devant le centre qui porte son nom). C’est au cours de ce point de presse que le Cheick Imam Mahmoud Dicko a déclaré qu’après le coup d’Etat de 2020, il a eu un entretien avec Assimi Goita sur ce qui doit être la trajectoire de la Transition dans notre pays. A cet effet, il dira que lors de cet entretien, l’actuel Président de la Transition lui a recommandé de choisir un bon Premier ministre pour le Mali. « Je n’avais qu’une personne en tête. C’était Abdoulaye Idrissa Maïga, puisque que j’ai reçu des témoignages venant d’IBK lui-même que cet homme est un homme intègre. Je l’ai démarché pour qu’il soit Premier ministre, mais il a refusé sous prétexte qu’il est républicain et qu’il ne pouvait pas travailler avec les putschistes ». Mais pourquoi son choix a-t-il porté en premier sur Abdoulaye Idrissa Maïga? Car c’est lui, au moment où il était Premier ministre, qui a créé la commission des bons offices rattachée à la primature. Et c’était Mahmoud Dicko qui en était le président avec un budget colossal de 700 millions F CFA. Pour lui, après le refus d’Abdoulaye Idrissa Maïga, Moctar Ouane, qui venait de Ouagadougou, lui a rendu une visite de courtoisie. Et, de ce fait, il a eu l’idée de proposer la nomination de ce dernier comme Premier ministre grâce au fait qu’il est neutre et n’est pas mêlé à des dossiers de corruption. Et de dire que pendant que Moctar Ouane était Premier ministre, il ne lui a jamais demandé, à fortiori bénéficié d’une faveur quelconque de sa part, même pour son choix dans la composition de son Gouvernement. Cependant, il reconnaît avoir recommandé l’un de ses soutiens jeunes en la personne d’Amadoun N’Dounga Maïga, qui a été nommé Chargé de mission à la primature. Se sentant mis au placard tant par le mouvement dont il a été l’autorité morale et même adoubé un temps par les autorités de la transition issues des évènements du 24 mai, l’ancien président du Haut Conseil Islamique du Mali a profité de cette sortie pour déclarer : « A tous les régimes qui ont été déchus, j’ai été le premier à les alerter de changer leur mode de gouvernance, et ils ne m’ont pas écouté. Plutôt, ils m’ont traité comme leur ennemi». A l’en croire, il a toujours été celui qui aidait les régimes à ne pas sombrer et les invitait à écouter leur peuple meurtri. Il souligna aussi qu’il a toujours été sollicité pour son implication dans la gestion du pays. « Quand j’ai dit que je vais retourner à la mosquée, personne ne m’a demandé de rester », a-t-il révélé. Notons que l’imam Mahmoud Dicko a profité de cette sortie pour dénoncer le comportement des autorités de la transition face aux leaders religieux, y compris lui-même. Et le Cheick Imam Mahmoud Dicko d’ajouter : « Je demande à toutes les forces vives de la nation à se mettre ensemble pour un sursaut national ». A ce jour, force est de reconnaître que l’influence de Dicko sur les tenants du pouvoir est nulle. Le Chérif de Banconi, son successeur à la tête du Haut Conseil Islamique n’a rien tiré des conséquences de cette descente aux enfers de son prédécesseur. Haïdara est en train d’aller droit au mur, certains politiciens sont d’ailleurs d’avis qu’il ne manquera pas de les lâcher si… En réalité son brusque réveil, à travers sa sortie audiovisuelle, est la conséquence de plusieurs faits posés par les autorités actuelles de la transition par rapport à cette personne. Depuis la chute du régime d’IBK, Ousmane Madani Haidara a régulièrement prôné un « accompagnement » de la transition. En septembre 2022, un forum rassemblant des représentants religieux de toute la sous-région avait même été organisé par le Haut Conseil islamique (HCI) sous le haut-patronage du président de la transition, le colonel Assimi Goïta. Par ailleurs, début novembre 2022, le Haut conseil islamique espérait se voir attribuer trois sièges au Conseil national de transition, l’organe législatif de la transition. Il ne les a pas obtenus.

Malick Tandjigora
Commentaires